Ce n’est pas tous les jours que nous voyons des nouveaux visages sur le podium d’une série mondiale. Tom Bishop de la Grande-Bretagne n’était pas réellement dans la courte liste des favoris pour la course de samedi dernier. Sa ténacité sur le vélo et durant la course à pied sur un parcours si exigeant d’Abu Dhabi lui a permis de se révéler et d’arracher une seconde place. Depuis Will Clarke en 2009, aucun Britannique autre que les Brownlees n’était monté sur le podium. Face à cet exploit, nous avons eu la chance de nous entretenir avec lui.
Comment s’est passé ton hiver, étais-tu conscient d’être en aussi bonne condition?
Mon hiver s’est vraiment bien déroulé avec un entrainement constant. Tout d’abord, j’ai profité d’une longue pause afin de socialiser avec mes amis et la famille et puis le travail acharné a recommencé. J’ai peu à peu construit ma base en course à pied, je suis même monté quelques fois à 130 km sur une semaine. J’ai aussi eu une bonne équipe d’entraînement autour de moi avec les jeunes juniors qui me poussent durant les séances. Mes niveaux en natation et mon vélo ont été similaires à ceux de l’année dernière, je m’entrainais alors pour faire l’équipe olympique. Dans mon esprit, je voulais juste rester sans blessures, en bonne santé et heureux.
De l’extérieur, il semble difficile d’être un athlète britannique puisque vous êtes en quelque sorte dans l’ombre des frères Brownlee? As-tu eu le sentiment qu’on ne croyait plus en toi et qu’on te voyait surtout comme une domestique?
C’est difficile d’être un athlète de la Grande-Bretagne, mais c’est aussi un privilège, je fais partie d’une équipe qui a beaucoup de succès et un héritage. Si tu veux dire qu’il est difficile d’être un athlète sur les termes de gagner sa vie en ITU, oui. Toutes les entreprises veulent s’associer au nom des Brownlee et il est alors difficile pour les gens de briller à leur hauteur, mais quel projecteur ils ont créé pour notre discipline!
Personnellement, je pense que nous avons besoin d’eux pour que notre sport grandisse en Grande-Bretagne et dans le monde alors, je suis très reconnaissant d’être dans l’équipe britannique avec eux.
D’un point de vue externe, je suis peut-être considéré comme un domestique, mais, je préfère le voir comme une étape de développement personnel, je veux nager rapidement, rouler fort et essayer de gagner des courses courageusement comme un triathlète pur. Je crois maintenant que je commence enfin à le prouver au reste du monde.
Quand tu as découvert le tracé d’Abu Dhabi, quelle a été ta réaction? As-tu tout de suite vu une opportunité pour toi?
Oui, j’étais vraiment excité! Je savais que ce serait difficile, mais je ne m’attendais pas à ce que la course soit aussi difficile. C’était vraiment exigeant et à des points, alors que j’étais «à fond» j’étais à la limite de perdre le groupe. Je suis vraiment content que le parcours ait été aussi difficile, car je savais que cela serait identique pour les autres. Nous avons besoin de plus en plus de courses aussi sont difficiles, comme Leeds et l’ancienne épreuve d’Auckland.
La natation…
J’étais nerveux pour la natation, je ne me suis pas vraiment testé en entraînement et je savais que certains gars rapides dans l’eau étaient là.
L’équipe française est toujours composée de nageurs super rapides alors je savais que ce serait difficile, j’ai dû utiliser mon cerveau pour bien nager.
Et le vélo… pourquoi est-il si sélectif?
Le vélo était si dur parce qu’il n’y avait pas tout simplement pas de répit. Il était même difficile de boire et de manger sur le vélo. Alors il fallait être très bon tactiquement et techniquement pour économiser de l’énergie.
Le vent était aussi très fort et je pense que je suis assez bien monté en échelon. Mon sponsor de vélo m’a toujours répété de me cacher le plus possible du vent et je l’ai fait. Je suis un petit gars donc ça aide. Lorsque je me baisse, je suis à l’abri.
Pour la course, tu es sorti de la T2 très fort… À quoi pensais-tu quand tu t’es retrouvé à courir seul avec Javier Gomez?
Au début, je n’avais pas le courage d’aller avec Javier après qu’il ait avoir comblé l’écart avec Henri. Je courais avec le groupe en essayant de récupérer du vélo! Mon dos était douloureux parce que ma selle s’est baissée sur le premier tour! Puis, quand j’ai vu Javier et Henri s’éloigner, je me suis dit, je suis capable alors je l’ai fait.
Après cela, j’ai voulu courir aussi longtemps que possible avec Javier, je me sentais fort, mais ma tactique n’était pas bonne. En fin de course, je courais tout simplement pour ma vie afin de garder ma place sur le podium!
Cette seconde place, elle représente quoi?
Énormément! Mon premier podium en WTS. Je suis si fier et pour être franc, toujours sous le choc! Cela me motive encore plus pour la suite et de pousser encore plus fort dans les entrainements. J’ai maintenant la conviction et la confiance que c’est possible.
J’ai couru avec tous les meilleurs gars actuels quand j’étais un junior et U23. Alors, c’était difficile pour moi de les voir gagner des médailles WTS. Maintenant, je l’ai aussi fait et ça fait du bien!
Je viens de gagner en confiance, je crois désormais en moi et je sais que j’ai le courage pour courir pour la victoire
J’ai juste besoin de mieux gérer ma force et de gagner en sagesse afin de devenir un médaillé en série. Je sais qu’il ya encore beaucoup de travail afin de m’améliorer, alors je ne dois pas devenir complaisant. La demande est si élevée maintenant que te ne peux pas te permettre de te présenter sur le ponton sans être d’être à 100%.
Quelque chose que vous voulez ajouter?
Merci à l’équipe derrière moi, ma famille, mes amis, ma copine et mes partenaires de formation. Merci à ceux qui ont toujours cru que je pouvais réaliser dans ce sport et cela inclus Xavier et le club de Versailles. J’espère te voir bientôt.