2018 est une année particulièrement intéressante parce que l’on voit enfin apparaître des solutions d’un nouveau genre. Dans le passé, un logiciel permettait de stocker et de simplifier l’analyse des données. Pour cela, Trainingpeaks a toujours eu une longueur d’avance. Avec un indice comme le TSS qui permettent grossièrement de quantifier ses entraînements, on est déjà dans une analyse plus poussée… Un coach peut alors vérifier la répartition entre les différents sports, le niveau de fatigue sur le cours et le long terme et le niveau de forme. Malheureusement, tout cela est très sommaire et par ce fait, un coach se démarque avant tout pour son rôle d’éducateur (technique), son instinct (impossible de savoir exactement où est la limite de l’athlète) et ses expériences (gestion émotionnelle).
L’ironie, c’est que même si l’intelligence artificielle est déjà ultra présente dans certains milieux, il n’y avait pratiquement rien dans le sport. Garmin a osé offrir des prédictions de temps en course à pied et de VO2max. Des outils totalement imprécis qui auraient du porter préjudice à cette marque.
Mais depuis quelques mois, on surveille des technologies comme Xert et Gutai. Contrairement aux applications du passé, elles ne se basent pas sur des données uniques comme votre BPM max où votre FTP (seuil). La force de ces applications en ligne, c’est qu’elles tentent d’établir un profil plus complet.
Dans le cas de Gutai, la grande force de l’application, c’est qu’elle tente d’analyser une valeur en fonction de son contexte. Deux principes basiques et malheureusement, toujours méconnus, à vélo, on a un FTP différent à l’intérieur qu’à l’extérieur. Où encore, le rythme cardiaque est fortement affecté par la température.
Toutes ces subtilités devraient donc permettre à ces logiciels de mieux comprendre vos niveaux de fatigues et votre potentiel. À titre d’exemple, Xert va juste à vous donner vos futurs chiffres si vous respectez ces entraînements suggérés. Le logiciel calcule donc votre future courbe de progrès.
Que cela soit Xert ou Gutai, ces offres se nourrissent de la science, mais aussi des données acquises par ses utilisateurs et c’est probablement pourquoi un coach ne pourra plus rivaliser avec des ordinateurs. Dans son cas, il lui est aussi impossible de prédire précisément la courbe de progression.
Durant la carrière d’un coach, il entraînera un nombre très limité d’athlètes. Il est donc très difficile pour lui de saisir les différences de profils entre ses athlètes. Certains répondent mieux au volume que d’autres. Certains potentiels peuvent se limiter sur des aspects psychologiques. Un coach ne peut jamais se reposer à 100% sur des acquis.
Dans les faits, de nombreux coachs offrent une formule qui doit convenir à tous. Elle fonctionnera plus ou moins, il en demeure que pour l’athlète, il est difficile de savoir si le tout est bien optimisé en fonction de ses possibilités. On est avant tout dans la gestion de l’humain. Pour un amateur, le coach reste le véhicule d’un engagement pour un objectif.
Alors, pourquoi rester avec un coach? Malheureusement, le problème avec l’intelligence artificielle, c’est qu’elle sera efficace uniquement si elle est nourrie par les bonnes données.
Avec les dispositifs actuels pour mesurer sa puissance, ses BPM ou encore ses vitesses, il y a très souvent des erreurs qui se faufilent. Un capteur mal configuré et l’on vient de gagner assez de puissance pour tout fausser.
Idem avec le rythme cardiaque. Les capteurs au poignet sont très très imprécis. Les GPS ont aussi tendance à avoir des hics. Les fameux records affichés sur Garmin sont très souvent complètement faux.
Pour votre information, il n’existe pas de certification sur la précision des mesures. D’ailleurs, Garmin se décharge de toutes responsabilités en indiquant que ces valeurs ne peuvent pas être utilisées dans un contexte médical.
Alors, si les nouvelles solutions sont très intéressantes, il faudra continuellement se questionner et ne pas totalement faire confiance à l’informatique.
Mais avant tout, avant de croire que votre ordinateur peut remplacer un coach, n’oubliez pas l’importance de l’oeil extérieur. Celui qui est en mesure de vous enseigner une bonne technique et une vision pour ne pas vous perdre dans le coté obsessionnel du sport.