La technologie faisant partie intégrante du quotidien du triathlète, profitant de notre venue au Polar Cannes triathlon, Trimes s’est entretenu avec Vincent Very. Il occupe le poste de spécialiste des produits vélo chez Polar. Ce triathlète français (finisher de plusieurs triathlons extrêmes comme Norseman et SwissMan) nous a permis d’en savoir plus sur les raisons et les choix technologiques du tout nouveau compteur de la marque finlandaise soit le M460.
Comment ton histoire a débuté avec Polar?
Je travaillais comme ingénieur application dans une entreprise qui fournissait des moteurs électriques et des électroniques de commande pour le semi-conducteur. Il y a 9 ans, Polar recherchait un ingénieur dans le centre de développement de Fleurier (Canton de Neuchâtel en Suisse). C’était tout près d’où je travaillais et un midi, je m’y suis présenté et ça a tout de suite collé.
J’ai donc été pris en tant qu’ingénieur software ; dans les montres, dans les capteurs puis pour les machines de « fitness ». Enfin depuis le début de l’année j’occupe le poste de spécialiste des produits cyclistes.
Peux-tu nous parler de ce nouveau rôle avec Polar?
Il y a trois principales fonctions : l’analyse des produits concurrents, la définition des nouveaux produits et le support au marketing et aux athlètes en partenariat avec Polar.
Et j’imagine que tout cela rejoint une passion pour le cyclisme…
Oui bien sûr, étant triathlète/cycliste, je travaille sur des produits que j’utilise dans mes passions et c’est vraiment top !
Et alors que tout le monde pense que tout est regroupé en Finlande…
En fait, la Suisse est aussi un point d’origine. En 1983 Jean-Pierre Baumann, un ingénieur suisse a créé un des premiers cardiofréquencemètres et a déposé un certain nombre de brevets.
En 1995 la société Baumann-Haldi a été rachetée par Polar pour devenir en 2001 Polar Electro Europe. Actuellement, nous sommes une quinzaine de collaborateurs travaillant dans l’OEM en fournissant la fréquence cardiaque pour des machines de « fitness », l’équin et donc le département cyclisme.
Alors, est-ce que cela signifie que l’on retrouve des francophones derrière les produits Polar.
Oui, en particulier derrière les parties relatives au Bluetooth qui est l’un des domaines de compétence du centre de Fleurier.
Polar vient de sortir le M460, sur un point de vue « hardware », peux-tu nous parler des changements…
L’ergonomie des boutons a été améliorée, c’est le plus « gros » changement hardware visible. Par contre, l’architecture de la mémoire et du « software » a été totalement revue pour améliorer la connectivité avec les périphériques et offrir de nouvelles fonctions comme les segments Strava en direct.
J’imagine que le M460 correspond à une demande alors… Quels étaient les objectifs à atteindre avec ce nouveau produit?
L’objectif était d’obtenir un produit permettant de s’entrainer sérieusement avec la puissance notamment tout en gardant un peu de fun pendant les sortie avec les segments Strava en direct.
Est-ce que les équipes du World Tour sont véritablement impliquées dans le processus?
Oui, non seulement avec les coureurs professionnels sur route, mais aussi les VTTiste comme les membres du team BMC et les triathlètes pro (S. Kienle, Team BMC Etixx). Par contre, il faut savoir que les besoins d’un athlète professionnel en termes de fonctionnalités sont beaucoup plus basiques qu’un athlète amateur et passionné. Cette relation est donc nécessaire, mais pas suffisante.
L’une des distinctions sur Polar est le fait que vos produits jouent à fond la carte du Bluetooth et que vous avez fait le choix de ne pas adopter le standard ANT+…
Avec la technologie Bluetooth, on bénéficie du travail de milliers d’ingénieurs venant des plus grandes entreprises du domaine (Intel, Apple, Samsung, Microsoft, …). Cela en fait une technologie non seulement valable pour le présent, mais aussi pour l’avenir.
Pour donner un exemple précis, dans le domaine du vélo, certains capteurs de puissance (Quarq DZero, Rotor 2INpower, KeoPower, …) sont en mesure de transmettre la force ou le couple de pédalage entre 30 et 60 fois par seconde. Avec l’ANT+ qui ne peut envoyer qu’une quantité de données limitée, soit 4 fois par seconde, c’est impossible à réaliser alors qu’avec le Bluetooth, cela ne pose aucun problème.
Pour moi, utiliser l’ANT+ actuellement c’est un peu comme utiliser disquette pour transférer ou stocker ses fichiers.
Par mes expériences, l’ANT+ semble aussi plus vulnérable à des interférences externes…
Oui, une grande partie des canaux de l’ANT+ sont communs au WIFI et cela crée des interférences. Il est conseillé dans passer son WIFI en 5Ghz, ce qui peut fonctionner, mais on ne maitrise pas forcément le WIFI de ses voisins…
En revanche, la coexistence entre le Bluetooth et les autres protocoles (WIFI, 4G) est excellente. Par exemple, le Bluetooth est capable de s’adapter et ne pas transmettre sur les mêmes canaux que le WIFI.
Le M460 est le premier compteur ou polar supporte officiellement des capteurs de puissance des autres marques. On imagine que cela apporte certains challenges parce que chaque système à ses particularités techniques…
Pas totalement, car une bonne partie des données de puissance sont standardisées au niveau du Bluetooth. Cependant de nombreux tests ont été effectués en collaboration avec les fabricants de capteurs de puissance pour garantir une meilleure compatibilité.
Mais est-ce que cela signifie que certaines marques émergentes comme Watteam sont à éviter?
Pour Watteam, les tests sont en cours. C’est un souhait de garantir la compatibilité avec de nouveaux produits, alors la liste des capteurs de puissance compatibles va bien sûr s’étoffer avec le temps.
Polar s’est progressivement ouvert à des plateformes (dite concurrentes à celle de Polar – Flow) comme Strava et Trainingpeaks. Est-ce que l’on peut espérer voir le M460 recevoir d’autres fonctions dans un avenir proche ou le produit est en quelque sorte figé?
Oui, le M460 va recevoir des mises à jour régulières…
Sur un point de vue personnel, j’ai souvent le sentiment que Polar mise avant tout sur l’autonomie, la fiabilité et sur une ergonomie simple et partagée entre les différents produits de la marque…
Non, c’est à mon avis un très bon résumé des produits Polar.
Pour finir, pour toi, un produit réussi c’est…
Un produit simple qui est utilisé par beaucoup d’utilisateurs et qui est capable d’évoluer pendant son cycle de vie.