À chacun son histoire, si pour beaucoup, le projet de devenir un Ironman est synonyme d’une crise de la quarantaine, pour Jeff Lastennet, c’est une sorte de renaissance.
Si ce spécialiste du 800m et ancien membre de l’équipe de France s’est d’ailleurs rendu en semi finale lors des championnats du monde de 2011 de Berlin, une blessure l’obligera à stopper sa carrière en athlétisme à seulement 23 ans, le triathlon lui a permis de remettre le pied à l’étrier. Trimes s’est entretenu avec le Girondin à quelques jours de son premier marathon (Paris) et pour en savoir plus sur son futur passage en Ironman.
On a récemment appris que tu souhaitais faire ton premier ironman. Entre ton passé de coureur de 800m et d’ironman, il semble y avoir un gouffre, non? Parce que cela n’est pas réellement le même style d’effort…
L’effort n’est pas le même, mais la passion qui m’anime à m’entrainer pour cet objectif est très proche de celle que j’ai eue pour l’athlétisme. Partir d’un niveau correct avec des qualités dans un secteur, beaucoup bosser pour remonter les faiblesses… Et sur la préparation d’un ironman tout est décuplé c’est le bonheur!
En collaboration avec des étudiants, on tient des pages sur facebook, instagram et twitter, pour suivre mes entrainements, mon apprentissage du triple effort et tout le parcours jusqu’à vichy, j’invite tout le monde à les suivre et à me dire ce que je fais de bien ou de mal!
Mais qu’est-ce qui t’as attiré vers le triathlon? Mais surtout la longue distance?
À 12/13 ans un ami m’a dit « la course la plus folle du monde c’est l’ironman ». Nous n’avions pas internet à l’époque j’ai mis du temps à savoir ce que c’était! Et puis quand j’ai vu les premières photos, j’ai pris une claque. Ils étaient en slip de bain et à bout de force! C’est sur, j’allais faire ce sport fou! Puis l’athlétisme m’a beaucoup occupé… En 2012 après les blessures, je me suis mis à nager, rouler, essayer les enchainements, et ça a été le déclic.
Pour ce qui est de la longue distance, c’est les aspects gestion et solitude qui me plaisent bien. Tu as beau être parmi 1000 personnes, sans drafting c’est ton vélo et toi.
Et puis je découvre que je peux manger un max à table après les sorties! Très très bon point!
En 2012, tu manques de peu la sélection pour les Jeux olympiques de Londres, cela est suivi après par le fameux syndrome de l’essuie-glace. Tu quitteras finalement l’athlé à 23 ans, pourquoi?
Parce que j’ai raté cette sélection à cause d’une blessure, que j’ai passé un été à marcher avec une canne à cause d’une fracture de fatigue du bassin, que si je ne m’étirais pas une heure chaque soir je ne pouvais pas courir le lendemain, que tout tournait autour des douleurs… C’était trop éloigné de ma vision du sport.
Ce que j’adore c’est m’en mettre plein la tête à l’entrainement. Et ça m’était devenu impossible…et puis j’ai découvert qu’en roulant et en nageant je n’avais aucune douleur…le problème venant de la course à pied, j’ai décidé d’arrêter de courir 3 ans, je me suis fait opérer, et finis les problèmes!
Mais est-ce que tu peux garder un certain équilibre dans l’ironman? Parce que cela reste un sport qui demande beaucoup d’heures?
Je m’entraine énormément, c’est ce que j’aime, ce qui m’anime. Je deviens presque désagréable à l’approche des compétitions, car il faut diminuer la charge d’entrainement… Ca tourne parfois à l’excès avec 10/12 entrainements par semaine…Mais j’ai la chance d’avoir une femme ancienne rameuse de haut niveau qui connait l’exigence du sport et qui m’a connu dans mes années difficiles de blessure. Elle me soutient a 100% et c’est ça le plus important, je pars à l’entrainement avec son sourire.
Avec ton passé d’athlète de haut niveau, on s’imagine que tu abordes ce challenge avec des objectifs, quels sont-ils?
Mon but est d’appréhender au plus vite les aspects spécifiques du triathlon longue distance, comme la nutrition avant et pendant la course, l’entrainement basse intensité, l’utilisation adéquate du matériel…bref tout plein de choses que je n’ai pas pu apprendre avant!
Pour ça j’ai décidé de faire appel à Arthur Horseau comme coach, sur les conseils d’un triathlète de mon club que j’apprécie beaucoup. L’affectif est très important pour moi! En une conversation j’ai eu confiance dans le projet, et c’est parti a 100%!
Si cette première année se passe bien il n’est pas impossible que mes projets professionnels soient un peu modifiés dans les années à venir !
Mais as-tu le sentiment que ton passé t’aide pour l’ironman?
Oui, surtout mes erreurs! J’ai le parcours parfait du jeune talentueux, et très bien accompagné. Sans mes parents et mes entraineurs bienveillants, je me serai surement arrêté dans les rangs espoirs. Dès qu’il a fallu passer le cap du professionnalisme, le très haut niveau, le top10 mondial, je n’ai pas su me décider.
Alors maintenant, à chaque bêtise qui approche, je me répète que je ne fais pas tout ça pour rien, et hop je repars sur les bons rails. L’entrainement m’a tellement manqué que je fais tout pour ne plus jamais avoir à m’arrêter.
Pour le moment sur triathlon , c’est vrai que je remonte énormément de places sur la course! Ou peut-être plutôt que j’en perds énormément avant, question de point de vue …
Quelle est ton appréciation du milieu du triathlon? Est-ce que tu t’intéresses à l’élite en triathlon?
Je suis tombé dans un club absolument génial aux Girondins de Bordeaux. Les « anciens » comme Pierre-Yves Guiot, Steve Herve, Anthony Faye ou le fameux « chorizo », m’ont accueilli très chaleureusement et me poussent à toujours faire au mieux pour progresser. Ca me donne une image incroyable du milieu, tout le monde me parait gentil et bienveillant. Sur les triathlons que j’ai faits, notamment aux Sables-d’Olonne et à Saint-Jean-de-Luz, l’organisation et les bénévoles étaient parfaits.
Pour l’élite, je les suis tous sur les réseaux, j’adore voir ce qu’ils font. J’aime beaucoup la dynamique des jeunes , qui en plus sont très bons en course à pied! J’espère avoir l’occasion de faire des triathlons contre certains, pour me rendre encore plus compte de leur niveau!
Que faut-il attendre de toi en 2017?
Je fais le marathon de Paris pour découvrir la distance , puis tout sera axé sur Vichy: Passage par Paris sur distance M, puis Villeneuve-sur-Lot en L.
Je ne pense pas avoir le niveau cette année pour intégrer l’équipe D2 mais je vais m’entrainer pour en être moins loin l’an prochain !