Ce week-end se déroulait les Championnats de France de Cross Triathlon, à l’issue de la course, Morgane Riou, qui venait de remporter l’épreuve est disqualifiée. Cette histoire a beaucoup, beaucoup fait parler.
On doit vous avouer que l’on ne souhaitait pas forcément faire d’article sur le sujet, qui, on ne va pas se mentir est épineux. On estimait que l’on n’avait pas tous les tenants et aboutissants pour juger de la situation, on ne voulait pas stigmatiser quelqu’un ou une fonction.
Ceci dit, après réflexion, on a décidé de faire article factuel : Les faits, ce que dit le règlement, les démarches en cours, ensuite chacun se fera son avis.
Notre but n’est pas de prendre parti pour le corps arbitral ou Morgane Riou, mais de donner suffisamment d’éléments pour que tout le monde puisse se faire un avis en connaissance de cause (l’objectif peut être prétentieux d’ailleurs).
Les faits
Morgane Riou remporte le Championnat de France de Cross Triathlon, puis quelques minutes après l’arrivée, elle se voit notifier de sa disqualification, en effet, elle a franchi la ligne avec son dossard non visible (dossard dans le dos).
Effectivement la faute est incontestable. Morgane Riou a franchi la ligne d’arrivée avec son dossard derrière. Cette photo ayant été prise lors de la fin du parcours lorsqu’elle « communiait » avec le public.
Suite à cela, il y a eu beaucoup de réactions, pour faire bref : « C’est n’importe quoi de disqualifier un athlète pour cela », ou « elle était en faute, c’est normal qu’elle soit disqualifiée, le règlement c’est le règlement ».
On pourra noter qu’au total, il y aura 9 athlètes disqualifiés pour ce fait, plutôt dans les premiers de la course, il s’agit essentiellement des premiers groupes d’âges.
L’information est importante, puisqu’au bout d’un moment un arbitre a été posté avant la dernière ligne droite pour indiquer aux concurrents de se remettre en conformité avant de passer la ligne.
Certains ont été disqualifiés, d’autre non, pour la même faute.
Voici pour les faits. Si quelqu’un pense que j’ai ommis quelques choses, n’hésitez pas le rajouter en commentaire.
Face à tous cela, nous ne sommes pas du genre à « aller vite en besogne », encore une fois, on estime qu’il est dur d’avoir un avis tranché sur la question, nous ne sommes par arbitres, nous n’avons pas été formé pour, alors on a décidé de creuser un peu et aller voir le règlement.
Ce que dit le règlement
Il existe deux règlements pour une course FFTRI, soit la Réglementation Sportive 2018, soit la Réglementation des Grandes Épreuves 2018 (les deux sont téléchargeables en libre accès sur le site de la FFTRI.)
Considérant que c’est un Championnat de France, on va s’intéresser à la Réglementation des Grandes Épreuves 2018 (basé sur la Réglementation Sportive Internationale + quelques amendements).
A noter et c’est important de le dire, dans la Réglementation Sportive 2018 (qui s’applique à toutes les épreuves FFTRI hors Grandes Épreuves Nationales), il est clairement affiché qu’un « concurrent qui franchit l’arrivée sans dossard lisible (et non visible) de face ne sera pas classé. » (Article 5.6).
Sauf qu’étant sur un Championnat de France, on ne doit pas se référer à ce règlement mais à celui des « Grandes Épreuves ».
Et là où cela devient plus complexe à juger, c’est que dans la réglementation des Grandes Épreuves il n’y a rien de spécifié sur le dossard lisible et non visible.
Il est spécifié que : « Les Arbitres Nationaux sont autorisés à déterminer des pénalités qui ne seraient pas dans la liste, cela en mesurant l’avantage gagné ou la dangerosité de la situation » (Article 1.3.2.1 Cadre Général).
Un arbitre à donc le droit de pénaliser (et pourquoi pas disqualifier) un athlète pour une faute non prévu dans le règlement s’il y a un avantage gagné ou si l’athlète créé une situation dangereuse.
On vous laisse vous faire votre avis concernant le fait que le dossard non visible sur la ligne d’arrivée rentre ou non dans ce cas de figure.
La réglementation des Grandes Épreuves prévoit un paragraphe sur les « infractions mineures » (« Objection Monsieur le Juge : Qu’est ce qu’une infraction mineure ?! »).
Et bien là, il n’y a rien de documenter là-dessus. Alors pour rester dans le factuel on va faire un petit saut en avant dans le règlement pour aller à la case « Disqualification » : « La Disqualification est une pénalité appropriée pour les fautes graves, répétées, entrainant un danger ou un comportement antisportif ».
On vous laisse juger de savoir si la faute de Morgane Riou est une faute grave, répétées, entrainant un danger ou un comportement antisportif ou encore comme cité plus haut étant sur une faute hors liste il y aurait un avantage gagné ou situation dangereuse.
Si l’on décide que c’est le cas, Morgane Riou (et les autres concurrents ayant commis la faute) doivent factuellement être disqualifier.
Si l’on décide que ce n’est pas le cas, on revient à la notion d’ « infraction mineure ». Dans le règlement des Grandes Épreuves il y a une notion d’avertissement qui est exprimé (pour faute mineure) :
« Le but d’un avertissement est d’avoir une attitude de prévention avant que la faute soit commise. Un Arbitre peut aussi faire un avertissement pour des infractions mineures
L’arbitre suit la procédure suivante :
- Coup de sifflet pour capter l’attention ;
- Annonce du Numéro et/ou Monsieur/Madame
- L’athlète s’arrête si nécessaire et est attentif à la demande de l’arbitre ;
- L’athlète poursuit sa course immédiatement après l’avertissement» (Article 1.3.2.2).
Si l’on se réfère à ce point de règlement, Morgane Riou aurait dû écoper d’un Stop and Go ou carton jaune de remise en conformité. Cela n’a pas été le cas.
A vous de juger si la faute de Morgane Riou est une faute grave ou une infraction mineure.
Le recours en cours
Morgane Riou et son entourage considèrent que cela relève d’une infraction mineure, et donc qu’elle ne mérite pas cette disqualification, qu’il y aurait dû avoir une demande de remise en conformité avant de passer la ligne.
A savoir qu’il y a une possibilité de recours auprès de la Commission Sportive Nationale pour ce genre de cas, et que l’athlète dispose de 5 jours ouvrés pour se manifester. Un dossier doit être envoyé (ou est déjà envoyé d’ailleurs).
En cas de refus de la Commission Sportive Nationale de changer cette décision arbitrale, il y a possibilité de faire appel de la décision, et demander une conciliation auprès du Comité Nationale Olympique du Sport Français.
Voilà, vous avez normalement tous les éléments pour vous forgez votre avis. N’hésitez à apporter un complément d’information en commentaire si vous estimez cela nécessaire.
Le mot de la fin serait … L’an prochain on passe sur du tatouage sur toutes les épreuves nationales ? (Mais on ne sait pas ce qu’il en coûte).