Il me fallait bien ça pour me donner envie d’écrire à nouveau…
Denis Chevrot m’a tenu en haleine pendant presque huit heures et tout au long d’un marathon fantastique dont il a le secret. Un marathon qui m’a valu une bonne scène de ménage au passage car il s’est terminé pendant le sacro saint repas du dimanche soir, ordinateur sur la table et yeux rivés sur l’écran à manger « façon robot », le repas pourtant préparé avec amour par ma copine… Si vous voyez ce que je veux dire…
Mais reprenons dans l’ordre ! L’Oklahoma était hier « the place to be » du triathlon longue distance. Les championnats Nord Américain affichaient une start list longue comme le bras avec un mélange d’anciens costauds type Andy Potts ou Bart Aernouts, d’athlètes en devenir style Baakkegard, Angert et de nouvelles terreurs comme Sam Long, sans oublier « l’autre » extra terrestre de l’Ironman avec Frodo : Patrick Lange… Bref, dans ce contexte, nos trois petits frenchies, Chevrot, Jarrige et Costes ne pesaient pas bien lourd surtout que pour Yvan c’était le baptême du feu sur la distance, qu’Antony restait sur un DNF et que Denis n’avait pas été transcendant sur son dernier 70.3.
Je voyais pourtant d’un bon présage la météo très « Stéphanoise » d’hier et enfourchais donc mon home trainer « au sec » mais avec appétit au moment où tout ce beau monde débutait un bonne partie de manivelle… Denis avait sorti sa natation habituelle aux avant postes et Antony lui aussi était dans le mix tandis qu’Yvan laissait quelques plumes dans le Keystone Lake.
Je sais que, de plus en plus, les débuts vélo sur Ironman sont violents mais, malgré tout, je faussais compagnie à tout ces gros moteurs pendant un peu plus d’une heure, pour partir du coté de Lisbonne, le temps de voir sur triathlonlive, à quel point Nikola Spirig est une championne d’exception. Trente neuf ans, Bientôt cinq J.O, trois gosses à la maison, Juge de son état… la machine Suisse va « presque tranquillement » effacer en vélo une bonne minute de retard en natation dans une course de niveau coupe du monde avec drafting, puis venir cueillir la victoire à pieds. Propre, net… mais aussi illustrateur sans doute, de la réalité du niveau vélo féminin ou les quelques filles « au dessus » comme Spirig, Duffy ou, dans une moindre mesure Learmonth, se baladent sur deux roues… Chose absolument impensable en coupe du monde chez les garçons.
Bref, un coup de zappette pour revenir sur FaceBook et j’aperçois en gros plan Antony Costes jouer les gros bras aux cotés de Baakegard, Lange et Anger… Pas rassuré pour autant car je commence à connaitre la fougue du Toulousain. Avec lui, de temps en temps, ça peut passer… mais souvent, malheureusement, ça casse. Hier, Antony, malgré un chute en vélo, tiendra son rêve jusqu’au premier quart du marathon et puis, plus de son, plus d’image, mais la volonté de finir la course pour faire honneur à tous les Ironmen du jour.
Derrière, Denis a prit son rythme mais ne perd pas temps que ça et voit revenir sur lui Yvan presque en même temps que Sam Long, « LA » nouvelle terreur sur deux roues du longue distance.
J’aime bien ces deux mecs, je suis content à l’idée de les voir rouler un bout du vélo ensemble mais ça ne va pas durer, le trackers de Jarrige va tout d’un coup s’immobiliser… Et je pense à un abandon sur problème mécanique car on doit être environ à peine au tiers du parcours vélo.
Je m’accorde quand même une bonne douche pour me remettre de mes 2h de home trainer puis me cale tranquille dans le canapé avec quelques chips, un Coca, le tracker dans une main et la TV en face. Antony semble me faire mentir et joue toujours devant jusque’à T2 et le début du marathon, Denis accuse un retard pas insurmontable et Yvan à réussit à repartir après 45 bonnes minutes d’arrêt sans doute avec l’objectif de finir son premier Ironman. Il y parviendra avec en plus un excellent marathon en étant seul derrière… Bravo Mr Jarrige, cette course comptera pour la suite c’est certain !
Bon, à partir de là, je dois l’avouer, ce fut du velour pour moi. Je connais bien Denis, je ne saurais l’expliquer mais parfois, « je sens » ce qui se passe (je sais, ça fait prétentieux, un peu extra lucide, et surtout facile à dire après la course, mais il y a de ça quand même…). C’est un des rares mecs, même à ce niveau, capable de courir en négativ split lorsque qu’il est dans un grand jour sur half ou Iron. Mais hier, mes calculs savants au fil de la cap n’arrivaient à la placer « que » 7ème, puis 5ème sur la ligne au mieux. Déboulonner un Bart Aernouts, dans ce qui est, pour lui aussi, son exercice favori : la remontada improbable en course à pieds, et aller cueillir la quatrième place, m’a laissé sur le cul… Et ce matin, en regardant le STRAVA de Denis pour constater que les 42 km y sont réellement, ses 2h36 (nouveau record mondial en la matière ?), me laissent pantois.
Bien sûr, Patrick Lange à couru en contrôle la fin de son marathon pour signer quasi le même chrono et s’affirme, de mon point de vue, comme la vraie seule menace pour Jan Frodeno sur Iron, mais la course de Denis a été exceptionnelle et il ne manquait pas grand chose pour qu’il pique la dernière place du podium à Daniel Baekkegard qui va finir son marathon avec plus grand chose dans le moteur.
Médaille en chocolat certes mais une qualif pour Hawaii amplement méritée au vu de l’engagement sans faille de l’élève de Christophe Bastie.
Ca valait bien au minimum une matinée d’écriture le lundi de Pentecôte, une énième scène de ménage au petit déjeuner et… un article !
Chapeau Denis !