La semaine dernière, Martin Fritz Huber écrivait pour Outside magazine, un mile (1600m) est plus impressionnant qu’un marathon lent.
Dans le jargon, on dit que cela est un sujet parapluie. C’est en sorte un débat sans fin où il n’y aura jamais de consensus.
Tout cela m’a rappelé la situation du Québec qui aura pour la première fois de son histoire l’honneur d’accueillir une série mondiale à Montréal ce week-end. 7 des 10 meilleurs athlètes au classement mondial y seront présents. On y retrouvera d’ailleurs des athlètes comme Mario Mola ainsi que Flora Duffy, soit des triathlètes qui sont sur le point de marquer leur sport avec des performances qui ne semblaient pas encore possibles y a quelque temps.
Mais depuis cinq ans, dans la belle province, le triathlon est avant tout associé à l’Ironman. Avec le 70.3 et l’Ironman de Mont-Tremblant, de nombreux locaux se sont lancé de faire un jour la fameuse distance…
Le statut que l’on accorde à ces athlètes « finishers » à susciter de nombreuses vocations. L’ironman est d’ailleurs devenu un sport tendance chez les célébrités…
Si le succès de l’Ironman est localement indéniable, la série mondiale de Montréal a encore tout à faire pour se faire connaitre et malheureusement, elle risque fort de se heurter à cette fameuse comparaison avec l’ironman.
Quand l’objectif est simplement de terminer une course, c’est logique d’assumer que plus la course est longue, plus la tâche est impressionnante. Survivre à une course est effectivement gratifiant. Il y a ce sentiment d’accomplissement. La notion de performance avec des bases de temps devient pour la majorité marginale.
Malheureusement, cette mentalité se voit prolonger avec les athlètes élites. Alors, il y a toujours cette incompréhension face à ces athlètes en courte distance.
Pour performer en série mondiale, aucune erreur ou relâchement n’est permis. Les plateaux sont nettement plus denses. Un écart de forme marginal peut vous renvoyer au fin fond du classement. Avec des fédérations nationales qui ont le rôle d’investisseurs, la majorité des athlètes doivent constamment prouver que leur projet est valable.
À côté de cela, en Ironman, les athlètes sont libres et sont rassemblés à une seule occasion par an (Kona). Avec des événements moins denses, il n’est jamais facile de connaitre le véritable niveau de compétivité d’un athlète. On reste dans l’impression/illusion/spéculation.
Il est donc souvent difficile de faire comprendre au grand public qu’un athlète ITU s’entraine très souvent plus dur que celui en Ironman. Évidemment, cela reste différent, mais, quelle que soit la distance, pour gagner, il faut tout donner à l’entrainement.
Alors oui, les performances en ITU sont tout simplement plus impressionnantes parce que ces athlètes sont constamment à la limite et sans sécurité.
Si l’endurance est facilement acquérable avec une charge progressive, la vitesse demande une plus grande maitrise de son corps où il faut savoir flirter avec le risque de blessure et des efforts en haute intensité où il faut savoir tout donner sans retenue.
Le transfert des athlètes ITU à Ironman/70.3 l’a déjà démontré. Avec Tim Don (record du monde Ironman), Jan Frodeno (champion olympique/double champion du monde Ironman) ou encore Alistair. L’écart avec des athlètes comme Sebastian Kienle ou encore Lionel Sanders a justement démontré de la forte compétitivité des athlètes sans un grand passé en ITU.
On espère que tous ceux qui se disent amoureux et pratiquant du triathlon comprendront un jour que notre sport n’a pas réellement de frontière.
Ce débat interminable entre ces deux sports a avant tout miné l’intérêt pour l’élite puisque l’amateur n’a pas les connaissances pour mesurer son niveau de performance.
Au final, le plus impressionnant dans le triathlon, ce sont les athlètes en contrôle de leur sujet. Cela s’illustre des performances complètes, sans failles et/ou chaque aspect est exploité pour faire la différence et oui, à ce chapitre, les athlètes ITU dominent.
Cela n’est pas une question d’être blasé pour une distance où une autre, on souhaite tout simplement que les élites en courte distance méritent l’attention des amateurs à la hauteur de leur dévouement dans le sport.
Maintenant, revenons à la question du départ, pourquoi un athlète amateur ne pourrait pas rêver d’être ultra performant sur la distance OD/Sprint et en tirer autant de satisfaction que sur la distance Ironman?
Je sais, on tourne en boucle… mais la recherche de l’excellence ne devrait-elle pas gagner sur un travail terminé mais pas optimal?