En 2012, l’école médicale de Harvard n’aurait jamais imaginé apporter autant d’eau au moulin en publiant une étude sur l’interminable débat sur notre manière de courir. En ont découlé les années du minimalisme et cette obsession de courir sur l’avant du pied.
Ce papier avait analysé les pratiques des meilleurs coureurs à pied. La recherche menée par Daniel Liberman avait pour idée principale que nos chaussures avaient un impact sur notre foulée et que sans elles, un coureur atterrirait sur l’avant du pied, permettant ainsi à la cheville de mieux absorber les chocs et l’impact.
Selon le chercheur atterrir sur l’arrière du pied ferait tout simplement trop mal et cela est seulement devenu possible grâce aux chaussures actuelles. L’étude avait d’ailleurs remis en question le dénivelé de nos chaussures allant jusqu’à dire que cela empêchait au coureur d’atterrir naturellement sur l’avant du pied.
Nombreux sont ceux qui ont donc décidé d’agir en conséquence en forçant leur geste pour atterrir sur l’avant du pied. Au résultat, les blessures étaient toujours présentes, simplement différentes. Ce n’est que plus tard où une étude à commencer à émettre l’idée d’une vitesse minimale où atterrir sur l’avant du pied devient alors plus efficace.
Irene Davis s’est donc à nouveau intéressé sur le sujet. Contrairement à ce que l’étude de Daniel Liberman pouvait nous laisser croire, de nombreux athlètes atterrissant sur l’arrière du pied ne se blessent jamais.
Davis a donc décidé de porter son étude sur eux pour savoir s’ils partageaient une caractéristique commune. Selon la chercheuse, trouver des coureurs qui ne sont jamais blessés était déjà un challenge. Elle a tout de même réussi à réunir 249 femmes qui couraient plus de 35 km par semaine.
Elle a analysé leur foulée et les a suivis sur une durée de 2 ans. Sur ce groupe, 144 ont subi des blessures légères tandis que 105 sont restées en santé. Elle a alors comparé ces athlètes à l’aide d’une plaque mesurant l’impact de tous les appuis.
Des différences significatives entre les deux groupes ont alors été observées.
Cela peut paraitre totalement logique, mais les athlètes ayant le moins de « Vertical average loading rate » (ratio de la charge verticale moyenne) étaient de manière générale les non-blessés. Ce ne sont pas ceux qui ont la moins grande oscillation verticale dans leur déplacement, mais bien ceux qui sont en mesure d’utiliser le mouvement de flexion des genoux et des chevilles pour mieux absorber les chocs. La position à proscrire est toujours celle de la jambe trop droite à la réception.
Cela permet donc d’obtenir une réception plus légère. Contrairement à certaines croyances, Davis semble croire que le poids du coureur n’est pas un facteur à prendre en considération, la chercheuse souligne qu’elle a observé des coureurs physiquement lourds courir avec légèreté et vice-versa, des coureurs avec des gabarits légers courir très lourds.
Même si l’étude semble presque trop évidente à nos yeux, elle confirme qu’avant de s’obstiner sur la zone du pied où vous atterrissez, le plus important est de développer un geste léger qui absorbe au maximum votre réception. Pour cela, on ne devrait pas se concentrer sur le pied, mais bien sur la position de votre jambe. Est-elle trop tendue ? Est-elle déjà suffisamment fléchie pour simuler un ressort ? Absorber de l’énergie pour mieux la restituer ?
Comme conseil, Davis recommande aux coureurs de ne pas écouter de musique pour entendre vos impacts. Le jeu est tout simplement de faire le moins de bruits possible.
Crédit Photo : Kris Snibbe/Harvard Staff Photographer
Note de l’auteure :
The takeaway is that a softer footfall appears to reduce the likelihood of injury. Previous studies show that one potential approach for runners trying to cut the chances of injury is to adopt an impact-absorbing forefoot strike — which Davis herself, a barefoot runner, uses. But even the committed heel-striker can learn from the gliders, Davis said.
Oui Mais on devrait dire que courir à l avant est préférable mais pas obligatoire. Tout est une question de geste et non du type d appui.