C’est après une attente de 27 ans que le record du marathon lors d’Ironman Kona par Mark Allen en 2:40:04 est tombé. C’est Patrick Lange (ALL) qui a fait tomber cette marque. Étonnement, c’est seulement après la ligne de l’arrivée qu’il en prendra conscience. Sa première réaction a d’ailleurs été de s’excuser à Mark Allen.
Si tout le monde parle d’un nouveau record, ce n’est pas si clair. Malheureusement, le parcours pédestre a changé et il y a deux détails importants. Le système de chronométrage n’était pas aussi sophistiqué à l’époque d’Iron War. À l’époque, les temps incluaient la transition (T2).
Voici les 10 meilleurs temps. À 5 occasions, ils n’ont pas été signés par le vainqueur du jour.
1 Patrick Lange (GER) 02:39:45 2016 (3ème)
2 Mark Allen (USA) 02:40:04 1989 (1er)
3 Dave Scott (USA) 02:41:03 1989 (2ème)
4 Pete Jacobs (AUS) 02:41:05 2010 (9ème)
5 Luc Van Lierde (BEL) 02:41:48 1996 (1er)
6 Olivier Bernhard (SUI) 02:41:57 1999 (5ème)
7 Craig Alexander (AUS) 02:41:59 2010 (4ème)
8 Chris McCormack (AUS) 02:42:02 2007 (1er)
9 Mark Allen (USA) 02:42:09 1995 (1er)
10 Mark Allen (USA) 02:42:09 1991 (1er)
Mais l’autre aspect, c’est que Patrick Lange a reçu une pénalité pour drafting. Contrairement aux amateurs, lorsqu’un pro est sanctionné, ce n’est pas pour un non-respect des distances, mais plutôt une erreur dans le dépassement. Les athlètes ont 25 secondes pour dépasser un athlète. De plus, il existe une zone d’ombre puisque le réglement a changé à nouveau. Lorsque un athlète est dépassé, il doit ralentir. Plusieurs se sont fait piéger sur cette technicalité.
Alors plusieurs spécialistes ont émis l’hypothèse que sa pénalité l’aurait aidé à courir plus vite. Dans les faits, l’infraction a été faite dans les 60 premiers kilomètres. Son arrêt de 5 minutes a été effectué dans le premier tiers du parcours et non à la pose du vélo.
Maintenant, certains émettent que cela lui a permis de mieux gérer son effort pour le reste de la course. Cela reste très théorique puisque dans les faits, l’Allemand devait surtout se sentir en dehors de la course.
Est-ce une surprise de voir cet allemand terminé 3e? Gagnant le championnat nord-américain, Lange y a gagné sa qualification automatique. Cela lui a permis de limiter ses apparitions en course et de favoriser l’entrainement. Déjà au Texas, il avait signé un temps à pied de 2:40 dans des conditions très chaudes.
Sa progression reste très rapide. Faris Al-Sultan, ancien gagnant de Kona est devenu son entraineur cette année. Lange a tout de même un long passé de duathlète, et avait quelques places d’honneur en 70.3 comme une seconde place à Luxembourg 70.3 en 2014. Il était l’un de ces athlètes remplissant les rangs de la bundesligua fortement handicapé par une natation en dessous de la moyenne. Ce physiothérapeute semble avoir réinvesti dans sa carrière pro ces dernières années.
Il illustre parfaitement le développement sur le tard actuel des athlètes en Ironman. On ne retrouve aucun athlète en dessous 30 ans dans le top 20 de Kona (David McNamee, seule exception).
Maintenant que Patrick Lange s’est révélé à la communauté internationale avec sa 3e place, les attentes sont bien là pour 2017.
Dans une course où Jan Frodeno protège parfaitement son trône de fer, le plan pour le faire tomber semble tout simplement irréalisable. Il en demeure que sans une pénalité pour drafting, Patrick Lange aurait été encore plus proche de l’ancien champion olympique de Beijing.
S’il est souvent utopique de croire qu’un athlète de ce niveau peut encore progresser, un succès encourage un autre. Un réussite entraine un gain en confiance et surtout, l’athlète à une référence, il sait que cela est possible. Alors oui, Lange pourrait faire encore mieux.
Depuis, l’Allemand a du se contenter d’une 6e place à Ironman de Frankfort avec un temps de 7:52 et d’une victoire au 70.3 de Ruegen. Chose certaine, avec son podium en 2016, il a pu planifier toute sa saison afin d’être encore plus fort cette année. À suivre…