La starification des Jeux olympiques prend sa sources dans les moments tragiques, les sacrifices, les échecs précédents, l’imprévisibilité. On est tous conscient que rien n’est acquis à l’avance et si l’athlète réussit, son statut change du jour au lendemain. Il devient alors une sorte de semi-dieu.
Le problème avec ce statut est que l’athlète devient du jour au lendemain une bonne personne, un exemple de réussite. Tout lui sera pardonné, on ne se méfie pas des athlètes, ils sont forcément des bonnes personnes. Il suffit de connaitre un peu le milieu du triathlon pour entendre beaucoup d’histoires. L’intimidation entre athlète existe.
Chez Trimes, on est particulièrement allergique avec ceux qui réécrivent l’histoire ou qui se trouvent constamment des excuses.
On va dire qu’en ce moment, on a très mal à nos olympiques.
Si Tokyo a été marqué par Simon Biles avec sa décision de s’arrêter en pleine compétition et de révéler ses problèmes mentaux, c’est surtout le cas d’Olivia Podmore qui nous marque. Cette athlète a mis fin à ses jours après Tokyo en laissant une lettre où elle pointe du doigt la difficulté d’évoluer dans le sport.
N’oublions pas que Flora Duffy est déjà passée par les eaux troubles, elle avait d’ailleurs mis sa carrière en pause. Alex Yee a récemment révélé ses difficultés qui s’apparentent au syndrôme de l’imposteur. Lors du relais, la chose dans sa tête, c’est sa peur de décevoir ses co-équipiers. Sa satisfaction est donc de ne pas avoir déçu les autres. Cela en dit beaucoup sur l’état des choses.
La déprime post-olympique chez les athlètes n’est pas nouvelle. Généralement, sa réaction est de se victimiser en disant qu’il a laissé tomber ses proches, qu’ils ne méritent pas autant de support. C’est le cas pour les athlètes honnêtes, à l’opposé, on a aussi des athlètes qui inventent des fausses excuses et qui vont même jusqu’à accuser des innocents. En faisant cela, ils veulent surtout se protéger pour la suite. Malheureusement, ils ne pensent pas aux conséquences.
Après Tokyo, on peut déjà vous dire qu’il y aura de nombreuses démissions. En Australie, Emma Carney a tout simplement lancé une pétition pour réclamer la chute des dirigeants de triathlon Australie. Malheureusement, et cela n’est pas unique, derrière certaines accusations peuvent se cacher des intérêts personnels. Tout est possible.
Sans aucun doute, il devrait y avoir un réel débat de société sur notre manière de valoriser la performance.
Entre les organismes fédéraux qui investissent dans le sport et mettent un prix à une médaille, les fédérations qui font de la propagande sur leurs athlètes pour attirer les licenciés.
On trouve aussi sur le banc des accusés la presse. Avec le déséquilibre en terme de présence médiatique en fonction des sports. Ils veulent des stars pour susciter des attentes. Leur opportunité se présente tous les 4 ans… et si sélection.
Logiquement, les acteurs se retrouvent avec des attentes des fois démesurées. Il serait naïf de penser que tous les athlètes sont faciles à coacher et sont véritablement dans un esprit de haute performance. Dans cette logique, il serait stupide de croire qu’un coach a le temps de s’attarder sur l’humain.
L’athlète se retrouve piégé, il ne veut pas être un problème additionnel et s’isole.
Par ce fait, les environments toxiques se propagent très rapidement. Le sport de haut niveau est d’une incroyable complexité et violence.
Dans ses drames en série, on observe fréquemment des comportements totalement inappropriés de certains athlètes mais qui sont tolérés parce qu’ils sont « médaillables ». C’est justement parce qu’on a oublié l’humain dans l’athlète. Le fruit d’un système où l’athlète doit réussir pour sa survie.
Apprendre du sport co?
Ayant la particularité de résider dans un pays différent de ma nationalité, il est pour moi plus facile de comparer des systèmes. En France, je trouve cela particulièrement étonnant cette réussite dans le sport collectif. À l’inverse, tous les sports très fédérés, natation, athlétisme, cyclisme (piste) et même triathlon, se retrouvent avec des bilans en deça.
La grande star pour moi des JOs, c’est le coach de Volley, Laurent Tillie. C’est un homme de punch line. J’avais déjà aimé son « on arrête de se plaindre et on avance, j’ai envie de croire que c’est dans l’adversité que l’on va s’épanouir ».
Après la victoire a Tokyo, il a expliqué le déclic par cela « C’est quand on a arrété de focaliser sur le résultat et qu’on s’est mis à jouer que tout a changé ». Cela résonne dans ma tête parce que cela résume tout.
Enfin Tillie, il a l’air du gars qui s’amuse et c’est d’ailleurs un ressenti avec les autres équipes de sport co. Ils jouent. Peut-être que cela vient justement de la prise de conscience de l’importance du collectif. Il ne peut tout simplement pas y avoir de tension. Il faut avoir une totale confiance dans ses co-équipier.
Un changement d’attitude pour l’avenir?
Il y aussi eu les propos de Pauline Ferrant Prevot, « Comme les médias s’en donnent à cœur joie pour enfoncer leurs athlètes, et aussi pas mal de « Monsieur je sais tout », je tiens à prendre la parole sur ma course d’hier.
Je suis fière d’être arrivée sur ces Jeux en étant à 100% et ça, c’est ma première satisfaction personnelle. »
Est-ce qu’elle le pense réellement, c’est un mystère, mais PFP sait que c’est la seule manière d’aborder la chose pour être heureuse.
Le vrai objectif que l’on devrait réclamer à nos athlètes lors des jeux olympiques, c’est de se présenter à son meilleur niveau et pouvoir jouer son opportunité. Après, c’est un peu tout à la fois dont la chance, il faut en être conscient.
Personne ne devrait s’acharner sur un individu et il ne devrait pas non plus y avoir de politiques en arrière. Si tu changes les règles pour faire ta place, cela n’est plus un jeu.