L’expertise est un concept étudié depuis les années 1800. Initialement décrite comme la résultante de l’engagement d’un individu dans un volume de haute qualité, sa définition a ensuite évolué vers des approches multimodales.
Selon Ericsson c’est la capacité que possède un individu à accomplir une performance sur demande extérieure et/ou dans l’urgence : compétition, exhibition … L’expertise est alors le fruit de multiples interactions entre le bagage génétique d’un individu et son environnement. Nous considérons aujourd’hui que le processus de construction de l’expertise est aussi complexe que la construction de l’individu.
« La réalisation d’une performance future ne peut alors être prédite uniquement sur les mesures de paramètres physiologiques et/ou psychologiques.«
L’expertise se définit parfois en heures. Les chercheurs ont observé qu’un individu devenait expert en moyenne après 10 000 heures de pratique de son activité. La performance n’augmente donc jamais de façon abrupte. C’est ce que met en lumière le modèle de développement à la participation sportive (DMSP) de Côte & Baker.
Selon eux la construction de cette expertise passe par trois phases successives que les individus « traverseront » avec leurs parents et intervenants.
- Echantillonnage
Au cours de cette période, le jeune sportif pratique des activités souvent variées et ludiques qui permettent le développement de la polyvalence technique. Celle-ci semble importante car la spécialisation précoce peut être un frein à la réalisation de tâches motrices complexes et variées, dans le futur. B.Bloom décrit des accompagnants soutenants, aimables, gentils. Le climat motivationnel est centré sur l’apprentissage, sur le process.
2. Transition vers la spécialisation
Nous y observerons une diminution de la variété des activités. L’enfant faisant du triathlon devient alors Triathlète, illustrant le début de sa construction identitaire. L’identité sportive émerge : c’est le fruit de la rencontre entre le sport, la personnalité du sujet et le contexte dans lequel il évolue. L’intervenant possède de plus amples connaissances techniques qui permettent au triathlète de se spécifier. La relation entraineur-entrainé nait dans cette phase. Selon Boris Cyrulnik elle doit être « un co espace de sécurité qui permet l’expression de la personnalité du sujet »
3.L’Expertise
Elle est le fruit de l’acquisition d’une base métacognitive, qui permet au triathlète de penser et d’ajuster ses connaissances, ses acquis. L’athlète devient alors l’initiative. Son engagement dans une pratique délibérée lui permet d’acquérir de l’expérience mais surtout de dépasser le stade des compétences développées. Elle lui permet de s’engager dans son activité pour réaliser une tâche bien définie, un objectif. Celle-ci n’est plus nécessairement agréable mais elle permet, notamment par une grande concentration et des feedbacks, de développer l’expertise.
Selon Ericsson ce sont donc ces engagements cognitifs intenses qui permettent à l’athlète de passer à des étapes physiologiques supérieurs à condition qu’il rencontre des situations adaptées.
L’engagement dans une pratique délibérée est d’ailleurs corrélé à la réalisation de hautes performances.
Le second volet sera consacré à l’étude du projet Fédéral de la FFTri. Dans quelle mesure suit-il ce modèle de développement et offre-t-il un climat favorable ?
Stay tuned !