Après chaque course ITU, il est nécessaire d’analyser les courses afin de mieux comprendre si le résultat d’une course représente véritablement la hiérarchie actuelle. Un résultat dépend donc des forces en présence, du niveau de fatigue/préparation des athlètes, des particularités d’un parcours, mais aussi de quelques faits de courses.
Lorsque Flora Duffy s’est pointée à Montréal, si elle affichait un score parfait avec ses quatre victoires, c’est surtout sa manière de gagner qui a impressionné toute la communauté. Elle nous donnait l’impression de totalement dominer son sujet à vélo. Toutes ses tentatives d’attaques et de rendre la course plus sélective n’étaient jamais vaines.
Montréal sera différent pour l’athlète des Bermudes, avec une natation étonnamment moins dense où il semblait plus difficile à trouver la ligne idéale, Duffy a bien tenté de faire la différence dès les premiers tours à vélo. Mais cette fois-ci, face à ce récital déjà connu, une douzaine a bien résisté.
Lorsqu’on a questionné Flora sur ce qu’il la rendait si forte à vélo, « cela ne fait aucun doute que mes qualités techniques font une différence majeure, mais je crois avant tout que ma force est dans ma capacité à suivre une natation intense par un début très difficile ».
À l’image de Rio, il existe un certain bluff à tenir un rythme plus élevé sur les premiers tours. Cela permet de faire rapidement la sélection, mais aussi de faire douter ses adversaires qui ne se voient pas rouler les quarante kilomètres comme cela. À l’arrière, les poursuivantes se découragent rapidement et personne ne se croit encore assez fort pour revenir sur un groupe contenant Flora Duffy.
Dans les faits, à moins que le parcours soit très technique, les meilleurs cyclistes coupent progressivement leurs efforts pour se réserver pour la course à pied. Ce qui est assez étonnant, c’est que d’autres athlètes étant sur la défensive et craignant une attaque de Duffy, elles ont préféré faire le travail en tête à sa place en sachant qu’en imposant un rythme élevé, elle ne pourrait pas s’échapper.
Ironiquement, à Montréal, on a vu une athlète qui était déclarée malade avant la course. Il y avait alors cette croyance qu’elle ne pourrait pas donner suite en course à pied. Si Ashleigh Gentle est sans conteste une athlète très douée dans les deux dernières disciplines, la voir faire le pack après la natation est plutôt une surprise et pratiquement une première.
Le plus étonnant, c’est qu’après le premier tour de natation, elle était déjà à la limite, si elle avait perdu quelques mètres dans les 750m, elle ne serait probablement pas la grande gagnante du week-end. Une course se joue souvent à un rien. Est-ce qu’elle a été avantagée par un plateau plutôt restreint permettant de profiter d’une eau plus dégagée?
À noter qu’elle est désormais sous les ordres de Jamie Turner.
Mais du côté de Duffy, cette seconde place dans un scénario qu’elle avait oublié vient bien de prouver qu’elle est une athlète bien plus complète, « c’est sure qu’avant, ma stratégie était avant tout de faire la différence dans les deux premières disciplines, puis de terminer avec une course à pied honnête … j’ai beaucoup travaillé ma course à pied et je continue à progresser », dit-elle.
Nous en avons profité pour demander à Duffy si la compétition avec Jorgensen lui manquait, « pas vraiment! D’ailleurs, je crois qu’elle accouche ce week-end, mais dans les faits, je pense que cela serait beaucoup plus serré entre elle et moi, cela dépendrait surtout des parcours ».
À suivre…