Le temps de 4:18:23 de Normann Stadler de 2006 (total 8:11:58 marathon en 2:55:53) est toujours le temps record à Kona. Vous êtes nombreux à vous questionner comment cette marque n’est toujours pas tombée puisque les fabricants déclarent que leurs matériels sont de plus en plus rapides.
Face aux nouveautés de 2016, on peut croire que les fabricants souhaitent vraiment voir ce record tomber. Est-ce que Michael Weiss aurai pu courir juste pour ça afin de crédibiliser la nouvelle monture futuriste de Diamondback?
En mettant en comparaison le matériel de Normann Stadler (2006) à celui de Sebastian Kienle (2014 – 4:20), on remarque que le champion de 2014 n’a oublié aucun détail. Trisuit avec manche longue, bouteille profilée sur le cadre, périphériques pour nutrition intégrée, vélo en configuration non conforme à l’UCI.
Stadler n’avait dans ce temps, aucun accessoire aéro. Alors comment est-ce possible? Il y a plusieurs possibilités…
– Kona, ce n’est jamais la même course. Voilà, les conditions sont très changeantes. Il y a eu certaines éditions avec un vent favorable à l’aller, mais aussi au retour. Il peut aussi s’avérer très défavorable. Les dernières années « rapides » sont 2010 et 2011.
– Des dynamiques de courses différentes. Normann Stadler, c’est la définition absolue de l’Ubberbiker. À cette époque, les coureurs étaient nettement plus agressifs à vélo et croyaient qu’ils pouvaient gagner leur course durant le vélo. La vague australienne (Crowie, Macca, Jacobs) a changé la donne avec des coureurs capables de revenir de l’arrière malgré des déficits très importants en T2.
– L’impact du KPR. Avec les points rattachés à Kona, un Top 15 garantit une qualification presque automatique pour l’année suivante. Pour un pro, une saison sans Kona, c’est être à l’écart de l’intention internationale. Les athlètes le savent très bien et ne sont plus dans un mode, ca passe ou sa casse.
– Gestion de l’effort, l’impact du Kona Train… Il ne faut pas se le cacher, le niveau actuel est nettement plus dense que dans le passé et cela vient créer certaines situations. L’athlète doit courir placé. Il sait qu’il peut profiter de l’effet de groupe, malheureusement, cela vient aussi avec des inconvénients. À juger les fichiers de certains athlètes, on voit que dans des montées,ou pour faire des dépassements, les athlètes rentrent fréquemment dans des efforts très intenses. Cela fini par se payer.
– Drafting? Depuis quelques années, la zone a été rallongée (athlètes profitant moins des autres), de plus les dépassements sont nettement plus compliqués puisque l’athlète qui se fait dépasser n’est plus forcé de ralentir. Pour passer, il faut se positionner 12 m en avant en moins de 25s. Le cout physiologique est nettement plus grand.
– Et si Stadler n’avait tout simplement pas de successeur?
Mais le matériel dans tout cela? Dire que l’aérodynamisme est surévalué n’est peut-être pas si loin de la vérité. Mais les progrès entre 2006 et 2016 ne sont peut-être pas aussi importants qu’on le pense. On peut aussi se questionner sur l’impact du poids des vélos. À force d’ajouter des accessoires, sur des parcours moyennement vallonnés, est-ce que les gains sont toujours là?
Évidemment, dans tout cela, il faut aussi remettre en question tous les chiffres donnés par les fabricants. Malheureusement, une marque peut prétendre à des améliorations sans devoir répondre à un organisme. Un gain en wattage est fréquemment exprimé avec des vitesses très hautes (50km/h) où ldes écarts importants ne se reflètent pas en vitesse.
Des Volkswagen en vélo?