Il y a des moments comme ceux-là, depuis plusieurs jours, on me demande quel âge à Trimes. Je savais juste que j’étais arrivé à un âge où on ne veut plus compter parce que cela vous plonge obligatoirement dans un travail d’introspection.
Et puis WordPress (la plateforme qui nous permet de publier) nous a souhaité un joyeux huit ans. En vie de chien, ce qui est applicable au Web, qui se rappelle des newsgroups, de Yahoo ou de Netscape… tout cela pour dire que cela fait déjà une éternité.
Pas étonnant que j’ai probablement jeté la serviette à plusieurs reprises annonçant la fin de Trimes et pourtant, je ne suis toujours pas en mesure de tourner la page et d’arrêter.
J’ai toujours ce sentiment que le triathlon à besoin de Trimes afin de ne pas laisser la place à certains… Mais cela reste un avis personnel. Impossible d’éteindre totalement cette flamme.
Je m’imagine souvent que Trimes est comme un athlète professionnel, si vous êtes nombreux à croire que nous sommes sur tous les événements et que vous êtes en droit d’exiger de l’information de qualité gratuitement puisque c’est comme cela que l’internet fonctionne.
Dans les faits, on est l’un de ces athlètes qui « compétitionne » fréquemment avec les meilleurs triathlètes dans le monde, mais qui a le sentiment qu’il ne peut pas rivaliser parce qu’il ne profite pas des mêmes conditions. On n’est pas totalement fataliste, on se dit toujours que c’est à nous d’être meilleurs pour atteindre nos objectifs, enfin si c’était seulement cela.
Malheureusement, le modèle économique de l’internet fait en sorte qu’une source d’informations comme trimes ne peut pas être rentable. Il n’y a pas assez de triathlètes et pas assez d’athlètes en recherche d’informations plus pointues. Pour vivre, il faudrait probablement vous pousser constamment vers l’achat en espérant en retour toucher une commission. Hier, j’ai fait le calcul. L’entrevue de Romain Guillaume a permis à Trimes de s’enrichir de 1,87$ et juste une personne s’est abonnée cette semaine…
Ceci n’est pas une blague, depuis le début de Trimes, j’ai toujours cru que l’internet allait permettre à développer une presse plus spécialisée. Je croyais que notre heure de gloire allait forcément arriver et qu’on allait gagner sur les médias imprimés.
C’est l’inverse qui s’est produit. Google contrôle le monde et impose un modèle basé sur le trafic. On est rémunéré 5 fois moins pour le clic sur une pub qu’il y a 5 ans. Malheureusement, le trafic est généré par des sujets sensationnalistes ou qui mettent en valeur le lecteur. Alors, nos sujets préférés sont rarement les plus populaires, pourtant, on les considère toujours essentiels.
Alors comme tant d’élite sur les différents circuits, on est en quelque sorte résigné, il est évident que sous sa forme actuelle, Trimes n’est pas réellement une entreprise avec un avenir enviable.
On se voit comme un pro qui sait très bien que sa carrière actuelle risque fort de ne pas lui permettre de dorer ses vieux jours. La passion l’a remporté sur la raison… Mais, oui, on croit toujours en notre apport.
Mais est-ce que Trimes n’a pas déjà gagné. Au travers de ces 8 ans, on a fait d’incroyables rencontres et on est très fier de tous ceux qui font partie de cette aventure. Comme on le disait, cela n’a pas de prix.
Trimes n’a jamais été un exercice d’égocentrisme, mais une plateforme pour le partage. L’impact que la publication a/a eu sur certains est notre plus grande richesse et il est difficile de s’en passer. On a très probablement plus aidé que nui…
P.S: Il y a 8 ans, Trimes signifiait Triathlon Moyennement élitiste et snob…