La question revient continuellement, quel capteur de puissance devrais-je acquérir? À partir de là, on fait une sorte de déduction dans l’espoir que cette technologie devient de plus en plus démocratique.
Du côté des publications, pour valider un produit, il suffisait de le comparer avec un autre produit considéré comme fiable. Mais est-ce assez? La problématique dans cette méthode, c’est qu’il est impossible de savoir si le système référence est juste, alors on utilise généralement la loi de la moyenne en comparant un type de capteur de puissance avec d’autres à d’autres emplacements comme sur le moyeu, ou sur la pédale. Dans ces deux cas, ces systèmes sont contraints à des forces différentes et il parait donc logique d’avoir des variations…
Dans le meilleur des cas, les plus rigoureux se basent sur l’utilisation de cycle ergomètre de laboratoire pour certifier leur précision. Cette méthode a aussi des limitations puisqu’elle compare une contrainte (couple) régulière contre l’effort irrégulier d’un cycliste.
Thomas Maier et Al de la section sport élite, de l’institut Fédéral Suisse (Magglingen) se sont donc penchés sur le sujet. Leur première tâche a été d’établir un nouveau protocole afin de pouvoir véritablement mesurer la fiabilité des capteurs de puissance.
Pour cela, ils ont utilisé un tapis roulant sur lequel ils ont attaché un poids au cycliste afin de maintenir la position. Ils essayent alors d’estimer plus précisément la puissance et par le fait, mesurer la précision des capteurs.
32 cyclistes ont suivi le protocole. 47 systèmes ont été utilisés pour cette étude. Ils devaient produire des efforts sur une minute à différentes intensités soit 180, 240, 300 et 360 watts.
D’après l’étude, les capteurs sous-estimaient par 0.9% la puissance avec un écart type de ± 3.2 %. Cela s’avère assez important et nettement supérieur à la précision suggérée par les constructeurs.
Le véritable problème est que plusieurs capteurs affichaient des coefficients de variations supérieurs à 2,5%.
Selon les chercheurs, les capteurs pédales (Polar et Garmin) et le système Stage ne doivent pas être considérés comme fiable. Malheureusement, il est important de le signaler, une faiblesse dans l’étude est d’avoir attribué les résultats aux marques et non aux modèles. Vous allez comprendre pourquoi.
Chaque point correspond à un système différent. À encore croire l’étude, si le capteur affiche une certaine précision, elle est dépendante du jumelage du pédalier. Dans le cas de SRM, soit la marque référence, on peut donc se retrouver autant avec un système qui surestime de 4% ou la surestime de 4% la puissance. À titre information, sur un effort de 300 watts, cela correspond à un écart de 24 watts. Quarq, une marque aussi très réputée à une déviation pouvant atteindre le 6%.
Qu’est-ce que cela signifie en soi. Que lorsqu’un athlète évoque ces chiffres de puissances, ils doivent impérativement être mis en contexte et rattachés à un système. Lorsqu’un pro partage ses chiffres de puissances, on ne peut pas avoir de certitudes sur son véritable niveau de performance. Un écart de 25 watts sur une course est probablement ce qui le sépare de la victoire ou d’une place d’honneur.
On tient à rappeler qu’une performance est définie par une puissance, mais aussi par la position du cycliste.
Mais le plus inquiétant dans l’étude, cela n’est pas la déviation, mais bien la variation. On dit fréquemment que même si un système surévalue ou sous-évalue, le plus important est que la mesure est « reproduisible ». En d’autres termes, pour un effort identique, on veut que le capteur de puissance affiche la même mesure.
Malheureusement, plusieurs marques échouent aussi dans ce domaine. Que faut-il comprendre de tout cela, un capteur de puissance est un indicateur. Le fait qu’un produit soit sur le marché ne signifie pas qu’il soit précis.