Course exceptionnelle, article exceptionnel (enfin ce sera à vous de juger) ! Les Équipes de France ont régalé tout le monde ce week-end, 2 titres en Duathlon, victoire en WTS + 3 autres français dans les 10 chez les hommes, c’était un peu le feu d’artifice.
Difficile d’avoir la tête partout, mais chez Trimes, j’écris (quasiment) uniquement sur le duathlon, et on va s’en tenir à cela.
Samedi se déroulait donc le Championnat du Monde de Duathlon à Pontevedra en Espagne. Dans cet article on reviendra sur la course homme.
Le contexte
L’Équipe de France arrive à Pontevedra en territoire connu, Benoit Nicolas et Sandra Levenez y ont déjà remporté un titre mondial ici en 2014, et notre Équipe Homme semble très en forme. Yohan Le Berre et Benjamin Choquert tienne la forme de leur vie, et Benoit Nicolas n’est jamais a enterré sur un Championnat, d’autant plus que ces dernières sorties ont été probante.
Ce qu’il y a de génial avec un Championnat du Monde à Pontevedra … C’est la diffusion ! La diffusion de la course est assurée par la chaine TV la Liga Sport, je ne suis pas expert en chaine de TV ibérique, mais je pense que cela reviendrait à avoir une diffusion sur l’Équipe 21 en France ? (N’hésitez pas à me dire si je fais fausse route).
C’est donc la seule fois de l’année où l’on prend son pied à mater du duathlon, diffusion HD, motos suiveuses, commentateurs, les noms des athlètes qui s’affichent à l’écran, les écarts … bref la totale ! Je serai assez pour un Champion du Monde tous les ans là bas rien que pour la qualité de diffusion, nos athlètes le méritent.
On nous offre comme à l’accoutumé un format 10 km – 40 km –5 km au niveau international avec drafting, de quoi bien profiter de cette course qui se court aux alentours des 1h45 pour la tête !
Le 10 km – 40 km – 5 km n’est plus couru au niveau national, il avait refait son apparition en 2015 sur un GP, j’espère qu’on reverra un France sur ce format international un jour, je suis sur que cela attirerait foule d’athlète.
Et pour finir, pour un dernier élément de contexte, la start-list. 39 athlètes au départ chez les hommes, c’est faible, malheureusement toutes les fédérations ne jouent pas le jeu. Mise à part la France qui emmènent 3 athlètes (et pas n’importe lesquels), l’Espagne pays organisateur qui alignent 7 athlètes et nos amis belges avec 4 athlètes au départ (à noter qu’ils ne sont pas tous financés par leur fédération côté belge), personne ne joue le jeu.
Ces dernières années on avait eu des start list avec des triathlètes de niveau mondial qui venait s’aligner sur les Monde, je pense à Schiling, Buckingham, Murray, Briffod, Diemunsch, cela densifiait la course et amenait de nouvelles têtes, mais les courses étaient placés juin, juillet, ou août, peut être une date plus propice pour ramener davantage de monde au départ ?
Bon … ET LA COURSE ?
Càp 1 – 10 km : La péna du Yoh, fallait pas les énerver.
La veille au briefing, Yohan Le Berre est arrivé en retard, plutôt que de lui infliger 30 pompes en apnée, le règlement le sanctionne pour la course du lendemain, il aura 15 secondes de pénalités à l’issue de sa càp1.
Et cela conditionnera la càp1 du lendemain, en effet, afin de limiter l’impact de cette pénalité, il décide conjointement avec Benjamin Choquert de courir plein gaz la première à pied afin de prendre de l’avance.
10 km annoncés, chrono de 29’07 d’après le chronométreur pour la première à pied, il y avait cependant légèrement moins, d’après les intéressés, on peut partir sur 9.8 km du départ au tapis de transition … on court donc sur une base 2’58/2’59 la première à pied pour la tête … Ce qui est clairement stratosphérique, et repousse les limites de ce qui se faisait avant.
Si vous avez suivi le live vous avez vu que le circuit n’était tout plat, et qu’il y avait de petites relances, rues pavés etc. Le parcours n’était pas lent, mais il n’était pas rapide non plus.
J’avais pour habitude de considérer que sur un Monde, une première à pied se courrait base 3’03/3’05 pour la tête… mais là Benjamin Choquert, et Yohan Le Berre ont mis la barre très très haute.
Pour les septiques, lorsque Benjamin Choquert a établi son PB sur semi en 1h02’’46 il passe en 29’45 au 10 km, ce qu’est totalement cohérent par rapport à sa course de samedi, ils sont au seuil moins quelques « puls », en bref ils sont à l’aise à 29’45 sur 10 km, en bref, fallait pas les énerver !
Et derrière ? Un groupe de 9 athlètes arrivera avec une 50ène de seconde de retard. Cela peut paraitre beaucoup, mais ils ne se sont pas regardé derrière ils viennent d’enquiller un 10 km en 30’30 !
T1 – La transition loupée de Y. Le Berre
Non ce n’est pas vrai, mais l’écrire me faisait rire, il excelle tellement dans ce domaine ! Yohan doit simplement effectuer sa pénalité reçu la veille. En considérant sa pénalité de 15 secondes, et le fait qu’il ressort à 13 secondes de Benjamin Choquert qui est celui qui a le mieux transitionné, il transitionne donc encore mieux. Vous vouliez une transition loupée de Yohan Le Berre faudra repasser.
Vélo – 40 km : France vs reste du Monde
Ils ont de l’avance (beaucoup), mais maintenant il reste 40km à parcourir, on peut se dire que la course est pliée, mais derrière ce sera loin d’amuser la galerie.
On verra ce que l’on voit que trop rarement en duathlon (par manque d’effectif et de densité), un vrai contre organisé qui roule fort. Belle image que de voir la sélection espagnole en file indienne à 5 à prendre de gros relais, et les belges qui prennent la suite.
Devant il y a de la qualité avec Yohan Le Berre dont on connaît les qualités cyclistes, mais Benjamin Choquert tire ses relais et paraît aussi très bien. Mais le déséquilibre est trop important, les poursuivants reprennent 30 secondes au tour et l’on assistera à un regroupement entre nos 2 français et le groupe de chasse, il reste alors 25 km à effectuer.
On verra ensuite des successions d’attaques sur le vélo, une course très offensive des Espagnols qui à domicile font le spectacle. Et dans le dernier tour ils sont 2 à faire la différence : Liam Loyd (Team GB), et Thomas Cremers (Pays-Bas).
Les deux compagnons du jour écrasent la pédale et derrière cela se regarde. Honnêtement je ne connaissais pas ces deux athlètes, mais visuellement cela envoie, mention spéciale au Britannique qui semble très très fort dans la discipline. Ils rentreront avec une 30ène de secondes d’avance sur le reste de la troupe.
Càp 2 : Benjamin Choquert, le Super Saiyan de Lorraine.
Le britannique Loyd fait de suite la différence sur Cremers qui accuse le coup de cette fin de vélo épique. Difficile de lire la foulée de Liam Loyd, la fréquence n’est pas élevé, il est massif donc visuellement cela semble lourd mais on voit qu’il y a du pied et que cela envoie quand même, et son allure est clairement élevé, un peu une foulée à la Raoul Shaw vous voyez ?
Derrière peu d’images, jusqu’à la fin du premier tour, et finalement on voit notre Benjamin Choquert (allez soyons fou on se l’approprie) qui déboule comme une fusée, il a quasiment bouché les 30 secondes qui le séparait de Loyd, le britannique va vite, mais Choco ne touche plus le sol, il vole.
En fait Benjamin Choquert court à 20 km/h tout simplement. C’est un 2.5 secondes/km plus vite que ses plus proches poursuivants (Emilio Martin, Angelo Vandecasteele), et 7/8 secondes au km plus vite que le reste du top 8.
J’avais titré en 2017 lors du dernier sacre de Benoit Nicolas qu’il avait atteint « la zone », une sorte d’état grâce où rien ne peut plus t’arriver, une transe irréelle où tu restitues 100 % de l’instant T et que c’est cet état qui lui avait permis de gagner.
Benjamin Choquert lui n’était pas « la zone », il était simplement au dessus de la concurrence, personne ne l’a poussé dans ses retranchements, il a atteint l’apogée de sa forme pour ses Monde et ira cueillir son premier titre de Champion du Monde.
Rare image d’un athlète facile à 20 km/h sur cap2 d’un Championnat du Monde :
Derrière que se passe-t-il pour le podium ? Loyd se fait revoir par Angelo Vandecasteele mais aussi Emilio Martin, on pense les places figées mais Emilio sort un finish de miler incroyable. Angelo sort un dernier 200m en 29 secondes mais se fait griller la politesse par Emilio, sublime final ! (Pour infos Emilio Martin dans son passé athlétique c’est 3’39 au 1500, ceci explique cela !)
Le valeureux Britannique Loyd finira 4ème, devant Yohan Le Berre 5ème et Benoit Nicolas 7ème.
Que retenir de ces Monde ?
Évidemment la magnifique victoire de Benjamin Choquert, il remporte son premier titre de Champion du Monde, sans doute pas le dernier !
Pour Yohan Le Berre, vice Champion du Monde l’an dernier c’est une déception, mais il était un léger ton en dessous du podium cette année, clairement il ne faut pas trop s’en faire pour lui, je suis sur qu’un jour il ira chercher cette médaille d’or sur un Mondial.
Pour Benoit Nicolas, c’était ses 9ème mondiaux, il finit 7ème , cela reste le plus grand palmarès du duathlon français, 2 titres mondiaux, 3 titres européens, la seule chose que l’on souhaite, c’est de le voir avec une breloque aux Europe en juillet, et finir sur une victoire en GP en Septembre avant un … jubilé sur un match Valenti / Nicolas sur un France de cross en Mars 2020 ?!
PS : C’est bon, vous l’avez la ref ?
NB : Première victoire de Gonfreville par équipe depuis 2 ans, comprendra qui pourra.