Si Edmonton est l’un de ces étapes historiques sur le circuit et garantie d’être au calendrier jusqu’en 2020 (Grande Finale), la 6e WTS de la saison nous a réservé plusieurs surprises, mais la fin est toujours la même…
Nouveau parcours vélo.
Toujours dans cette dynamique de rendre le vélo plus spectaculaire, l’équipe de l’ITU a imaginé un nouveau parcours particulièrement concentré avec une boucle de 3,3km. Certains ont décrit le tracé comme un mix de tout. Dans les faits, il est avant tout composé d’une cote et donc d’une descente. Si certains pensent que l’ajout d’une difficulté permet de faire la différence dans la montée, à l’image du parcours de Rio, la descente permet aux retardataires de revenir… Est-ce que cela a réellement changé la nature de la course féminine…
Déception…
L’ITU a tenté d’attirer les athlètes en Amérique du Nord en proposant deux courses au Canada en deux semaines. Malheureusement, avec seulement une trentaine de femmes au départ et plusieurs nations européennes totalement absentes dont les Britanniques, la Nouvelle Zélande et les Allemandes, il faut admettre que le niveau était plus faible qu’a la coutume…
Edmonton ressemble à Montréal.
Lors de la coupe du monde de Montréal, on avait assisté au même scénario. Seule la jeune Taylor Knibb avait réussi à sauter dans la route de Flora Duffy. Si l’entente semblait parfaite entre les deux athlètes, Duffy a profité du dernier tour pour lâcher Knibb. Les deux athlètes avaient aussi réussi à gonfler leur avance à vélo…
Flora Duffy qui gagne 15 secondes par tour sur ses adversaires… comment cela est-ce possible.
L’actuelle championne du monde fait exploser quelques idées reçues. Après avoir réussi à tenir tête seule à ses rivales sur le vélo, avec l’aide de Knibb, elle ne contente pas de résister aux poursuivantes en profite pour augmenter son avance avec une facilité déconcertante.
En rentrant avec plus de 90 secondes d’avance sur les poursuivantes, sur la distance sprint, elle est tout simplement intouchable. Même une Gwen Jorgensen ne serait pas en mesure de la reprendre.
Il ne fait aucun doute que pour le moment, l’athlète des Bermudes est tout simplement intouchable sur deux roues. Si personne ne doute sa puissance, elle se démarque avant tout sur la technique. Contrairement aux apparences, Edmonton n’est probablement pas un parcours si à l’avantage de Duffy.
Les écarts de Duffy s’expliquent par plusieurs hypothèses. Soit un avantage psychologique sur ces adversaires. Si elles considèrent qu’il est impossible de revenir sur Duffy, il n’y a alors aucune résistance.
Le second fait est que les meilleures cyclistes du circuit étaient tout simplement absentes à Edmonton. Malheureusement, ce profil est très rare…
Taylor Knibb… Une junior qui s’offre un premier podium en WTS, le danger d’un développement précoce?
Dans le cursus du développement d’un athlète, il est généralement jugé des bases de temps en fonction de son âge. Pour assurer une pérennité dans ce projet, l’athlète tente alors de prendre de l’avance dans son développement avec un volume déjà très conséquent. Malheureusement, dans de nombreux cas, puisque l’athlète n’a plus de marge pour augmenter sa charge d’entrainement, il peut rapidement plafonner et ne progresse plus. Avoir du succès tôt n’est pas toujours garant de réussite.
Dans le cas de Taylor Knibb, elle est en quelque sorte l’antithèse de ce phénomène, l’actuelle championne du monde junior de 2016 n’était pas présente sur le circuit mondial tout simplement parce qu’elle a privilégié les études…
Chose certaine, avec la présence de Flora Duffy sur le circuit, l’avenir de Taylor Knibb semble très prometteur. Maintenant, il faut se questionner sur le pourquoi, certaines femmes sont nettement au-dessus à vélo et comment une athlète de 19 ans a réussi cet exploit.
Une occasion perdue pour la France?
À nouveau, aucune athlète tricolore n’était au départ. Évidemment, la fédération doit avoir en sa possession un solide argumentaire pour expliquer ce choix. La proximité de la coupe du monde de Tiszi le week-end dernier pourrait tout expliquer.
Mais dans les faits, le niveau actuel en WTS est actuellement plus faible. C’est justement une opportunité pour les athlètes avec moins d’expériences de prendre confiance sachant que l’absence des Britanniques annonçait une course moins sélective dans les deux premières disciplines… C’est donc une occasion de prendre de la confiance et de prendre de l’expérience sur un circuit qui demeure différent à la coupe du monde.
Maintenant, la bonne nouvelle est que Léonie Périault est pour le moment sur la start list de la WTS de Stockholm. Cela sera une première pour la double vice championne du monde U23. Si cela se réalise, elle ne sera que la troisième nouvelle athlète à prendre le départ d’une WTS depuis 2012.
Vanessa Fernandes loin…
Le retour de la médaillée olympique portugaise est pratiquement passé inaperçu. Elle sort de l’eau a plus d’une minute de la première… Elle a abandonné après deux tours à vélo. Malheureusement, rien ne semble encore assuré pour son retour au plus haut niveau.
Et la suite…
Malheureusement, face à la domination de Flora Duffy, il est réellement difficile de croire que la série victorieuse (4) s’arrêtera prochainement. Malgré un vélo soutenu, elle signe aussi virtuellement le meilleur temps à pied.
Retour du Canada?
Joanna Brown est récompensée pour son bon début de saison. Elle termine 7e. Si le résultat est très encourageant, il faut ne pas tomber dans le patriotisme et relativiser sur la performance.
Densité américaine? Fausse impression?
Les États-Unis placent trois athlètes au quatre premieres positions. Si cela est impressionnant, aucune de ces athlètes n’est en mesure d’inquiéter Flora Duffy. Le triathlon est en constante mutation avec des nouvelles demandes. De ce coté, à l’exception de Taylor Knibb, le vélo reste le maillon faible.
On revient toujours à cette question, est-ce que Flora Duffy est actuellement plus forte que Gwen Jorgensen?