JOs 2021 > Domestique & Propagande, scénario toujours d’actualité.

On se dit fréquemment que l’impact des Jeux Olympiques est démesuré sur le triathlon. Pourtant, cela reste totalement logique puisque sa forme actuelle a justement été imaginée et conçue pour les Jeux Olympiques.

Et il y a la partie du financement… Que cela soit avec l’ITU dont la majorité de son financement vient du Comité Olympique. Dans le cas des fédérations nationales, elles sont surtout dépendantes des résultats aux JOs.

Une médaille et le sport gagnera en popularité, sponsors et financement publique. Plusieurs contre performances et on se rapprochera de l’indifférence pour beaucoup. Afin de sauver les meubles, les fédérations rentrent souvent dans des mécanismes de propagande en exagérant leurs chances de médailles et de protection en se rejetant leur emprise sur l’avenir des athlètes. Elles doivent aussi prendre certaines décisions qui ne sont pas pour le bien de tous. Le haut niveau est cruel. Rien de nouveau.

Dans ce scénario à la vie ou à la mort, c’est indirectement le résultat d’un athlète qui décidera du prochain budget et donc de la masse salariale pour le prochain cycle olympique.

Qu’est-ce que tout cela veut dire?

Le triathlon est un sport totalement irrationnel. Puisque dans sa méthode d’attribution de dossards olympiques, il laisse le choix aux fédérations d’envoyer des athlètes. Quel est l’intérêt? Lorsque tu as un athlète dominant, tu veux être en mesure de contrôler la dynamique de course ou de le ramener à l’avant à vélo.

Lors des Jeux de Beijing, on était déjà habitué au principe de domestique, l’une de ses premières utilisations médaillées fut avec Simon Whitfield et le Canada.

Déjà à l’époque, cela faisait polémique puisque cela imposait aux deux autres athlètes de courir avant tout pour aider Whitfield. Le Canada avait sélectionné Colin Jenkins et Paul Tichelaar avant deux autres athlètes pourtant très prometteurs à l’époque soit Brent McMahon et Kyle Jones. Brent McMahon avait fini second lors de la coupe du monde d’Edmonton. Malheureusement, cela ne rentrait pas dans les critères de sélection… Si ce choix a permis au Canada de gagner une médaille d’argent, face aux différentes polémiques, cela a marqué à jamais plusieurs athlètes et précipité la fin de leur carrière.

À chaque olympiade, le principe de domestique est remis en avant alors qu’on ne sait pas réellement s’il est efficace. Dans les faits, il permet avant tout d’éviter une compétition interne où les athlètes pourraient se nuir.

Dès lors qu’une nation est dense, c’est donc devenu une manière pour un athlète/entourage de bloquer la participation d’un rival aux JOs et c’est avant tout ce qui nous dérange de plus en plus.

Comme certains de nos lecteurs nous l’ont mentionné, il y a actuellement une situation particulière avec la Grande Bretagne. Si Jo Brownlee est déjà qualifié, il y a encore une ou deux places à attribuer et il a clairement une préférence pour son frère Alistair et Tom Bishop.

Dans le cas d’Ali et malgré l’incertitude sur sa capacité à revenir a son top niveau, difficile de ne pas sélectionner un double champion olympique. Dans le cas de Tom Bishop, être au départ de Tokyo serait déjà une victoire en soi. De ce fait, le rôle de domestique est déjà acté.

Tout cela signifierai que c’est le talentueux Alex Yee qui passerait à la trappe. Auteur d’une quatrième place à Yokohama, il est l’avenir du tri britannique. Dans le cas de non sélection, Jo Brownlee se retrouve avec un adversaire en moins. Est-ce que cela correspond à nos valeurs du sport? Déjà à Londres, la fédé avait préféré Stuart Hayes a Tim Don ou encore WIll Clarke (deux athlètes avec des podium en WTS).

Prenons le cas de la France. Elle n’a pas publiquement offert des critères d’accès à la sélection lors de Yokohama. Elle aura un choix déchirant à faire. Pierre Le Corre, Dorian Coninx et Léo Bergère nous ont tous démontré qu’ils pouvaient monter sur un podium en WTS. Est-ce que les sélectionnés n’ayant pas rempli les critères d’accès deviennent alors des domestiques pour Luis?

Peut-être que oui, peut-être que non. Ce qui nous sera dit ne sera probablement pas la vérité. On rentre dans la période du Poker Menteur. Chose certaine, les deux autres athlètes ne seront pas à 100% libres dans leur prises de décisions durant la course. Si Benjamin Maze évoque le concept d’intelligence collective, on reste sceptique.

En clair, c’est tout pour Luis?
« Ce n’est pas manquer de respect de dire qu’il est le meilleur, même si les autres peuvent aussi faire un podium. Il faut que tout le monde participe à une synergie qui va vers l’avant. C’est un projet, c’est un partage. » – Benjamin Maze, DTN dans l’équipe.

Malheureusement, il faut aussi être l’avocat du diable et donner le bénéfice du doute. À vouloir jouer trop de cartes, on peut aussi se nuir. Pour la FFtri, le meilleur scénario est peut-être de ne pas vouloir contrôler la course. La victoire de Luis en distance olympique (Gold Coast // Rotterdam – Grande Finale) est arrivée avec le meilleur temps en course à pied et sans marge sur Mario Mola. Deux années où Luis a été moins constant durant la saison et permet à l’athlète de se focaliser sur les Grandes Finales.

Yokohama était particulièrement interessante avec le cas des norvégiens. On a vu Kristian Blummenfelt rejoindre rapidement à vélo le groupe des nageurs. Dans cette occasion rare, il est pourtant resté très sage à deux roues parce qu’il a voulu laisser Gustav Iden revenir à vélo. Kristian altruiste? Il savait avant tout qu’il pouvait aussi faire la différence en course à pied face aux meilleurs et que quelque soit le scénario, il était prêt. Est-ce qu’il aurait agi différemment aux JOs?

Qu’est-ce que tout cela signifie? On est revenu à l’intox et à la propagande.

Il est vraiment très compliqué de comparer des performances, mais le temps de course à pied de Blummenfelt atteint selon nous des nouveaux sommets. Il gagne d’ailleurs devant des athlètes dont leur point fort est avant tout la course à pied.

Après course, on a lu plusieurs propos dont la fonction était avant tout de protéger des statuts et de ne pas souligner le niveau de performance de Blummenfelt. C’est la carte qui ne faut pas trop user parce qu’elle peut se transformer en pression ingérable.

Domestique, pas domestique, certaines nations comme l’Espagne préfèrent ne pas intervenir. Dans le passé, Mola n’a jamais reçu d’ordre pour favoriser les chances de Gomez.

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