Une nouvelle étude s’est attaquée à un mythe : « Seuls les glucides apportent de l’énergie lors d’efforts à très haute intensité ».
La croyance actuelle est symbolisée par la figure ci-dessous. A bas effort, l’énergie provient principalement de l’oxydation des lipides (en rouge) ; tandis qu’à une très haute intensité (>85% VO2max), l’énergie provient presque exclusivement de l’oxydation des glucides (en bleu).
Pour mener l’étude, les auteurs ont utilisé deux groupes de coureurs à pied :
- 9 coureurs récréationnels (coureurs actifs dans plusieurs sports, courant 2 à 4 fois par semaine ayant une Vo2max d’environ 55 ml/min/kg)
- Et 9 coureurs bien-entraînés (coureurs de niveau régional ou national, courant 6 à 10 fois par semaine et ayant une Vo2max d’environ 71 ml/min/kg)
Côté alimentation l’étude précise que les deux groupes avaient des habitudes alimentaires considérées comme habituelles avec 55-60% de glucides, 30% de lipides et 10-15% de protéines.
Ces deux groupes ont réalisé un exercice de fractionné à haute intensité (HIIT) de 6 répétitions de 4 minutes d’effort au dessus de 90% de la VO2max avec 2 minutes de récup’ entre 2 répétitions.
Certains résultats ont été non surprenants. Dans les deux groupes, la fréquence cardiaque est montée à 93-95% de la FcMax, la perception de l’effort a été la même, ainsi que le taux de lactates sanguins résultant. Et comme prévu, les coureurs bien-entraînes ont couru plus vite que les récréatifs (vitesse moyenne de 15km/h contre 11km/h).
En revanche, trois résultats ont été étonnants : le premier est que les deux groupes utiliseraient sensiblement la même quantité de glucides au cours de l’effort. Le second est que les coureurs très-entraînés utiliseraient plus de deux fois plus de lipides que les coureurs récréationnels (l’oxydation de ces lipides contribuerait à 30% de dépense énergétiques en plus, l’image ci-dessus est donc inexacte pour ces coureurs bien-entraînés.). Et enfin, le troisième est que la VO2max serait corrélée à cette capacité à utiliser à les lipides à haute intensité.
Cette capacité à utiliser les lipides est – selon les auteurs – « outrageusement avantageuse ». On les comprend : c’est comme si ces athlètes bénéficiaient non pas d’un seul réservoir de carburant (glucides) … mais de deux réservoirs (glucides + lipides) utilisables en même temps !
Par contre, l’étude ne donne pas la raison : est-ce-une capacité naturelle que certains ont et d’autres pas ? Si elle s’acquiert, s’obtient-elle par l’alternance de séances d’intensité et de durée différentes, ou/et par une alimentation spécifique ? Pour le triathlète, est-ce-que certaines séances de course à pied peuvent être remplacées par du vélo ? Sinon, doit-il exclusivement courir à pied sur certaines semaines d’entraînement ? … Bref, comme à chaque fois qu’on lit une publication scientifique, surgissent plus de questions que de réponses 😉