Cela faisait pratiquement 4 ans que je n’avais pas pris le départ d’un triathlon. Un épisode de la vie en a voulu autrement, il a fallu prendre ses responsabilités. Alors Trimes est devenu mon rempart. Ce fil entre deux réalités.
Écrire quotidiennement sur le triathlon sans ne plus être en mesure de se considérer soit même comme un triathlète a ses avantages et ses inconvénients.
Soit la jalousie d’être devenu un spectateur et non un acteur de ce sport, mais aussi cette sensation de se sentir libre. Le fait de préparer un triathlon en longue distance demande de l’engagement et vient créer une certaine pression face à sa famille. Courir après la performance où le manque de temps.
L’ironie de la vie…
Comme vous devez le savoir, Trimes est actuellement poursuivi, on doit d’ailleurs vous remercier pour votre support qui nous a permis de récolter plus de 44% des fonds nécessaires pour notre défense. Enfin tout cela pour vous dire que cela a eu un certain impact sur ma motivation à continuer ou plutôt sur mon niveau d’engagement à dénoncer certaines choses.
Et j’ai reçu cette invitation de Polar afin de courir le triathlon international de Cannes. Si certains se questionnent sur mon indépendance, comment refuser une marque de reconnaissance à ce moment-là et surtout, une opportunité de me rendre en France, mes racines, mais aussi de pouvoir échanger avec ceux qui développent et travaillent en arrière de ces produits. Ces discussions avec eux me permettent justement de mieux comprendre leurs choix. Polar mise sur la fiabilité et la précision avant tout, nos discussions l’ont confirmé.
Mais, en acceptant cette invitation, il fallait aussi que je redevienne un triathlète. Pour un français qui réside au Québec, préparer un triathlon en avril n’est pas si simple. Enfin, je me suis repris au jeu avec cette envie de prendre avant tout du plaisir.
Ne pas foncer tête baissée vers la performance, mais surtout apprécier les choses. Dans mon cas, la poursuite de mon apprentissage à devenir meilleur passait justement par une reprise du sport. Rapidement, je me suis rendu compte que ma curiosité et mon inspiration revenaient, alors j’étais déjà gagnant.
Pour Cannes, j’étais accompagné de plusieurs célébrités et journalistes. Pince-moi, je rêve, l’un de mes coéquipiers pour ce voyage, n’était nul autre que Gilbert Brisbois.
Je dois vous faire une confession intime, je ne suis pas un grand spécialiste du foot, mais j’écoute tous les soirs l’after foot sur RMC (animé justement par Gilbert).
Pourquoi? Tout simplement parce que sur certains aspects, je jalouse secrètement le traitement du foot. Évidemment, on peut se questionner sur son omniprésence, mais certains intervenants sont appelés pour prendre position. En triathlon, à moins que cela soit devenu des cibles faciles, les journalistes n’osent pas critiquer certains actes ou événements.
Malheureusement, on est bien souvent dans la fausse représentation et surtout, on n’est pas en mesure de rendre justice à ces acteurs qui font un travail exceptionnel pour notre sport.
Si je ne comprends toujours pas les motifs des poursuites contre Trimes, je les interprète avant tout comme des opérations afin de restreindre ma liberté d’expression et d’engagement.
Le triathlon a cette culture du secret où seul un milieu très restreint s’échange des infos. Certains en profitent pour nager dans le conflit d’intérêts et couper le parcours. Si l’industrie médiatique du triathlon se jalouse, elle devrait surtout accepter qu’elle doit apprendre des autres.
Enfin cette escapade sur la croisette m’a permis de faire une croix sur cette histoire de poursuite et de reprendre la course vers l’amélioration.
D’ailleurs, c’est aussi l’histoire de ma course à Cannes. Même, je suis très loin de mon meilleur niveau, j’ai pris un incroyable plaisir. Outre ma natation où je me laisse abattre par la virilité si française de la natation, le vélo était tout simplement sublime. Les 60 premiers kilomètres du parcours sont intenses sur tous les aspects. En prendre plein la vue et les « cannes… «
Si la fin est gâchée par la présence de voitures, soyons honnêtes, c’était une autre sorte d’adrénaline en tentant de se défaire de ces voitures. Le plaisir avait juste une autre saveur. Et puis il y a eu la course à pied… où je ne brille pas incroyablement, mais où je refuse aussi de bâcler.
Il y a quelques années, avec ce résultat, j’aurai été abattu, mais dans les faits, c’est probablement la première fois où ma satisfaction a commencé durant la course et non à la vue du résultat final.
Tout est une question de processus et il faut justement ce recul pour apprécier les choses. À l’image de Trimes, si le plaisir est là, il y aussi cette légère insatisfaction qui te motive à poursuivre pour faire encore mieux.
Le plus beau compliment… mais toi alex, tu ne parles pas de triathlon, tu racontes des histoires. À moins que cela soit de plus en plus vrai.
Credit photos : CIT / Mouv-up.com