Après une période exceptionnelle au cours de laquelle il avait notamment “joué” en tête du fameux Kona Train sur le vélo de l’Ironman d’Hawaï, voici plus de 2 ans que Romain Guillaume n’avait plus gagné d’Ironman. Sa victoire le week-end dernier en Malaisie a été l’occasion pour Trimes de prendre de ses nouvelles.
Crédit photo : AsiaTri.com
Après trois Half Ironman 2017 réussis mais trois Ironman malheureux (douleurs au ventre à Lanzarote, chute à UK et hypothermie à Wales), et par conséquent une non-qualification pour Hawaï pour la 2ème année consécutive, n’as-tu pas paniqué ?
Au delà de Kona c’est le fait de ne plus y arriver qui commençait à me miner le moral… j’ai réussi toutes les courses 70.3 de préparation mais sur les Ironmans il y avait toujours quelque chose…
Hawaii est autre chose, avant tout je voulais me sentir de nouveau performant sur Ironman. À mon sens, Kona c’est super si tu peux terminer dans le TOP-10, sinon il vaut mieux aller faire des TOP-3 sur d’autres Ironman…
Et une fois sur place durant les 7 derniers jours avant la course sur l’île de Langkawi, quand l’île de Penang à juste 100 km au sud est submergée par des inondations éclair et qu’en plus ton vélo devient inutilisable pour le jour-J, à quoi penses-tu ?
Je n’ai pas eu vent des inondations à Penang !! Et c’est pas plus mal ! 🙂
Le plus stressant c’était le vélo : je suis arrivé à Langkawi 3 semaines avant la course avec, durant le voyage, hauban arrière fendu et direction endommagée… je ne n’ai pas eu d’autre choix que de prendre des risques à savoir rouler comme cela sans jamais me mettre en danseuse ou tirer sur le guidon.
Ma copine devait me rejoindre le jeudi, deux jours avant la course mais le vélo n’est pas arrivé… trop stressé je n’ai dormi que 3h l’avant veille de la course et j’ai aussi versé une petite larme au lever lorsque le vélo n’était toujours pas à la réception de l’hôtel. Finalement le vélo d’entraînement est arrivé en fin de matinée, la veille de la course. C’était le soulagement…
Romain Guillaume et son amie
Pour les athlètes qui aimeraient participer à l’IM Malaisie, comment décrirais-tu cette épreuve ?
C’est une course vraiment atypique… l’ambiance, les gens, le parcours est vraiment extra. Très dépaysant et magnifique avec pleins d’animaux comme des singes, des lézards de 1m de long, etc.
La chaleur et l’humidité sont omniprésentes ici : eau à 29/30 degrés, idem dehors avec le soleil qui tape très fort.
Le parcours vélo est globalement roulant mais comporte une multitude de petits coups de cul qui usent à la longue… il faut vraiment savoir gérer son effort ici car en plus du parcours, les conditions météos sont difficiles…
Quelles ont été tes sensations et pensées au fur et à mesure de l’épreuve ?
En natation, la stratégie était plutôt simple puisque l’objectif était simplement de suivre le premier en m’économisant au maximum… Après 400m au maximum pour faire ma place, je me suis retrouvé en 2nde position et je ne l’ai plus quittée.
J’avais diverses stratégies en vélo dont partir dès le départ et faire le reste seul. J’ai attaqué tout de suite et me suis retrouvé devant avec 30s d’avance au 10ème km, 4’30 au 100ème et 10’30 au 180ème ! J’étais très confortable et positif jusqu’au 100ème km puis petit à petit je me suis mis à douter : le vent s’est levé et la chaleur aussi… ayant changé de vélo la veille, je n’avais pas eu le temps de mettre le capteur de puissance, aussi ai-je dû courir uniquement aux sensations… la course était de plus en plus difficile avec des sensations de moins en moins bonnes. Je pensais vraiment que les autres allaient me rattraper alors qu’en fait je continuais à leur reprendre du terrain !
Lorsque je suis parti en course à pied et que je savais que j’avais plus de 10’ d’avance, j’étais dans une situation très confortable c’est à dire que je pouvais me permettre de gérer mon effort et mon hydratation. Ce n’était plus à moi de « faire la course » mais aux autres de me reprendre du temps et de prendre des risques.
J’ai eu un peu peur au km7 quand j’ai vu qu’ils m’avaient déjà repris 3´ mais au 18ème l’écart était toujours de 8´. Je savais alors que j’avais pris une belle option pour la victoire car ils ne m’avaient plus rien repris.
L’anecdote en fin de marathon était qu’à 7 km du but j’avais toujours 6´ d’avance soit 50s au km !! À ce moment là, je courais à 4’30 au km ce qui rendait impossible la tâche au 2nd car personne ne peut terminer l’Ironman de Malaisie en 3’40 au km ! Toutefois, stressé de voir cette victoire m’échapper, je ne pouvais m’empêcher de demander à tous ceux que je voyais au bord de la route s’ils voyaient le second !
Lors de la reco du vélo, tu avais repéré des spectateurs possiblement turbulents pour le jour-J. Qu’en a-t-il été pendant l’épreuve ?
Effectivement, des singes sont présents au bord de la route mais comme le 70.3 partait avant nous, beaucoup d’athlètes avaient déjà fait le ménage !
Parmi ces singes, le plus marrant en était un qui était en train de presser le reste d’un gel qu’un athlète avait laissé tomber pour le terminer !!
Avec cette météo spéciale (environ 30°C et 90% d’humidité), as-tu suivi les recommandations de certains de ne pas boire plus de 800 ml de liquide (ex: recommandation de Tim Noakes pour éviter une hyponatrémie et de possibles ballonnements intestinaux) ou as-tu bu 1 litre, voire plus ?
Je ne connais pas Tim Noakes mais les conditions sont vraiment très spécifiques en Malaisie. Ici, si tu n’es pas à plus d’un litre par heure, tu termines le marathon en marchant !!
Sur les 3 semaines précédant l’Ironman, je me suis habitué à beaucoup boire ; puis le jour de la course j’ai ainsi bu environ 1,3l par heure en vélo et 1l en course à pied…
Aucun trouble gastrique !
Credit photo : AsiaTri.com
Est-ce-que ton mode d’entraînement est très stable ou es-tu en permanence à la recherche des nouvelles techniques ?
J’ai changé de méthode d’entraînement en avril 2016 passant d’une méthode complètement empirique à une méthode scientifique. Les résultats ne se sont pas fait sentir en 2016 car j’étais en surentraînement mais j’ai plutôt bien progressé en 2017.
Je pense que Luc Van Lierde (mon coach) saura apporter de la nouveauté et répondre de plus en plus à mes besoin et avancer encore plus dans notre collaboration. Il sait se remettre en question et recherchera la nouveauté pour me faire progresser. Du moins je l’espère ! 😉
Et côté sponsors, faut-il toujours se battre pour en trouver ? Penses-tu que l’industrie se retire ou au contraire s’investit plus dans le triathlon ?
Ce n’est plus moi qui gère mes partenaires mais je vois que c’est de plus en plus difficile…
Après, il va y avoir des nouveautés pour moi en 2018 avec des personnes qui aiment et investissent dans le triathlon ! 🙂
On imagine que ton objectif 2018 sera de retourner à Hawaï. A cet effet, as-tu déjà programmé la suite ?
Je ne vais aller à Kona que si je me sens prêt pour un TOP-10. Si ce n’est pas le cas, je resterai à la maison et ferai d’autres courses !
Nous sommes en train de programmer 2018 mais mon souhait serait de faire 2 Ironmans puis Kona si je m’y sens prêt.