» Je ne comprends pas Monsieur, ma radiographie de contrôle ne révèle rien d’anormal et pourtant, j’ai toujours mal, que se passe-t-il? »
Qui n’a jamais été confronté à cette situation à sa reprise post blessure: la persistance de gênes, voir de douleurs, alors que l’examen clinique et les bilans d’imagerie ne montrent que des voyants verts?
Souvent déroutant pour les patients et athlètes, le cas de figure se présente pourtant très régulièrement. Nous allons donc tenter de vous donner quelques clefs de compréhension simples au travers de ce papier, en prenant en compte ce qu’on peut trouver dans la littérature actuelle.
» La douleur est une sensation et une expérience émotionnelle désagréable en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrites en ces termes » – International Association for the Study of Pain
La douleur est un système d’alarme servant à nous protéger, qui peut être plus ou moins sensible en fonction de la situation. Lorsque vous vous blessez, c’est à dire lorsqu’il y a une lésion tissulaire, vous sensibilisez votre système nerveux aux différentes agressions que votre corps pourrait rencontrer: sur le site de blessure (inflammation locale, sensibilité à la pression, au mouvement etc.) & au niveau du centre de gestion du système nerveux.
En d’autres termes, votre système tout entier devient plus sensible à un stimulus: à l’image d’un détecteur de fumée qui se serait adapté et qui sonnerait à l’allumage de la plaque de cuisson, afin de vous avertir d’un danger potentiel. Gardons tout ceci en tête et revenons à un fonctionnement plus « classique ».
Dans une période habituelle votre système nerveux vous avertit de la probabilité de se blesser avant même que cela n’arrive: c’est-à-dire qu’une douleur peut survenir sans blessure, afin d’anticiper votre douce folie 😉
Comparons un effort à une ascension: Le groupe Neuro Orthopaedic Institute (NOI) parle de « Seuil de Protection Par la Douleur- (PPD) ». Il s’agit d’une sorte d’avertissement en réponse à une charge donnée, vous prévenant du danger tissulaire à venir, à une altitude que vous ne pourrez pas tolérer: cette dernière étant bien entendu fonction de votre entraînement, de vos capacités intrinsèques, de l’état de forme du moment etc.
Lorsqu’une blessure survient le Niveau de Tolérance Tissulaire (NTT) diminue et reste diminué à posteriori pour X raisons (immobilisation, diminution des contraintes, …) mais le Niveau de Protection par la Douleur Aussi (NNPD)
Votre système nerveux est alors devenu plus sensible pour une contrainte qui peut vous paraître très commune.
Cette sensibilisation peut expliquer une reprise douloureuse alors même que votre guérison est terminée. Cela ne signifie pas systématiquement que vous avez un problème physique mais que la contrainte est inadaptée pour le moment.
Plusieurs possibilités s’offrent alors pour repousser ce nouveau seuil de protection par la douleur:
- Exercices différents de celui qui est douloureux (ex: Elliptique, Vélo, Marche vs Course à pied si gênante)
- Exposition graduelle aux contraintes: durée d’entrainement progressive, vitesse, terrain …
- Détournement d’attention: home-trainer/tapis, exercices avec une stimulation visuelle (télévision, jeux, VR …)
- Mobilisations actives, Thérapie manuelle …
- Musculation (mise en contrainte progressive)
- Aménagement du geste sportif
- Aide externe: port d’orthèses, kinesiotaping, strapping …
A l’aide de ces propositions concentrez vous sur de nouveaux objectifs plutôt que sur celui de ne plus avoir mal.
Bon entraînement, en gérant l’altitude !