C’est un petit bout de femme haute comme trois pommes…
Avec son look d’éternelle adolescente, elle donne l’impression de s’excuser sur la ligne d’arrivée lorsqu’elle réalise qu’elle gène les photographes qui cherchent à shooter ses poursuivantes… Gênée d’être là, surprise d’être si forte peut-être aussi lorsqu’elle embrasse dans un sanglot Jodie Stimpson qu’elle a devancé d’un souffle à suite d’un sprint d’anthologie. Pourtant, c’est la 4e victoire en WTS et les 18 podiums en série mondiale de la plus française des Kiwi… Un palmarès et une longévité énorme… La force de la passion… Mais c’est la 1ere fois que le masque tombe et que je vois la jolie Néo-zélandaise pleurer pour évoquer ce qui lui a donné la force de repasser devant Jodie dans les vingt derniers mètres de la course.
Parce que gagner n’est rien… non… gagner, en soi, ne sert à rien si on ne le fait pas pour quelque chose ou quelqu’un.
Il y a un an, le monde du triathlon rendait un dernier hommage à Laurent Vidal sur cette même course d’Abu Dhabi. A-t-il fallu une année à Andrea Hewitt pour accomplir cette résilience ? Il faudra une vie entière sans doute, mais le symbole est beau. Le triathlon avait réuni ces deux êtres exceptionnels. Même si à aucun moment Andréa n’a lâché la compétition, aujourd’hui, j’ai eu l’impression de la voir renaître. Elle fut plus forte que jamais… Sans doute parce qu’elle a enfin accepté de ne pas garder à l’intérieur tout ce qui allait sans doute finir par déborder et qui, peut-être, l’empêchait ces derniers mois de s’exprimer totalement.
Exprimer ses émotions, un truc tellement difficile. On se dit parfois que cela ressemble à un aveu de faiblesse… Quelle erreur ! La petite merveille au maillot noir frappé LV sur la poitrine a démontré le contraire de façon éclatante aujourd’hui.
Parce gagner n’est rien… non… gagner n’est rien si on ne partage pas ses émotions, ses joies et ses peines dans ces moments-là…
Andréa Hewitt m’a fait pleurer aujourd’hui derrière mon ordinateur. Ses yeux humides, sa voix tremblante, son sourire gêné et son immense classe m’ont transporté bien au delà du sport, de la perf, de la victoire et de la gloire qui peuvent l’accompagner.
Lorsque la force, l’humilité et une énorme humanité se retrouvent dans une même personne, on ne peut qu’être admiratif.
C’est un petit bout de femme haute comme trois pommes… c’est vrai…
Mais madame Andrea Hewitt, croyez-moi, si vous me lisez, vous être immense…
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ». Jean D’Ormesson.