Après une longue hibernation, impossible de rester sous silence…
Le triathlon se comporte comme un adolescent qui ne veut jamais grandir et apprendre de ses erreurs. Toujours en recherche de repères, il a ce besoin perpétuel de se comparer à des sports matures. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi – on rêve toujours d’avoir un circuit avec un véritable grand chelem, d’une certaine stabilisation… Malheureusement, beaucoup d’initiative sont lancées mais jamais assez achevées pour créer une véritable tradition.
2022 est une année marquante par son aspect chaotique avec ses deux championnats du monde Ironman, les nouvelles épreuves PTO qui se veulent les nouvelles références, la Super league version Indoor (Zwift arena) et outdoor qui veut vendre du spectacle à gogo où faire le split le plus rapide est plus payant qu’une quatrième place, les courses challenges qui existent toujours, le championnat de la série mondiale de la world triathlon qui a changé de nom parce que c’était bien le seul truc stable dans le sport triple, à cela on peut ajouter quelques courses indépendantes, au final, on se retrouve dans une chambre d’ado en plein désordre ou l’amateur préfère ne plus rentrer.
trop de couleurs distraient le spectateurs, souvent déçu par des méthodes de diffusion d’un autre temps où l’on a jamais assez d’éléments pour comprendre les dynamiques de courses. Au final, et malgré tous les efforts, seul Kona intéresse la majorité, c’est la seule course à tenir ses promesses, soit d’outre passer le sentiment d’exhibition pour un vrai évènement rassemblant les meilleurs avec ses fameux repères historiques…
Alors, comment mettre de l’ordre dans tout cela? Il faut commencer à faire du ménage et classer en ordre de valeurs, non?
Et dieu (soit une organisation anonyme qui a obtenu l’appui des différentes organisation) créa les Global Triathlon Awards.
L’idée pourrait paraitre bonne puisque cela existe dans les autres sports. Il suffit de penser à l’importance du ballon d’or dans le foot. Enfin l’exercice est plus simple dans leurs cas puisque le meilleur joueur de foot doit forcément passer par la coupe du monde ou la champion’s league. Les Global Triathlon Award pourraient devenir ce rendez-vous annuel familial. Une sorte de tentative finale pour réunir les différentes organisations… dans un espoir ultime d’un pacte final pour le bien du triathlon.
Malheureusement, on le sait déjà, ces Award servent de prétextes pour revoir l’importance entre les organisations.
Pour la Super League et la PTO, c’est une opportunité pour gagner du temps et de réclamer tout de suite un statut de prestige. Comme un adolescent (Super League ou PTO) qui prétend faire mieux des dinosaurs (Ironman et World Triathlon).
Les deux nouvelles organisations placent tout de suite leurs pions. Exemple parfait, la nomination de Matt Hauser qui n’a pourtant qu’un seul podium en WTCS mais qui était un protagoniste en Super League.
Avec Asleigh Gentle, gagnante des ses épreuves, la PTO y voit une manière de rivaliser avec les autres organisations. Effectivement, les plateaux sont impressionnants, mais il y a toujours quelques absences qui préfèrent se réserver pour des courses qu’ils estiment plus importantes.
Il y a toujours un manque de repères parce qu’il manque une dimension historique aux nouvelles courses.
On fait comment? Pour juger la performance d’un athlète, il faut surtout des plateaux très compétitifs. Même si les organisations et ses acteurs sont dans le même bateau et ont besoin de faire grandir l’intéret, est-ce que l’amateur croit vraiment qu’une course en plein désert en Arabie Saoudite (Super League) est aussi importante qu’une série mondiale?
Vous avez déjà ma réponse…
Alors, pour élire le meilleur triathlète au monde, on fait comment?
Chose atypique, les Norvégiens, Gustav Iden ou Kristian Blummenfelt se sont amusés sur toutes les distances cette année… mais ils n’ont pas tout gagné. Un titre leur a échappé, le titre mondial sur la série mondiale (distance olympique et sprint).
Ce fameux Global Triathlon Award doit remettre une pièce dans le jukebox pour faire jouer le disque rayé avec le single, le vrai triathlon c’est l’ironman et non l’olympique, ou moi, je vais continuer à dire, pourquoi les comparer? C’est d’autant plus ironique puisque cette année, Flora Duffy et Léo Bergère ont gagné leurs titres sur le vélo et en exploitant les faiblesses de leurs adversaires…
Revenons à nos moutons, Wilde et Yee sont logiquement nominés, ils se sont partagés le butin en WTCS et en Super League, il en demeure que le nouveau champion du monde WTCS, c’est bien Léo Bergère…
Et pourtant, il a tout simplement été boudé. Chose totalement impensable pour ceux qui connaissent vraiment le sport. Ce titre est le fruit d’un profil complet. Comment expliquer cet oubli? Est-ce que la WTCS est tout simplement moins important que les courses des autres séries?
2s. EST-CE QU’ON RÉALISE, LE CHAMPION DU MONDE DE LA WORLD SERIES CHAMPIONSHIP EST TOUT SIMPLEMENT PAS LA!!!!!!!! MAIS MATT HAUSER OUI!!!!!!!!! ET EN FAISANT CELA, ILS PENSAIENT QU’ON ALLAIT LES PRENDRE AU SÉRIEUX.
Dans un monde normal, la World Triathlon serait forcé de produire un communiqué tant cette omission est scandaleuse et décrédibilise leurs évènements.
Cela étant, on est peut-être trop chauvin? Peut-être que Léo Bergère est tout simplement trop humble pour se faire remarquer par des non-francophones?
Alors on regarde ailleurs, bon désolé, le cas qui nous choque encore tombe sur une française…
Dans la catégorie des Rookies de l’année, à nouveau, Emma Lombardi qui réussit l’incroyable exploit de monter sur le podium à sa première série mondiale et aussi ignorée, parler la langue de Molière ne semble pas payant.
L’ironie est de retrouver Chelsea Sodaro dans la catégorie de débutante. Pour une athlète qui a gagné une coupe du monde en 2018, plusieurs 70.3 en 2019 et a fini 4e aux championnats du monde de 70.3 de Nice, la mention Rookie peut uniquement se justifier parce que c’était effectivement son premier Kona. Enfin cela ne fait pas très sérieux.
On regarde d’autres catégories comme celle pour le matériel vélo, un casque aéro à 500$ d’Ekoi (sponsors officiel des Award), l’Atom Wattbike, produit datant de plus de 3 ans qui n’est pas très répandu et dont des marques comme Wahoo ou Tacx paraissent plus innovateurs.
À l’analyse des nominés, on comprend rapidement que l’on est dans le copinage. Le public était appelé à voter et clairement, seuls les Américains et les Britanniques se sont sentis concernés. Ce qui est totalement logique si vos communications sont avant tout en anglais.
Apparemment, il suffisait de ne pas prendre part à la Super League ou les initiatives de la PTO pour être boudé. On se questionnera donc sur les réelles motivations de cet évènement.
Poussons un peu plus loin, on voit dans le visuel de l’évènement deux triathlètes françaises. La cérémonie à d’ailleurs lieu à…. Nice.
On essaye de comprendre tout cela et imaginer des solutions. Pour être crédible, il aurait tout simplement fallu demander aux vrais acteurs du triathlon, les journalistes, les pros… leur vote et surtout, s’assurer d’avoir une représentation plus internationale. C’est le fonctionnement habituel avec le ballon d’or… mais rappelez-vous, le triathlète est un adolescent.
C’est un début et je n’ai aucun doute qu’ils ont déjà saisi leurs erreurs. On ne revient pas à la surface pour démolir, mais pour souligner les bons et mauvais coups.
Si vous souhaitez en savoir plus, c’est ici https://globaltriawards.com/ Pour être présent à la cérémonie, il suffit de débourser £220.00 + £44.00 VAT et de se déplacer à Nice le 20 janvier 2023.