L’effet des bas de compressions est un sujet qui sème la confusion. Entre des bienfaits médicaux non discutables, face à des enjeux commerciaux indéniables, c’est avant tout son usage dans le sport qui est la source de nombreuses discussions. Depuis quelques années, il existe une sorte d’entente qui permet d’émettre que cette aide permet avant tout d’améliorer le confort de l’athlète (vibration) et permet de diminuer les douleurs musculaires (DOM) lors de la phase de récupération. S’ils permettent à l’athlète de se sentir prêt à reprendre l’entrainement plus rapidement, cette aide-externe, compromet d’apprendre au corps de se réparer plus rapidement. On parle alors d’un outil à utiliser uniquement dans certains cas.
Si les marqueurs physiologiques lors des phases de récupération sont généralement marginaux, une récente méta-analyse publiée dans Sport Med (avril 2017) est venue contredire les anciennes théories. Ce papier vient à la conclusion que la compression est avant tout effectif pour la récupération après du travail dit en résistance, soit en force ou pour le triathlète, des intervalles anaérobiques.
Mais la question éternelle face à la compression est toujours d’actualité. Est-il réellement nécessaire d’utiliser cette technologie à l’effort.
Une nouvelle produite en partie par l’université Savoie Mont-Blanc de Chambéry (Calf Compression Sleeves Change Biomechanics but Not Performance and Physiological Responses in Trail Running) vient justement ajouter de l’eau au Moulin.
Leur objectif était déterminé les impacts de la compression sur des efforts prolongés où l’athlète doit conjuguer avec la fatigue et la douleur. Pour cela, 14 coureurs ont du courir à deux reprises 24 km de trail en mode TT. Une sortie a été effectuée avec des bas de compression à 23 ± 2 mmHg (CS) et une seconde à <4 mmHg (CON).
Les paramètres enregistrés étaient, le rythme cardiaque, la vitesse et le niveau d’oxygénation (muscle gastrocnemius) ainsi que les capacités biomécaniques du coureur, soit la puissance et la rigidité de son mouvement. Pour cela, les sujets devaient effectuer des sauts sur une durée de 20s avant et après la course. De plus, ce test permettait de juger du ressenti des athlètes puisqu’il induit une douleur au tendon d’Achilles et au niveau des mollets (DOMs – douleurs musculaires).
Le résultat de l’étude est plutôt étonnant puisqu’ils ont relevé un niveau d’oxygénation significativement supérieur après la course en bas de compression. Cette différence n’a pourtant pas été observée durant l’activité. Les chercheurs n’ont d’ailleurs mesuré aucune différence en termes de performance (temps).
Par contre, ils ont remarqué que les coureurs avaient une gestuelle différente lorsqu’ils utilisaient la compression. Ils ont observé un temps dans les airs plus long, un temps de contact plus court (meilleur) et une meilleure rigidité dans la jambe. Ces aspects ont été aussi vérifiés lors des tests après course (sauts).
Si, aucune différence au niveau des douleurs musculaires (après les tests) n’a été relevée, les douleurs au niveau du talon d’Achilles étaient plus faibles avec la compression.
On peut donc dire que même si la forme (gestuelle) est différente avec la compression, il n’y a pas réellement de gain en termes de performance, par contre, on peut déjà émettre que si le coureur à une foulée plus aérienne, cela pouvait avoir un impact positif sur le long terme.
Tout cela semble confirmer l’idée du ressenti de l’athlète. Si les effets de la compression ne sont clairement pas mesurables pour certaines applications, le coureur en ressent un certain confort et cela peut expliquer pourquoi sa technique est alors meilleure.
Malheureusement, l’étude ne peut pas répondre à tout. Puisque la modification de la foulée ne nous permet pas de savoir si elle permettait à l’athlète d’être le plus économique. Cela peut d’ailleurs expliquer pourquoi le niveau d’oxygénation était semblable avec ou sans compression.
L’étude complète est disponible ici.