Cette analyse pourrait se contenter de deux aspects. Le circuit n’est plus le même depuis qu’Alistair Brownlee l’a délaissé. Sans le double titré olympique, on a cette impression que plus personne n’a en sa possession les armes pour mettre à distance les meilleurs coureurs du circuit comme Mario Mola et Richard Murray.
Le second point important est l’émergence de nouveaux talents. Ce qui est le plus dur en WTS, ce n’est pas d’avoir du succès, c’est de la valider en étant constant. Jake Birtwhistle et Raphaël Montoya sont justement en train de le démontrer et se faisant une place entre ceux qui étaient auparavant indétrônables (Mola, Murray, Gomez, Jonny Brownlee).
Est-ce un hasard, déjà en 2014, ces deux jeunes étaient à la lutte dans un sprint final lors des championnats du monde junior. C’est le français qui avait eu le dessus sur l’Australien. Pourtant, les années suivantes, la hiérarchie s’est inversée. Birtwhistle a rapidement affiché un talent lui permettant d’espérer aux podiums en WTS. Mais tout cela avait un gout d’inachevé à cause d’une inconstance. Dans le cas de Montoya, après une saison 2015 compliquée, il a retrouvé son chemin avec une progression à nouveau constante.
En ce début de saison, Jake a décidé de quitter Jamie Turner pour se tourner vers une autre vedette du coaching ITU, soit Joel Filliol. Le succès est depuis au rendez-vous.
Dans ce changement, la réussite de Birtwhistle vient probablement avant tout d’un rapatriement du projet en redevenant le décideur et non une nouvelle manière de s’entrainer. Évidemment, la force du squad de Joel Filliol réside dans son environnement. Les athlètes profitent d’une émulation interne.
Dans le cas de Montoya, cette cinquième place est d’autant plus significative puisqu’a l’exception de Fernando Alarza (récemment malade), les meilleurs athlètes du circuit avaient bel et bien répondu présents. On ne parle pas d’un résultat au rabais.
La bourde qui fait parler…
Évidemment, si Mario Mola a gagné sa quatrième course d’affilée et semble tout simplement dominer le circuit, ce succès est tout de même accompagné d’un astérisque. Birtwhistle s’est mis à sprinter et s’est dirigé vers la ligne d’arrivée après deux tours alors qu’il en restait encore un… Si le jeune Australien pensait s’offrir sa première victoire sur le circuit, il a dû courir un tour de plus en espérant s’éviter certains commentaires en obtenant tout de même un résultat significatif.
Repris par Richard Murray dans les derniers hectomètres, Birtwhistle réussit tout de même à battre le Sud africain dans le sprint final…
Cette bourde est pourtant informative, elle vient confirmer que Birtwhistle court pour la victoire et non au résultat.
Mola et Duffy, même combat…
Les actuels champions du monde semble totalement contrôler leur sort. Personne ne semble être en mesure de les mettre en danger. À Edmonton, le plus inquiétant, c’est le manque d’initiative et de conviction pour tenir à distance Mario Mola.
Si les francais ainsi que Jonny Brownlee avaient bien fait le plus dur en natation, les 15s d’avance à la sortie de l’eau sur l’espagnol n’ont pas été suffisantes… Dès que la jonction a été faite, le rythme à vélo a rapidement diminué comme si les quarante athlètes présents se satisfaisaient du fait d’être encore dans la course…
Si Duffy a cette assurance de battre ses athlètes à vélo, Mola à ce luxe en course à pied. Il semble tout simplement intouchable dans cette discipline et sur un sprint.
Nouveau parcours vélo.
Toujours dans cette dynamique de rendre le vélo plus spectaculaire, l’équipe de l’ITU a imaginé un nouveau parcours particulièrement concentré avec une boucle de 3,3km. Certains ont décrit le tracé comme un mix de tout. Dans les faits, il est avant tout composé d’une cote et donc d’une descente. Si certains pensent que l’ajout d’une difficulté permet de faire la différence dans la montée, à l’image du parcours de Rio, la descente permet aux retardataires de revenir… Rapidement, dès lors de la jonction, le rythme a baissé…
Que ce passe-t-il avec Javier Gomez et Jonny Brownlee…
Ces athlètes ont été tellement dominants que leur absence du podium est un phénomène très rare. Dans les faits, les deux athlètes ont récemment eu des problèmes de santé. Cela pourrait expliquer un certain recul en course à pied, mais c’est peut-être plus grave que cela.
La fin du club des 8?
Les quatre victoires de Mario Mola en 2017 ont démontré à un aspect très important, il ne semble plus possible de s’échapper à vélo sans que le parcours soit extrêmement technique (Abu Dhabi) ou avec l’absence d’Alistair Brownlee. L’une des raisons derrière cela vient probablement des progrès de Mario Mola dans l’eau. Il flirte avec la barre des 20s de retard à la sortie de l’eau.
Cela a un impact important sur le résultat final pour de nombreux athlètes comme Richard Varga ou même Aaron Royle.
Le Corre et Simon Viain.
La septième place de Pierre Le Corre est rassurante. Après une série de malchance, ce résultat devrait lui permettre de reprendre confiance. On l’a d’ailleurs vu prendre la tête du groupe à vélo. Il y avait un refus d’être passif et de risquer de se faire prendre dans une chute en arrière. Simon Viain continue aussi sa progression avec une 11e place. Dans ce cas, il continue à aller de l’avant. Malheureusement, dans son cas, son sort aurait pu être différent vu son retard après la natation.
Dans le cas de Dorian Coninx et Vincent Luis, ils n’étaient pas en pleine possession de leurs moyens. Ces résultats viennent compromettre les objectifs en termes de classement final. Dorian Coninx aura l’occasion de se reprendre dès ce week-end à Montréal. Dans le cas de Vincent Luis, il a préféré se retirer pour retrouver la forme.
Et les Canadiens?
Matt Sharpe termine 23e, Alexis Lepage 31e et Tyler Mislawchuk 36e. Avec seulement 41 athlètes finissants, s’il y a un gain en expérience, ces résultats ne sont pas à la hauteur de leurs capacités.