On est désormais à nouveau dans cette période où plus que jamais, le processus Olympique complique tout. Les fédérations commencent à publier leurs critères afin de se protéger face à des choix difficiles et attaquables.
Rappelons un point déterminant dans cette exercice, les fédérations sont dépendantes d’un financement gouvernemental qui favorise avant tout les médailles aux Jeux Olympiques. Cela signifie que le sysyème ne récompense pas le niveau général d’une natation mais bien le résultat individuel. Une simple médaille effacera toutes les autres déceptions.
Peur de quoi?
Rappel, n’oublions pas que si un athlète se bat pour obtenir un dossard olympique, c’est la fédération qui sélectionne ses athlètes. De plus, une natation ne peut pas obtenir plus de 3 dossards. Pour une nation qui est force, il n’est pas rare qu’un favori pour une médaille n’obtienne pas sa place sur sa ligne de départ. Les choix sont souvent déchirants. C’est un exercice qui est très difficile et toujours sujet de controverse et de lutte interne.
Pour une fédération avec un bassin d’athlète dense, la principale crainte est de se voir « forcer » de sélectionner des athlètes qui ont des profils à risque, plus fréquemment marqué par une vulnérabilité en natation. C’est pourquoi, toutes les fédérations fortes s’efforcent à multiplier les conditions pour obtenir sa sélection. Elle s’offre le choix d’avoir le dernier mot et de ne pas se baser sur le classement de la qualification olympique.
Exemple parfait, à Abu Dhabi, on a vu un athlète terminer dans les 3 derniers de la natation, et tout de même monter sur le podium. Si ce scénario s’avère est très rare, pour une fédération qui jongle avec un bassin d’athlète plus dense, c’est ce type d’incertitude qu’elle veut éviter.
C’est pour cela que le niveau d’interventionnisme de certaines fédérations est très élevées et aussi très contestables, enfin sujet à des débats sans fin où les amateurs parlent en fonction de leur cote d’amour pour un athlète.
Les nations fortes en triathlon comme la Grande Bretagne, les États-Unis et de la France, se serviront sans aucun doute du test event de Paris ainsi que de la Grande Finale pour attribuer directement un dossard à ceux qui monteront sur le podium.
La France est un pays d’exception, la fédération impose a ses athlètes des critères afin de pouvoir obtenir un départ lors du Test Event de Paris et de la Grande Finale. Chose étrange, ces critères prennent en considération des résultats du passé. Cela signifie que lors de l’écriture, ils savent que cela qualifie déjà ces athlètes pour le test event. Pour le moment, seuls Léo Bergère et Léonie Periault sont assurés d’avoir le dossard pour le Test Event. Dans le cas des autres, ils devront aller un résultat lors de l’étape de Yokohama et de Calgiari.
Ceci est matière a débat, mais sachant que tous les membres de l’équipe de France (du moins, ceux présents à Abu Dhabi) sont tous montés sur un podium en WTCS lors des deux dernières saisons, pourquoi mettre ses athlètes à nouveau dans un environment sous pression.
N’est-il pas le moment de leur faire plus confiance? Surtout que le système de l’ITU est très bien fait, il faut un niveau de points suffisant pour obtenir sa place sur la WTCS. Il faut des athlètes qui répondent à la pression, mais est-il nécessaire de les mettre sans cesse dans ses conditions?
Si tout le monde appliquait des règles aussi sévères, il n’y aurait que 12 athlètes au départ des Grandes Finales. Effectivement, le titre mondial est devenu une spécialité française, mais si l’objectif principal, ce sont les JOs, est-ce que ces méthodes sur toujours pertinente?
Sélectionné ses athlètes un an à l’avance pour faire une meilleure préparation.
Ceci est une sorte de fantasme à tête dure. L’athlète dominant devrait avoir le privilège de gagner sa sélection le plus tôt possible afin de mieux préparer les JOs. Il y a longtemps eu ce fantasme de la surprise, où l’athlète limiterait au maximum ses présences en course pour avoir une planification avec le moins d’interruptions possibles.
D’une certaine façon, cela parait logique, parce qu’il est libéré de la pression d’obtenir sa sélection. Mais, rien n’indique que de se tenir loin du circuit est bénéfique. Certaines choses ne peuvent pas être simulées à l’entrainement. L’athlète a aussi le besoin de se comparer mais surtout de marquer les esprits.
Les dynamiques de courses sont influencées en fonction des réputations des athlètes. On a vu des médaillés olympiques obtenir leur sélection lors de la dernière course avant la date butoir (Alex Yee).
Ce concept a été poussé par les Canadiens avec Simon Whitfield. Il a pourtant tourner au fiasco avec Paula Findlay et Simon Whitfield lors des JOs de Londres. Jonglant entre les blessures et l’absence de compétition, la canadienne a du prouver sa forme lors d’un test physique. À Londres, elle est complètement passé a coté de sa course.
Le concept du domestique.
La fédération attribue un dossard à sa « star » et dans le cas où les autres ne remplissent pas les critères, il est possible d’attribuer le rôle de domestique à un ou deux co-équipiers. Est-ce que ce concept marche vraiment? C’est très discutable et dans certains cas, c’est surtout une manière de brider la compétition en interne, cela vient forcer les autres athlètes a ne plus courir pour eux mais pour l’intérêt d’un autre.
Un athlète comme Alex Yee est passé très proche de manquer Tokyo puisque Alistair Brownlee était préssenti pour faire le domestique pour son frère. Sans la blessure d’Alistair et le résultat significatif de Yee à Leeds, le scénario aurait pu s’avérer très différent pour la Grande Bretagne.
Ignorer le système de l’ITU.
C’est peut-être l’aspect le plus important. De nombreuses fédérations ont tout simplement décidé de ne pas intervenir dans la sélection. Elles prônent la méthode de la moyenne en se basant sur le classement mondial. C’est pratiquement la position la plus facile à prendre, mais que se passe-t-il lorsque l’athlète « star » est blessé et revient dans le processus olympique trop tardivement? Est-ce que cela forcerait une fédération à sélectionner des athlètes régulier dans les places d’honneur mais non prétendant aux podiums. Est-ce que cela pourrait aussi bruler les athlètes à courir trop fréquemment?
L’Espagne utilise ce système, malgré ses champions du monde, elle n’a pas obtenu de médaille à Rio ni a Tokyo. Depuis 2019, Mario Mola est très fréquemment blessé.
Les choix discrétionnaires, donner ou retirer un dossard.
Le danger de génèrer un climat toxique et un précédent.
Avec des critères très difficiles, le deuxième et/ou troisième choix sont souvent des choix discrétionnaires. La décision est souvent prise en fonction d’un concept ou d’un argumentaire qui demande à être validé et par définition, débattable.
Si dans certains cas, il s’avère très facile à faire, oui c’est déjà arrivé, cela n’est pas toujours le cas. Elles sont généralement difficile à prendre lorsqu’on sait qu’un athlète fort restera sur la touche. La France ayant traditionnellement entre 4-5 athlètes très fort et prétendant à un podium, le choix est souvent déchirant. Ces décisions sont généralement rejetés par les entourages des athlètes.
Tony Moulai obtient un dossard olympique, mais c’est David Hauss qui va aux jeux de Londres et termine 4e. Dans ce cas, on peut dire (après course) que la FFtri a prise la bonne décision. Rien n’indiquait que Moulai pouvait obtenir ce niveau athlétique à Londres.
En contre exemple, on a aussi vu des athlètes « sélectionnés » courir blessés et refusant de céder leur dossard a un autre athlète plus en santé. Pour une fédération, il est très difficile de retirer une sélection parce qu’elle prive du rêve olympique et des retombés (sponsors, reconnaissance, statut).
Ces différents scénarios génèrent un climat de méfiance entre les différents acteurs. Cela reste un sport individuel avant tout.
Conclusion
Voici une mission impossible, à chaque olympiade, certains de ses concepts sont remis à la mode, mais à nouveau, on est toujours dans l’exemple et contre-exemple. Ce qui est certain, c’est qu’il faut respecter les athlètes en leur offrant des règles très claires et éviter des scénarios faisant appel aux jugements parce qu’ils sont souvent