Jérémy Quindos se fait trimer.

On a décidé de faire une série d’ITW et de se concentrer sur des athlètes un peu moins connus du grand public mais avec de réels résultats au niveau national ou international.

Cette « seconde garde » du triathlon français ne fait pas les WTS, ni l’Ironman d’Hawai, on va plutôt s’intéresser aux triathlètes français performants en division 1, des triathlètes performants sur LD, ou même Xterra.

Ce n’est évidemment pas fermé, mais c’était l’envie du moment.

Comment vivent-ils ? Comment s’entrainent-ils ? On a voulu vous montrer les coulisses du triathlon élite français et surtout le quotidien d’athlètes qui s’entrainent énormément avec une reconnaissance « faible ».

Non, être dans une démarche de haut niveau n’est pas tout rose, et faire du triathlon à plein temps n’est pas qu’une partie de plaisir.

Après Tom Lecomte, nous avons voulu interviewé Jérémy Quindos, de longue date triathlète à Poissy, Jérémy représente parfaitement le type de triathlète que l’on veut mettre en avant dans cette série d’ITW avec pour lui une première année consacrée au triathlon.

Jérémy, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ? (Âge, club, années de pratique, palmarès dans les grandes lignes)

Je m’appelle Jérémy QUINDOS, j’ai 27ans et je boucle ma 10e année de triathlon ce mois-ci.
Je suis né et j’ai grandi à Poissy, je suis donc naturellement au Poissy Triathlon depuis mes débuts et je m’entraîne sur place.
Au niveau national j’ai remporté plusieurs épreuves (La Baule en 2016 pour la plus prestigieuse) et je cours en D1 avec mon club de Poissy où nous avons déjà remporté le titre de champions de France des clubs, la coupe de France des clubs également. Sur le plan personnel, ma meilleure place en Grand Prix est 7e cette année à Valence et j’ai réussi à monter sur la 3e marche du championnat de France de Duathlon Elite.
Sur le plan international, nous avons gagné le championnat d’Europe des clubs avec Poissy en 2016 et 2e en 2017 où je perds au sprint contre Joao Pereira… Ma meilleure place sur coupe continentale est 8e à Las Palmas cette année.

Cette année c’est la première fois que tu te consacres exclusivement au triathlon ? Sens-tu que tu as progressé ?

En effet, j’ai commencé le triathlon pendant mon année de terminale donc j’avais déjà des études en tête (5ans en école d’ingénieur) puis j’ai saisi l’opportunité de travailler dans une grande entreprise une fois mon diplôme en poche. L’an passé, j’ai eu un choix difficile à faire et j’ai décidé de me consacrer entièrement au triathlon.
Je pensais que les fruits de ma nouvelle implication à 100% seraient constatés en fin de saison mais finalement j’ai réussi à performer dès le début de saison. Je suis surpris et satisfait mais la saison est longue et j’ai déjà vécu un « passage à vide » en Juin.

Quelle différence cela fait concrètement ?

Concrètement, tu organises ton emploi du temps à partir d’une semaine vierge alors qu’avant c’était autour de mes heures de travail.
C’est pas du tout le même rythme de vie, avant je perdais 3h de transport par jour en semaine, ça fait 15h à répartir entre l’entraînement, le repos, les soins ou encore le soucis de bien manger et récupérer des séances.

As-tu senti un risque de surentrainement à passer à plein temps ? Dans le sens où c’était tout nouveau d’avoir un emploi du temps totalement consacré à ta pratique, cela peut vite arriver d’en faire beaucoup ?

Par expérience, je sais que j’ai une bonne caisse car j’encaissais des stages conséquent auparavant entre des semaines où je cumulais boulot et entraînement (si on additionne les heures de travail, de transport et entraînement il reste à peine de quoi manger/dormir). Je n’ai pas eu cette crainte, au contraire j’étais enthousiaste d’augmenter la dose d’entraînement.
Mon coach Greg Rouault est conscient de cela et n’est pas du style à mettre des charges insensées, il calcule les charges d’entraînement correctement pour nous laisser du repos lorsque l’on en a besoin.
Malgré tout ça, je n’ai pas été épargné par l’épidémie de grippe en décembre et j’ai traîné de la fatigue pendant des semaines suite à ça.

Une « grosse » journée type de Jérémy Quindos cela ressemble à quoi ? (hors stage)

Cet hiver c’était le lundi.
Levé 6h, dans l’eau à 7h pour 1h30 de natation. Ensuite un petit footing de 40min avant d’enchaîner sur la musculation.
L’après-midi sortie vélo 2h à 2h30 avec une petite séance, puis un enchaînement de 20/30min à pied facile. A la fin de la journée t’as entre 5 et 6h d’entraînement ça donne le ton pour la semaine !

Sur la saison t’as fait un sub30’ sur 10 km, un top 10 en GP, sur une Coupe d’Europe, 3ème au France Élite de duathlon, la saison est plutôt réussie ? Quels sont les objectifs désormais ?

C’est sûr je suis content de ces performances mais elles ont été réalisées en l’espace de 2 mois, ensuite ça a été plus compliqué avec ma forme. Le but est quand même de faire une saison complète et là j’ai l’impression d’avoir fait un pétard mouillé (« attention je vais être fort cette année…et ben non finalement »). J’ai à coeur de terminer cette saison comme je l’ai commencé, c’est à dire sur des performances notables.
Que ce soit sur le Grand Prix pour mon club ou sur des coupes continentales pour moi, je souhaiterais faire un sans-faute et je me suis préparé pour cela depuis Juillet donc maintenant croisons les doigts !

Une Coupe du Monde dans un coin de la tête pour prochainement ?

Sur le plan international, le but était de faire une coupe du monde en fin de saison si j’avais réalisé au moins 2 belles performances sur coupe d’Europe (aussi pour engranger assez de points ITU pour accéder à une coupe du monde). J’en ai fait une encourageante (8e à Las Palmas) mais la suivante moins relevée m’a laissé sur une 16e place (à Weert). J’espère faire une belle course à Valencia (8 Septembre) mais au niveau des points ITU ce sera encore trop juste dans tous les cas pour rentrer sur World Cup, même en fin de saison. Wait and see !

Afin que les lecteurs situent un peu mieux ton niveau de performance intrinsèque, peux-tu nous donner tes records en natation (400 NL/1500 NL) et course à pied (5000/10 000), cela donne quoi ?

Malheureusement en natation ça fait depuis junior que je n’ai pas de chrono officiel. Sur 400m je dois avoir 4’29 il me semble, et sur 1500m j’en ai fait un en 17’50 cet hiver pendant une série (petit bain les deux).
A pied, j’ai fait 14’57 en 2015 sur le 5000m des interclubs mais je suis passé 14’45 au 5e kilo de mon meilleur temps sur 10km (29’54) cette année.

Aujourd’hui, ta pratique quotidienne c’est le triathlon, est-ce que cela te permet d’en vivre financièrement ? La question de la précarité financière de « nos » élites nous intéresse beaucoup. (Pour rappel en 2016, la moitié des sportifs représentant la France aux JO vivait avec moins de 500 € par mois)

Non je ne vis pas du triathlon pour le moment, j’espère que cela changera rapidement !
J’ai travaillé en tant qu’ingénieur pendant plus de 3ans et je ne suis pas très dépensier donc sur le plan financier je ne suis pas dans la précarité fort heureusement.
Mais c’est une question importante en effet car cela ajoute/enlève une pression de réussite au quotidien et surtout le jour J. Ce facteur de stabilité financière joue beaucoup sur l’aspect santé mentale de l’athlète selon moi.

De notre côté on a fini, vois-tu quelque choses à rajouter ?

Merci pour l’intérêt que Trimes porte à notre sport et à toi pour cette interview !

Supplément : Vous pouvez suivre Jérémy dans sa pratique via ces différents réseaux avec les liens suivants :

Facebook

Instagram

Strava

Supplément bis : http://www.lepoint.fr/sport/jo-la-moitie-des-sportifs-francais-vivent-sous-le-seuil-de-pauvrete-20-05-2016-2040916_26.php

Aucun commentaire

Commentaire fermé