Beaucoup d’entre vous connaissent déjà la stimulation électrique des muscles avec des appareils tels que le Compex. En revanche, connaissez-vous l’existence d’appareils similaires pour la stimulation du cerveau ? Eh bien, c’est une nouveauté qui pointe le bout de son nez et c’est des Etats-Unis que son utilisation démarre dans le domaine du triathlon.
Cette stimulation du cerveau est appelée stimulation transcrânienne. Pour ce faire, certains casques peuvent envoyer des champs magnétiques ou électriques à destination du cerveau. Ceci permettrait d’activer ou d’inhiber l’activité des neurones, c’est à dire de re-malléer certaines parties du cerveau dans le but idéal d’améliorer leur besogne et, par effet boule de neige, d’augmenter diverses capacités telles que les capacités intellectuelles, sensorielles, physiques…
Expérimenté initialement par la médecine et les militaires, cette technologie débarque désormais dans le sport. Dans le triathlon, elle est mise en avant pour de possibles gains de performance. Dès 2016, on voyait déjà les athlètes Red Bull dont fait partie Jesse Thomas soumis à des tests au sein du Red Bull Project Endurance.
Et si Trimes vous parlait la semaine dernière du retour à la compétition de Mirinda Carfrae, mentionnons aujourd’hui son mari Timothy O Donnell qui est ambassadeur de Halo Sport, un exemple d’outil mettant en œuvre cette stimulation transcrânienne et qui promet pour le vélo des « améliorations en terme de force, d’explosivité, d’endurance et de mémoire du muscle » … même si ça reste cryptique comme description. Son résultat vélo à Hawaï en 2017 (8ème temps), bien qu’excellent, reste similaire à ses résultats en 2016 et 2015. Halo ne parait donc pas être une arme fatale. Pour ce qui est d’Hawaï 2018, Tim indiquait récemment avec humour que Mirinda l’attendrait sur la ligne d’arrivée de Kona 2017 pour lui mettre leur fillette dans les bras et pouvoir reprendre aussitôt l’entraînement, donc pas sûr de le revoir beaucoup en 2018.
Mais revenons-en à notre stimulation du cerveau. Parmi plusieurs études, l’une d’entre elles indique qu’une stimulation électrique de 13 minutes sur le cerveau de 11 sportifs avant l’entraînement augmenterait de 20% leur endurance vélo. Le hic, c’est que le pourquoi d’un meilleur fonctionnement du cerveau n’est pas connu. Est-ce parce-qu’il commande plus efficacement le corps (ex: suppression de réflexes parasites d’où réapprentissage lors des séances suivantes avec plus d’économie dans la gestuelle… mais si c’est le cas ça devrait l’être pour d’autres sports aussi) ? Est-ce parce-qu’il résisterait mieux aux infos de douleur ? …
A Trimes, on aime généralement tester les nouveautés. Mais pour celle-là, eh bien… en fait, on aimerait davantage de recul avant de l’essayer. Car le cerveau, ce sont des milliards de neurones et un nombre encore plus grand de connexions entre ces neurones. Chacune de ces connexions neuronales forge une fraction du fonctionnement moteur de votre corps, c’est à dire de votre personnalité. Envoyer des impulsions depuis l’extérieur, même sur une zone précise du cerveau, c’est modifier au hasard un grand nombre d’entre elles (les remettre à zéro en espérant une meilleure plasticité neuronale). Si une partie des impacts sont positifs (ex: meilleure adaptation du cerveau lors de certaines activités physiques qui suivront), il y a forcement aussi des impacts négatifs qui restent à documenter plus en détails.
Est-ce-qu’un jour, ce type de stimulation sera considéré du dopage ? A ce stade, faisons comme la célèbre revue Nature avec l’article « Brain doping » may improve athletes’ performance : conservons les guillemets. Et si c’était le cas, se posera aussi la question de prouver l’utilisation d’une telle technologie, ce qui semble impossible…