On va tout de suite être direct, faire du sport, si dans certains cas c’est pour garder la forme, c’est avant tout pour combler un besoin. On est à la recherche de quelque chose qui est plus ou moins identifiable et qui n’est dans certains cas pas toujours très noble. Comme on dit au Québec, pas le temps de niaiser, ou si tu préfères, s’emmerder avec de faux problèmes.
Oui… mais, combien de fois je vois des athlètes, enfin avant tout, des individus qui semblent s’être totalement perdus dans leur pratique sportive ?
Il est difficilement comprenable pourquoi un grand nombre est juste de passage, très probablement parce que dans leur fameuse recherche, ils ont rapidement conclu qu’il n’y avait rien à y trouver où que cela ne valût pas la peine de continuer. L’égocentricité mal placée est très commune.
Dans les faits, on pourrait pratiquement associer à tout cela à de la fausse représentation. Avec le triathlon, ils ont cru que cela leur permettrait de grandir, mais au final, ils ont côtoyé un milieu complexe où il est difficile d’apprivoiser totalement les règles.
Il y a deux ans, on a perdu cette fameuse personne qui était en mesure de nous fournir ces fameuses réponses. Un texte comme le jour où j’ai décidé de me concentrer sur le processus et non le résultat était tout simplement un cri du coeur pour tous ses jeunes qui se perdent totalement dans le sport de haut-niveau et qui en sortiront finalement encore plus amoché par des structures qui refusent toute responsabilité pour les pots cassés.
Dans mon cas, surtout depuis son départ, cela fait deux ans que je me pose de plus en plus de questions face à ce sport et à son milieu. Ses acteurs sont de plus en plus blasés. Ceux qui affichaient le plus de passion ont finalement disparu.
D’après ce que j’ai compris, une athlète qui a répondu aux critères pour être sélectionnée pour les Jeux olympiques doit repartir de zéro l’année suivante. Pas de passe-droit pour participer à la Grande Finale l’année suivante. Le potentiel se serait envolé. Alors, ajoutons-lui encore plus de pression pour s’assurer qu’elle ne reviendra pas.
Si tu n’affiches pas à nouveau un potentiel de podium, reste chez toi. Évidemment, ces décideurs n’ont aucun compte à rendre et le simple fait de les critiquer te placera dans le placard.
Ce qui est incroyable, c’est que ce sont des actions comme celle-ci qui ont tué la passion. Il ne faudrait rien dire pour ne pas placer les athlètes sous pression. D’ailleurs, selon leurs termes, on ne serait pas apte à critiquer.
Effectivement, l’exercice n’est jamais facile quand on interdit les athlètes d’évoquer publiquement leur réalité. Il est d’ailleurs devenu très compliqué à savoir qui est financé ou pas dans ses déplacements.
Cette année, on a vu un junior obtenir sa première sélection pour les championnats d’Europe. Après une course manquée, on lui a rapidement fait comprendre qu’il avait perdu son statut… J’imagine que c’est une manière de dire, vas-y, on croit en toi…
Alors oui, constamment, je me demande si notre éclaireur ne nous avait pas quittés, si certains agissements avaient été les mêmes.
Il avait cette force, cette transparence qui permettait de ne jamais douter de la véracité de ses propos, mais aussi de sa passion pour le sport. Il était contagieux et surtout, il partageait sans rien demander en échange. Pas étonnant qu’il avait repris sous son aile les nouveaux mal-aimés.
Dans nos interminables débats, il me disait toujours qu’il ne pouvait pas empêcher les opinions des autres si elles étaient bien fondées. On est tous en recherche… Et on doit tous accepter d’être perpétuellement dans ce jeu d’essais et d’erreurs. Le principal dans tout cela, c’est de rester intègre… Selon lui, son nouveau rôle était de gérer le stresse et donc de mettre en confiance ses athlètes..
Ce que le monde ne comprend pas est que fondamentalement, le coaching est une question de processus, d’environnement et de relation. Le but des structures devrait d’ajouter de la valeur aux athlètes, susciter de la passionou plutôt de l’excitation face à l’avenir et non d’agir uniquement en tant que juge.
Cela me fait penser à un autre personnage qui éclaire le milieu du trail. La lecture du portrait de Kilian Jornet par l’Équipe est une lecture obligatoire.
Lui aussi se questionne sur le statut du sport et de l’athlète de haut niveau, « le sport, c’est un peu le cirque romain d’aujourd’hui. Il faut créer des gladiateurs. C’est quelque chose qui m’a toujours dérangé, mais c’est peut-être le prix à payer pour que les sports de montagne apparaissent enfin dans les médias. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas d’être connu, ni de passer à la télé, mais d’inciter les gens à aller en montagne. »
Tu sais, les athlètes d’exceptions parlent toujours de cet amour pour le processus. La volonté de devenir meilleur tous les jours. Pas uniquement comme sportif, mais aussi comme individu. Le sport n’est qu’un prétexte pour plus.
C’est ce qui m’a toujours allumé avec le triathlon, le fait d’accomplir ce que tu ne pensais être faisable. Vivre à fond.
Mais, comme tu as du te rendre compte, certains événements m’ont éteint parce qu’on m’a rapidement fait comprendre qu’on ne pouvait pas tout dire. Soi-disant qu’il faudrait protéger les athlètes, ne rien dire serait mieux pour eux.
Mais dans les faits, on a installé un silence dérangeant, un milieu fermé où ceux qui parleront seront rapidement exclus.
Alors, elle est où la passion ? On la cherche et on la retrouvera. En fait, on l’a effectivement retrouvée. Il suffit tout simplement de se distancer de cette fameuse propagande et de ne plus rentrer dans son jeu. Elle n’a jamais été capable de transmettre aussi bien la passion pour le sport.
Pour finir, cet autre passage de Kornet qui dit tout. « Je suis sûr que quand j’arrêterai ma carrière, je serai oublié en deux jours. Et c’est ce que je souhaite : être oublié. Je trouve que c’est une bonne chose. Il n’y a rien de plus con que de courir : il faut mettre un pied devant l’autre, même si certains courent un peu plus vite que d’autres. Les éducateurs, les scientifiques, eux, font des choses productives et devraient être mis en avant. Nous, on ne fait que suivre notre passion. Cela donne du plaisir aux gens, mais je ne comprends pas ce mysticisme autour du sport. »