Présentement mardi, pour une course qui a eu lieu samedi en début d’après-midi, à l’heure de l’information instantanée, mon article semble déjà dépassé !
Oui mais voilà, un article comme j’ai pu le faire pour la course homme c’est 3h … et 3h faut trouver le temps, plus les nombreuses relectures, et oui malgré toutes les trop nombreuses fautes qu’il reste dans mes articles, je passe tout de même un peu de temps en relecture … (cela laisse imaginer le niveau ortho du gars).
Écrire (de la qualité ?) prend du temps ! J’essaierai de vous faire vivre au mieux la course femme de ce Championnat du Monde Duathlon.
La plupart des éléments de contexte sur ce Championnat sont abordés dans le précédent article … mais le GROS point noir a abordé de ce Championnat du Monde femme c’est la start list : 16 filles au départ dont 5 U23, 11 élites dont 3 françaises, nos françaises représentent 27 % des élites au départ, j’ai mal à mon duathlon.
Où sont les Espagnoles pourtant à domicile ? (3 au départ pour 2 U23)
Où sont les Belges ? Aucunes partantes au départ.
Où sont les Pays Bas ?
Ce sont 3 nations « fortes » que l’on retrouve en général chez les hommes au départ, la seule fédération qui a joué le jeu c’est bien la France. C’est dommage parce que le duathlon ne peut pas exister dans ces conditions, alors que pourtant rentrer dans le top 5 de ce Championnat c’est costaud. La densité n’est pas là, mais le niveau lui est bien présent. Je peux vous assurer que nombre de triathlètes de niveau internationale se casseraient les dents sur Sandra Levenez.
Quand je vois que j’ai appris hier que la course élite des Championnats d’Europe de Juillet aura lieu sur distance sprint (5km-20km-2.5km), sans commentaires, les mots me manquent …
Mais, WHAT ABOUT THE RACE ?! (lisez le avec un accent bien franchouillard)
Cap 1 – 10 km : Le rythme infernal de S. Levenez
« Qui m’aime me suive » , mais sur cette première càp, pas grand monde n’aimait Sandra visiblement, en fait quasiment personne ne peut suivre le rythme imposé par la Bretonne.
Elle se savait en forme en course à pied, et le démontre, seul Sandrina Ilès, l’autrichienne, Championne du Monde sortante peut tenir le rythme … Quel rythme ? 3’23 au kilomètre tout simplement.
En considérant qu’il y a 9.8 km sur la première à pied, et vu le chrono de Sandra, on court sur une base de 33’50 et seul l’Autrichienne a le niveau pour suivre.
La stratégie de Garance Blaut était de tenir Sandra sur la première à pied … Mais voilà 33’50 sur 10 km c’est plus ou moins son PB sur 10km sec, c’est déjà (très) costaud (4ème au bilan 10 km 2019), mais elle doit se résoudre à baisser le rythme ne pouvant pas suivre.
C’est la pire des situations, ni avec la tête, mais devant les poursuivantes, on se dit toujours que de toute façon on devra attendre ceux de derrière mais qu’on vient déjà de griller une belle cartouche.
Un 10 km base 33’50 pour Sandra cela te place dans top 3 français sur la distance en 2019 … mais un peu à l’instar de Benjamin Choquert, et Yohan Le Berre qui ont couru très fort càp 1, pour Sandra c’est une allure seuil – 2/3 pulsations, en bref c’est une allure passage semi marathon pour elle (d’ailleurs Sandra à quand un semi ?).
Derrière Garance Blaut arrive seule à T1, 38 secondes derrière, cohérent, arriveront ensuite notre 3ème française Marion Legrand et une Vénézuélienne, 1’21 de retard sur la tête et 43 secondes après Garance.
Vélo – 40 km : La course sans drafting de Sandra Levenez
Sandra se retrouve donc en tête avec Sandrina Ilès, la championne du monde sortante, qui était impressionnante de facilité à cap1 malgré l’effort soutenu. L’autrichienne n’est pas connu pour être foudre de guerre sur le vélo, et adopte souvent une stratégie assez passive sur le vélo qui consiste à essayer de suivre Sandra Levenez sans l’aider.
Mais voilà, Ilès a un titre à défendre, et prendra ses relais avec Sandra face à l’insistance de la française. Première bosse, Sandra monte au train, Ilès craque, notre française comprend que désormais elle peut, doit finir sans compter sur l’autrichienne, elle durcit le rythme et s’envole seule. Une nouvelle course commence, 35 km contre la montre.
Derrière, pour Garance, consciente que boucher le trou seule sur la tête n’est pas jouable, elle adopte la meilleure stratégie, rouler à un rythme « moyen » pour encaisser le premier 10 km, s’hydrater, s’alimenter,récupérer au mieux en attendant les poursuivantes.
Chose faite au bout du deuxième tour vélo avec un groupe de 5/6 tiré par Marion Legrand. Les deux françaises tirent ce groupe mais ne trouve pas d’alliées, les autres concurrentes sont sans doutes à bloc. Rapidement elles rejoignent Sandrina Ilès qui n’a pas pu suivre le rythme de Sandra Levenez.
Sandra maintiendra son rythme « chrono » jusqu’à la fin du vélo, concentrée sur son effort, et creusera petit à petit son avance, elle construit aussi son futur titre, elle rejoint T2 avec 1’50/2’ d’avance.
Que se passe-t-il derrière ? Un groupe où figure Garance Blaut, Marion Legrand, Sandrina Ilès ainsi que quelques autres concurrentes, mais personne ne roule, alors Marion Legrand passe à l’attaque,suivi de sa coéquipière dans la difficulté du parcours. Elles finiront le vélo à 3 arrivant pour la deuxième place.
Càp 2 : S. Levenez récite sa leçon, G. Blaut bronzée prend de l’expérience
Sandra a beaucoup d’expérience, elle sait clairement qu’avec quasiment 2’ d’avance le titre est pour elle, mais sa seule volonté du moment c’est finir propre, quitte à être Championne du Monde, autant y mettre la manière.
Cette idée de courir « placé », relâché occupera son esprit pour se retrouver face à la ligne, face à son titre, atteindre ce niveau c’est énormément d’investissement quotidien, mais ce moment face à ta victoire, face à la ligne c’est quelques choses secondes, c’est furtif mais furieusement intense : Championne du Monde, 2ème fois, encore à Pontevedra, comme à la maison.
Derrière ce n’est pas vraiment le même « game », si tout paraît facile pour Sandra, la course pour le podium s’annonce moins confortable.
Garance Blaut loupe un peu sa descente du vélo et conditionne une mauvaise transition (elle perd deux secondes) sur Marion Legrand, et Sandrina Ilès.
Ces deux secondes ne seront pas préjudiciable, Sandrina Ilès part fort, et montre de suite qu’elle est la meilleure coureuse, l’écart de niveau est encore trop important.
G. Blaut avoue être dans le dur sur cette 2ème à pied, comme Marion Legrand, mais les Stadistes n’ont pas une grosse expérience du format Championnat du Monde, 2x plus long que ce qu’elles connaissent en GP.
Mais la logique de la càp1 est respectée et Garance Blaut prend le dessus sur sa coéquipière pour se parer du bronze et de sa première médaille internationale, devant Marion Legrand finalement 4ème.
Que retenir de ce Championnat ?
Un magnifique titre de Sandra Levenez bien sûr, mais aussi une superbe Équipe de France, avec le bronze de Garance Blaut, et la 4èmeplace de Marion Legrand, on aimerait tellement que les autres fédérations jouent davantage le jeu et avoir une course avec une 30ène d’athlètes au départ. Je me répète, la densité n’est pas là, mais pour aller chercher un podium il faut vendre chère sa peau !
Ah j’oubliais, cela veut dire quoi « Sandra fait du Levenez » ? :
- 1ère càp à bloc
- Vélo seule
- 2ème càp propre
Bon tout cela ne nous dit pas quand est-ce qu’elle tente la couronne mondiale longue distance à Zoffingen !