C’était probablement la plus grande attraction du week-end, soit le retour sur la scène mondiale de Gwen Jorgensen, championne olympique 2016, double championne du monde. Ce retour intervient après une coupure de 7 ans et seulement cinq mois après la naissance de son deuxième enfant. Son but affiché est de se rendre aux Jeux olympiques de Paris.
Déjà une course après le temps?
Avant de pouvoir se présenter à la course sélective pour obtenir sa sélection, il faut déjà réussir à gagner sa place au départ. Gwen part de très loin étant (357e mondial) et elle fait aussi face à une importante concurrence américaine avec des athlètes qui sont toutes déjà montées sur un podium de WTCS comme Zafares, Knibb, Rappaport, Spivey, Kasper, mais aussi Ackerlund ou encore Sereno.
Jorgensen avait donc besoin d’avoir un résultat significatif en Nouvelle-Zélande afin de convaincre sa fédération de lui faire une place sur des courses WTCS.
L’américaine a décidé de documenter son retour avec des vidéos Youtube. Après course, elle n’est pas y allée par quatre chemins en affichant ouvertement sa frustration et sa déception avec sa 14e place surtout que son investissement est important ayant décidé de passer 6 semaines avec toute sa famille en Nouvelle Zélande afin d’y rejoindre son entraineur, Jamie Turner. Contrairement à son passé sur le circuit, elle n’est pas retournée avec un groupe d’athlètes internationaux.
Sa course s’est clairement jouée dans l’eau. Si elle sort 37e de l’eau, elle est déjà épuisée, donne un autre important effort pour revenir à l’avant de la course, si tôt revenu, si tôt payé.
« Mais il y a eu ce virage serré et ils ont fait une petite accélération et mes jambes n’avaient plus rien. J’ai tout donné sur ce tour sur le vélo et c’était très frustrant de perdre le groupe », dit elle.
Elle signe tout de même un temps en course à pied de 16:25, soit 13s plus lent que la gagnante du jour, Nicole Van Der Kaay.
Ceci est notre observation, mais il y a tout de même du positif dans cet effort. Le parcours de vélo de New Plymouth était détrempé et présentait un certain risque. Elle n’a pas semblé être craintive, et semble à l’aise dans l’engagement. Si sa faiblesse est pour le moment clairement dans l’eau, cela n’est pas une question de technique mais plutôt de temps.
Alors, c’est positif? Bah, c’était juste une coupe du monde. Celles qui savent faire la sélection n’étaient pas présentes et le niveau WTCS est encore plus fort et donc la marche sera encore plus haute.
D’ailleurs, elle n’a pas peur d’afficher son point de vue, « c’est nul. Je ne vais pas sortir et dire que c’est génial, parce que je ne pense pas que ce soit génial. J’en suis déçu, mais c’est la réalité ».
« Je n’ai pas de points pour entrer dans les courses, donc je ne sais pas ce qui va suivre et je pense que c’est frustrant pour moi », ajoutant : « Est-ce que cela en vaut la peine ? Je ne vais pas encore arrêter. »
Rappelons qu’elle a annoncé son retour fin décembre. Tout va très vite, mais malheureusement, elle est déjà à court de temps.
Tout cela est à suivre et surtout, la balle est désormais dans le camp de l’USAT puisqu’elle a le pouvoir d’utiliser le classement d’une autre athlète pour attribuer son dossard à Jorgensen. Maintenant, c’est la grande question, est-ce qu’une championne olympique mérite ce privilège?
Dans les expériences passées, on a déjà vu Chris Mccomark tenter un retour sur le circuit au tapis bleu après son titre mondial Ironman. Aussi après une coupure de 7 ans, il n’a jamais été en mesure d’obtenir un résultat significatif dans sa quête à la sélection pour les JOs.
Maintenant, Gwen Jorgensen à mainte fois démentie les prévisions de ses détracteurs.
Dernière note importante, il y a quelque chose de très rafraichissant d’entendre un athlète de ne pas se cacher, exposer son auto-critique et exprimer sa frustration. C’est simplement la réalité de la haute performance où il faut savoir naviguer entre les différents états d’âmes.
À suivre.