La jeunesse est vieille comme le monde, il y a cette impertinence où l’on croit que tout est impossible. Sam Laidlow, un espoir français ITU a décidé de changer ses plans en se fixant comme objectif de devenir le premier athlète sub 4h à 18 ans. Si tout cela risque de bousculer certaines idées reçues, n’est-ce pas cette volonté de dépasser la demande qui fait le succès des meilleurs triathlètes. Trimes s’est entretenu avec le sociétaire de Poissy pour mieux comprendre cette nouvelle aventure.
Comment se passe ta saison?
À vrai dire, pas comme prévu…
L’objectif fixé cet hiver était d’aller aux Championnats du monde junior à Rotterdam. J’ai échoué étant donné ma non-sélection aux Championnats D’Europe.
J’ai voulu prendre ma revanche aux Championnats de France, mais des erreurs d’avant course sur le plan nutritionnel m’ont laissé en hypoglycémie tout au long du parcours.
J’ai revu mes objectifs pour la fin de saison.
J’imagine qu’il y a une certaine déception de ne pas être en équipe de France avec le sentiment d’être en retard dans ton développement… Parce que dans les faits, les fédérations cherchent des athlètes qui brulent des étapes…
C’est forcément difficile. J’ai intégré le Pôle Espoir en 2015 pour cette raison et je vois l’occasion se refermer dans ma dernière année junior.
J’admets ne pas avoir actuellement le niveau requis en course à pied pour jouer avec les meilleurs sur la scène internationale, néanmoins je pense que dans certaines situations de course je pourrais surprendre la fédération. J’aimerais avoir plus d’occasions pour courir avec les meilleurs et non pas une seule course qualificative en avril (Quarteira) qui définit le reste de la saison.
Et la grande révélation, tu veux tenter l’aventure du 70.3, peux-tu nous expliquer les raisons?
Depuis tout petit j’ai toujours apprécié les longues distances.
J’étais le gamin qui finissait dernier du 50m sprint en EPS, mais qui avais pourtant fait des Trails de 20km à l’âge de 9 ans.
Le rêve d’enfant à toujours été Hawaii et non les jeux.
Je prends beaucoup de plaisir déjà sur les courses non draft et j’arrive à finir devant des athlètes en équipe de France junior. Un athlète comme Louis Vitiello, avec qui je me suis entraîné tout l’hiver, me paraît intouchable sur une course avec drafting et pourtant je pense qu’il dirait l’inverse sur une course sans drafting. Cela me fait questionner mon profil en tant que coureur et il est évident que les efforts contre la montre me sont plus favorables.
J’ai donc comme objectif l’Ironman 70.3 de Ruegen (Allemagne) en septembre. J’ai récemment été accepté sur start-list pro avec en tête un petit objectif soit de passer sous les 4h à 18 ans. Chose que très peu d’athlètes ont réalisé avant 21ans.
Quels sont les éléments qui te font croire que le projet est viable?
J’ai déjà participé à un half Ironman l’an dernier en Espagne (oui je n’avais pas l’âge de faire la course). Je sortais de 4 mois de blessure et j’ai repris la course à pied 3 jours avant l’épreuve. Je m’étais aligné pour faire juste la natation/vélo. À ma grande surprise, j’arrive en T2 premier avec 5min d’avance. Je me suis dit pourquoi ne pas tenter le semi marathon,au final je fini 4ème en perdant ma place sur le podium à 500m de la ligne.
Sans compter le manque de préparation, le parcours un peu vallonné et le vélo chinois trop petit, j’ai réussi à rouler à 41km/h de moyenne. Je pense honnêtement que les 42km/h sont envisageables en septembre.
Le point faible reste en effet la course à pied. Je m’y prépare gentiment…
J’imagine que certains ont du s’y opposer… si je ne me trompe pas la réglementation française s’y oppose?
Oui, beaucoup s’y oppose…
Et d’un côté je trouve ça normal, car étant jeune il vaut mieux mettre l’accent sur un développement anaérobique plutôt qu’aérobique. Beaucoup disent que j’ai le temps avant de me mettre au long.
C’est pourquoi j’essaye d’aborder l’half Ironman en gardant en tête le fait que j’ai 18ans. Je sais que je ne suis pas à l’âge optimal pour courir sur cette distance, mais néanmoins c’est de l’expérience de gagner et c’est une distance où je prends beaucoup de plaisir.
Et tu es conscient que cela implique un entrainement plus en volume… et que cela demande une certaine expérience pour encaisser…
J’ai toujours voulu faire du long, la question que je me posais était « quand » ? Je ne veux surtout pas griller des étapes et c’est pourquoi j’essaye de garder plutôt la qualité que la quantité dans mon plan d’entraînement. Si je me mets à faire 30h semaine en junior je ne me laisse aucune marge de progression. Je pense qu’il est possible de faire de belles choses sur 70.3 en gardant principalement des grosses séances d’intensités que l’on peut retrouver dans une préparation « courte distance ».
Après tout, je sais que si je passe la barre des 4h en m’entraînant moins de 20h semaine j’aurais le temps d’évoluer et de grandir sur cette distance. Je pense honnêtement pouvoir concurrencer avec des athlètes qui s’entraîne plus de 30h semaine arrivée le 10 septembre.
Mais de ce projet, on peut voir aussi le positif. L’ITU évolue constamment et ces dernières années, il est de plus en plus exigeant en vélo, mais aussi des athlètes de plus en plus dans le volume…
On voit de plus en plus d’athlètes qui arrivent à aligner de belles places en 70.3 et en WTS ,et oui c’est assez motivant. Je travaille énormément ma natation au cas où l’occasion du rôle de domestique apparaît un jour, mais aussi pour jouer aux avants postes sur le long.
Néanmoins tout ce qui se passe sur le court pour moi reste en quelques sortes du « bonus » . À long terme je veux être fort sur Ironman , hors le 70.3 est bien plus proche de la courte distance qu’il ne l’est de l’Ironman. C’est pourquoi je pense que c’est un projet envisageable.
Comment cela se passe, est-ce que tu as déjà commencé à modifier tes entrainements?
Je suis conscient que cela ne me laisse pas énormément de temps pour une préparation spécifique. D’autant plus que je ne veux pas éliminer les Grand Prix et les courses jeunes, car c’est des courses qui me permettent de garder la vitesse et de ne pas oublier le goût des hautes intensités ,c’est aussi de belles occasions pour porter les couleurs du club.
Je sais que les courses que je ferais d’ici septembre ne seront pas abordées avec la même appréhension étant donné qu’elles ne seront pas mes objectifs principaux. Je pense que cela peut être un avantage parfois.
Je ne vais pas énormément modifier mes entraînements, car je sais que de bons cycles d’aérobie on été fait cet hiver, mis à part un peu de travail spécifique « chrono » et quelques efforts plus longs en càp je pense être sur le bon chemin.
Comme évoqué auparavant, je veux garder l’aspect vitesse en tête ,en sachant que j’ai le temps avant de « faire des bornes ».
Quelles sont les prochaines étapes…
D’ici septembre je vais prendre le plus de plaisir possible sur les Grands Prix ainsi que sur d’autres courses comme le Triathlon de l’Alpe et peut être la Coupe d’Europe de Lausanne.
En fonction du résultat qui en sort, je verrais dans quelle direction je m’oriente l’an prochain.
Mais la suite, est-ce que l’on peut être certain de te revoir en ITU?
J’aimerais dire que oui, mais cela ne dépendra que de mon niveau. Pour moi toutes les opportunités sur le circuit ITU sont des étapes où je prendrais de l’expérience pour le « long ».
Que faut-il te souhaiter pour la suite?
Que je garde les liens avec les athlètes du court distance que j’apprécie énormément et qui restent les meilleurs quand il s’agit de faire la fête. #mtp4ever