Première édition de la Collins Cup. Comme cela l’a été répété à plusieurs reprises, c’est un tournant pour le sport puisque c’est probablement l’initiative la plus ambitieuse afin de changer ce sport.
Mais ils cherchent quoi au juste?
On a jamais vu autant d’argent dans la dotation (1.5 millions) mais aussi dans la production d’un événement. La Collins Cup est la raison d’être pour la PTO (Professional Triathlon Organisation). Depuis les 18 derniers mois, la PTO a constamment bonifié et supporté des courses indépendantes. À un moment, on se demande comment il est possible de dépenser autant.
L’objectif est assez simple dans les faits, la PTO veut devenir une sorte de PGA (Golf) ou encore d’ATP/WTA (Tennis). PTO rêve de produire plusieurs évènements majeurs chaque année où des diffuseurs finiront par acheter les droits où encore vendre des droits de sponsoring. Il y a déjà eu Challenge Dayton, puis la Collins Cup, à suivre.
Sans dissidence?
La PTO a en quelque sorte « acheté » les médias internationaux en invitant tout le monde. Ils sont tous devenus des ambassadeurs. Dans notre cas, on va vous le dire tout de suite, la formule est très prometteuse, mais très compliquée à suivre. Certains concepts sont un peu bidon, comme la capacité des capitaines à communiquer avec les athlètes… Est-ce que cela a vraiment fonctionné?
Et puis les moments tournants, est-ce qu’on les a vraiment vu? Dans certains 1-1-1, on a un peu l’impression de n’avoir rien vu. Le match numéro 3 avec Jackie Heiring, Anne Haug et Jeanni Metzler est celui où elles se sont le plus échangées leur place. On a pourtant presque rien vu. Jackie Heiring a couru un très impressionnant 1:03:54.
Rivalité forcée…
Le triathlon a besoin de personnages, il y en a quelques uns, enfin cela n’est pas pour cela que les attaques face à d’autres athlètes sont courantes. Pour la Collins Cup, ce fut un peu un feu d’Artifice, c’est vrai et faux à la fois et cela démontre un problème récurrent pour le triathlon, la peur de ne pas être assez spectaculaire.
A vouloir trop en faire, tu nous perds.
Le format 1-1-1 est intéressant dans certaines disciplines comme la natation. Pour l’une des rares fois, on a pu mieux observer certaines techniques, Salthouse qui zig-zag pour ne pas laisser Holly Lawrence profiter de son drag.
Malheureusement, avec autant de courses en simultané, la production ne savait tout simplement pas quoi nous montrer. On a eu le sentiment de juste voir des athlètes faire des triathlons. Le sentiment de lutte contre l’autre a été vite perdu…
Un format qui favorise les athètes de la courte distance?
Sur papier, avec une natation de 2km et un vélo et une course à pied plus courte (80 et 18), il ne faisait aucun doute que des athlètes comme Knibb, Zaferes et Iden allaient être avantagés. Certains des athlètes présents sont justement avant tout des spécialistes Ironman et ne font que très peux de 70.3. Ils se retrouvent en manque de vitesse pure. Une athlète comme Annie Haug a besoin de la distance d’un marathon pour revenir.
Taylor Knibb a tout simplement détruit des spécialistes Ironman, soit Teresa Adam et Daniela Ryf. À nouveau, c’est très révélateur.
Taylor Knibb la vraie gagnante?
Lors de la Collins Cup, elle a pu s’exprimer et on a eu une rare occasion de mieux comprendre cette athlète. Elle n’est tout simplement pas impressionnée par les autres et très confiante de ses capacités. Avec son résultat, elle sera désormais vue par beaucoup comme l’athlète la plus complète dans ce sport. Des nouvelles marques athlétiques vont être atteintes dans les prochaines années. Elle est déjà la grande favorite pour Paris 2024.
Son niveau va faire réfléchir beaucoup d’athlètes sur leur développement et même pour leur avenir. Avec cet entrainement, Knibb pourrait aussi s’amuser à se partager avec le circuit ironman 70.3. Elle a obtenu à Boulder 70.3 sa qualification pour les championnats du monde. Elle est sans conteste la nouvelle favorite.
Et puis, il y a une question d’attitude, même avec 15 minutes d’avance, elle n’a jamais relâché… Selon ses props après course, elle n’avait aucune idée des écarts. Attention, dans d’autres 1-1-1, cela aurait été nettement plus serré. Lucy Charles termine à 3 minutes de l’américaine.
Daniela Ryf, complètement à coté?
Elle a récemment avoué vouloir faire des choses différentes. Bret Sutton n’est plus son entraineur. La suisse veut mieux répartir sa saison. Elle a aussi subi quelques blessures dans le passé. La Suissesse n’est probablement actuellement pas dans sa meilleure forme. Elle termine a 16 minutes de Knibb.
Lucy Charles Barclay… plus faite pour l’ITU que l’Ironman?
L’anglaise avait déjà impressionné lors de la WTCS de Leeds. Il lui a manqué un peu de vitesse en course à pied et un peu de technique à vélo. Son duel contre Katie Zaferes et Paula Findlay, deux athlètes avec un présent (Zaferes) et passé (Findlay) en ITU est d’autant plus révélateur de ses capacités. Lucy Charles Barclay est parfaitement taillée pour l’ITU moderne et est probablement la seule qui pourrait rivaliser avec Knibb dans les prochaines années.
Son adversaire référence dans le 1-1-1 était clairement Katie Zaferes, médaillée olympique. Pour l’américaine, c’était la première fois qu’elle s’alignait sur une course moyenne distance. Elle enregistre un temps de 1:08:17 en course à pied ce qui est très comparable à la performance de Knibb dans cette discipline.
Taylor Knibb et son vélo de route.
En réalité, est qu’elle ne voulait tout simplement pas utiliser le vélo de TT parce qu’elle n’a jamais douté de sa capacité de bien faire sur un vélo de route. Avec un parcours aussi roulant, oui, une vélo de TT lui aurait permis d’être encore plus rapide mais attention aux raccourcis. Knibb a déjà une position au dessus de la moyenne sur son vélo de route. De plus, les mini extensions sont moins pénalisantes pour les athlètes ayant des avant-bras plus courts.
Temps à vélo
L’américaine a enregistré un temps de 1:52 à vélo. À titre d’exemple 1:57 pour Charles-Barclay, 1:59 pour Ryf.
Jocelyn McCauley et Katrina Matthews ont toutes les deux roulé en 1:55.
Temps en course à pied.
Jackie Heiring enregiste 1:03:54, elle s’offre la tête d’une des meilleures coureuses soit Anne Haug avec 1:04:21.
Emma Pallant, une autre athlète reconnue pour sa force en course à pied, enregistre un temps de 1:04:48.
Le fameux match 4.
Il existe effectivement un différent entre Salthouse et Lawrence. Les deux ne se sont pas lachées durant la natation. Une chute dans un virage de Lawrence la mettra hors course. Ce fut au final le match le plus lent de la journée.
On voulait ce match…
Lucy Charles contre Taylor Knibb… Charles a nagé en 25:37 vs 26:22. Évidemment, Knibb a été nettement plus rapide lors du vélo, mais l’effort de Charles est probablement conditionné face à sa concurrence. En course à pied, Barclay enregistre un impressionnant 1:06:01. 1:07:50 pour Knibb. Un match lors d’Ironman 70.3 WC?
La notion de temps…
Oui le format est 1-1-1, mais la production a décidé de ne jamais montrer les temps. Pas le moindre indice sur le niveau de performance, sur la vitesse etc… dommage. Tout était pourtant disponible sur le site web. C’est à nouveau une problématique dont le triathlon fait état.
Pronostic.
L’Europe devait gagner tous les matchs selon certains spécialistes. Les internationaux ne remportent qu’un seul 1-1-1 et terminent dernier dans tous les autres. 2 victoires pour les américaines, 3 victoires pour l’Europe.