Il y a quelques semaines, on a débattu dans le podcast Tr Chaud (épisode 1) si la FFtri devrait investir plus dans le triathlon longue distance. Les raisons sont assez simple, la France n’a jamais eu un bassin d’athlètes aussi fort. Ajoutons à cela que les championnats du monde Ironman auront désormais comme terrain de jeu la région niçoise. Cela forcément un impact positif sur la visibilité du sport, mais pour cela, il faut aussi des champions.
La longue distance est en pleine mutation avec l’essor de la PTO et de ses évènements. Derrière le classement mondial, il y a d’important enjeu, soit sa place sur des évènements avec des bourses généreuses et garanties. Ce nouveau circuit s’articule au tour de courses principales où seul 30 (incluant initiations) sont conviés.
Avec le nouvel impact du classement mondial, les athlètes doivent choisir adéquatement leurs courses.
Ironie ou pas, PTO et World Triathlon ont décidé de tenir leurs courses le même week-end et sur le même parcours (Ibiza). Si sans conteste, cela va à l’avance dévaluer encore une fois de plus le championnat du monde LD (World Triathlon) puisque PTO Ibiza aura la faveur des meilleurs mondiaux, c’est une opportunité rêvée pour faire une remontée importante au classement.
Les championnats du monde LD sont sur une base de 95 points, soit le même indice que les championnats du monde 70.3 (Ironman) et que Challenge Roth. Si les points seront majorés puisque le plateau sera moins compétitif (comptant pour 30%), cette course restera très bien dotée.
Pour rentrer dans le top 30, il faut actuellement plus de 80 points en moyenne (les 3 meilleurs résultats comptent), à titre d’exemple, la victoire de Mike Philipps à Ironman NZ lui a donné que 77.74 points. La victoire de Jake Birthwhistle à Ironman 70.3 Tasmanie que 76.08 points. Qu’est-ce que cela veut dire? C’est qu’il faut absolument avoir accès aux courses majeurs pour marquer des points au dessus de la fameuse bar des 80 points. Si le plateau présent lors d’une course argent ou bronze, même une victoire ne permet pas de faire un bon significatif au classement. Tout cela est logique.
Donc les championnats du monde LD à Ibiza sont une incroyable opportunité. Mais course de World Triathlon est synonyme de sélection par la FFtri.
Les modalités de sélections sont assez claires.
- Etre Champion(ne) du Monde de Triathlon Longue Distance 2022
- Avoir terminé dans les 10 premier.e.s des championnats du monde IRONMAN 2022
Cela signifie que Pierre Le Corre, actuel champion du monde LD, Sam Laidlow 2e, Léon Chevalier 7e et Clement Mignon 9e à Kona remplissaient les conditions. À l’exception de Le Corre, les deux autres sont actuellement en position d’obtenir leur ticket pour PTO Ibiza et comme nous l’avons déjà mentionné, puisque l’évènement est doté de plus de points et d’argent, le choix est facile.
Et le reste?
Comme le mentionne le document de la fédération, elle se réserve le choix de sélectionner d’autres athlètes considérés comme compétitifs. À nouveau, on le répète, cette course est une énorme opportunité de faire un bon conséquent dans le classement mondial. On ne débattra plus tard de sa signification.
La FFtri est fidèle à sa philosophie. Son choix discrétionnaire s’est arrêté sur Mathis Margirier, champion de France, récemment second à Ironman Lanzarote 70.3 et 52e au monde, il n’y a pas de débat à faire.
Clément Mignon (23e mondial) réclame sa place (obtenu à Kona). Cela signifie qu’il fera l’impasse sur la PTO Ibiza alors qu’il est toujours dans le top 30.
Cela signifie que Pierre Le Corre ne défendra pas son titre et que Denis Chevrot 25e mondial fait aussi l’impasse (il n’avait pas rempli le critère).
Comme mentionné dans notre podcast, Léon Chevalier était partant pour faire le doublé en courant la PTO le samedi et les championnats du monde LD le dimanche. Cela lui a été refusé et se présentera donc logiquement à la course version PTO.
Chez les femmes, Marjolaine Pierré, première française au classement mondiale et Justine Mathieux 159e (20e à Kona 2022), qui devrait être nettement mieux classée sans sa disqualification lors d’Ironman SA (son score reflète que 2 performances sur un maximum de 3) et Manon Genet (51e / 8e WC LD ITU 2022) sont les trois élues.
La France utilisera donc un total de 5 dossards sur une possibilité de 12.
Est-ce que c’est logique? Évidemment, il fallait que les athlètes démontrent un intérêt pour faire la course, mais dans le top 100, on y retrouve aussi William Mennesson 51e, Antony Costes 65e, Simon Viain 66e ou encore Arnaud Guilloux 83e.
Il faut aussi regarder chez les femmes, on y trouve aussi Alexia Bailly 65e (10e au WC ITU LD 2022), Charlene Clavel 84e, Justine Guerard 86e ou encore Jeanne Collonge 91e. On peut vous confirmer que certains ont bien postulé pour un dossard.
On sait aussi qu’au moins un athlète masculin avait démontré un intérêt (Arnaud Guilloux, Tri Chaud ep 3) et que sa sélection lui a été refusée.
À nouveau, si toutes les fédérations ne prenaient pas automatiquement les athlètes dans le top 100 mondial, on se retrouveraient alors avec un plateau très faible et par ce fait, on n’aide pas la cause puisque cela vient forcément dévaluer la réputation de l’évènement. On est déjà proche de l’extinction. Autre sujet propice à débat.
Rappelons que l’année dernière, on y a vu des athlètes comme Lucy Charles Barclay ou encore Emma Pallant Browne.
Avocat du diable?
La FFtri gagne très régulièrement ce titre mondial, à nouveau, cela n’est pas en baissant la barre que l’on saute plus haut. Porter le maillot de l’équipe de France, c’est synonyme d’un certain prestige. À l’image de la courte distance, son objectif est de gagner et non de faire des places d’honneur… c’est défendable.
Oui mais…
Le grand problème, c’est que le top 100 mondial en triathlon est désormais très dense. Difficile de prédire le résultat. Et à nouveau, c’est une opportunité manquée pour certains pros de marquer des points importants.
Oui mais… (encore!), la FFtri n’a pas de position/autorité sur les circuits professionnels et par ce fait, cela sort de son champ d’action, alors pourquoi elle devrait se soucier des conséquences? Rappelons que son mandat est de faire grandir le sport mais que son financement dépend principalement des ses résultats aux JOs où seul la courte distance est présente. La sélection permet aux athlètes de figurer sur les listes qui peuvent permettre à des athlètes d’obtenir du financement supplémentaire.
À suivre ou pas.