Certaines fédérations ont le luxe d’avoir un grand bassin d’athlètes (ou pas). Lorsque c’est le cas, on a ce que l’on appelle la sélection naturelle.
L’athlète doit très rapidement faire ses preuves et ses opportunités sont rares. Ces conditions créent une impatience qui peut autant venir du système que de l’athlète. À titre d’exemple, Raphael Montoya, ancien champion du monde junior n’a toujours pas eu une saison complète sur le circuit mondial.
La FFtri a longtemps joué la carte de la haute performance. À l’image des plus grandes nations, elle n’a pas peur de refuser une sélection olympique si elle considère que l’athlète n’est pas un prétendant à une médaille. On a toujours eu l’impression que cette attitude faisait plus de ravage que de bien. Reste que ce modèle a aussi fait ses preuves dans des sports chronométrés comme la natation et l’athlétisme.
Dans ce monde si dur, il y a aussi des éclaircies. L’équipe de France de Montréal pourrait marquer un changement puisqu’on retrouvera Audrey Merle, Jeanne Lehair et Tom Richard.
Jeanne Lehair (25 ans), elle était l’une de ces athlètes précoces, gagnant le Championnat du monde de relais en 2015 alors qu’elle est toujours junior. Gagnante de plusieurs coupes d’Europe elle n’a jamais changé de statut sur la série mondiale, elle a récemment fait le choix audacieux de rejoindre le squad international de Paulo Sousa.
De la même génération, Audrey Merle (26 ans). Championne du monde U23 à Chicago en 2015, elle obtient une sélection hâtive pour les Jeux olympiques de 2016, souvent comparée à Cassandre Beaugrand, l’après-Rio est difficile à digérer. Pas de passe-droit pour elle, elle doit refaire ses classes sur le circuit européen et mondial.
Cela correspond parfaitement à une époque où la FFtri ne voulait tout simplement pas aligner ses athlètes sur le circuit mondial les considérant pas assez complètes. Si cela n’était pas assez, Audrey a du vaincre la maladie de Lyme, elle a du vivre avec l’incertitude de ne jamais retrouver le plus haut niveau. Depuis 2021, Audrey a retrouvé le chemin des podiums en coupe du monde. À Tiszaujvaros, elle enregistre le meilleur temps en course à pied. Elle s’est aussi offert le titre européen de duathlon. Cela sera aussi pour elle un grand retour sur un circuit qui lui a été si souvent refusé.
Tom Richard sera aussi au départ dans la métropole du Québec. Déjà âgé de 28 ans, avec le super club de Poissy triathlon, il n’a jamais abandonné. Il sera au départ d’une course de la série mondiale pour la première fois.
Tom est un peu victime de la densité française chez les hommes. Avec un quatuor très identifié, il n’y avait pas vraiment de place. Tom peut clairement courir avec les meilleurs athlètes au monde. Il est l’un des rares athlètes qui a réussi à progresser dans l’eau au fil du temps. Lors de la coupe du monde à Lisbonne, il a terminé devant des réguliers de la série mondiale.
Est-ce que la venue tardive de ces athlètes illustre un changement politique de la fédération qui souhaite avoir un plus grand bassin d’athlètes en série mondiale pour mieux rivaliser avec l’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis?
Chez Trimes, on a toujours cru dans le développement tardif. Flora Duffy, Jessica Learmonth sont des parfaits exemples. À suivre.