Chez les hommes, la grande absence est celle d’Alex Yee. Par contre, cette fois-ci, l’actuel champion olympique, Kristian Blummenfelt est bien de retour sur le tapis bleu alors qu’il était en action la semaine dernière sur le format PTO 100k. Ce jeu de la chaise musicale a une influence sur la dynamique de la course. Sur papier, il a toujours un groupe qui veut s’assurer d’éliminer Hayden Wilde et Kristian Blummenfelt. Historiquement, Yokohama a été le terrain de regroupement où la course s’est joué avant tout en course à pied.
Des conditions qui changent la course?
Avec la pluie, les athlètes étaient conscients des risques de chute. On peut s’étonner par le fait que les meilleurs cyclistes en avant n’ont pas été en mesure de garder à distance les poursuivants.
La barre du 20s dans l’eau.
On utilisera désormais cette technique pour juger de la densité dans l’eau. On retrouve 30 athlètes qui sortent de l’eau à 20s de premier. C’est avant tout cette mesure qui est annonciatrice de la suite. Ce manque d’écart entre les athlètes fait en sorte qu’avec l’aspiration, les athlètes rentrent plus facilement sur la tête.
La seule chose qui a marqué cette course, c’est la surprise Wilde.
En sortant de l’eau avec seulement 15s, Hayden Wilde vient de totalement changer les perspectives pour les prochaines courses. Est-ce qu’il a vraiment progressé dans l’eau? Cela vient boulverser tous nos concepts passés. N’oublions pas qu’en 2022, il termine sa saison épuisée par un calendrier probablement trop chargé avec la Super League et Collins cup.
Si Wilde signe un temps de 29:30, il était clairement en mesure de signer un sub 29 sans les célébrations et plus de pression de ses adversaires. Le néo-zélandais a simplement eu le besoin d’imposer son rythme et d’attaquer Léo Bergère loin avant la ligne pour s’imposer.
Les français trop attendus?
Léo Bergère a désormais le statut de champion du monde. Avec sa progression constante, il est logique de l’attendre à monter sur tous les podiums.
Sachant que la recette des français est connue, ses adversaires veulent lui refiler encore plus de responsabilités… Ce changement de statut vient aussi changer sa manière de courir puisqu’il souhaite être un investigateur. Si Léo est un peu en arrière en course à pied sur Wilde et Yee, il est aussi en progression constante dans ce domaine.
À l’opposé, on a vu un Dorian Coninx qui a su attendre son heure. Au final, les deux français font des résultats très convenables avec une 4e et 5e place, mais c’est aussi un avertissement pour le futur.
Les choses devront changer… La FFtri doit imaginer une parade.
Blummenfelt qui revient sur le groupe de tête, cela n’est pas réellement la surprise du début de saison, non, le problème c’est que Hayden Wilde et Alex Yee ont clairement progressé dans l’eau et par ce fait, vu leur pédigrée en course à pied, ils pourraient laisser des miettes aux autres. Est-ce Wilde pourrait devenir la terreur du circuit comme Alistair Brownlee était… c’est fort possible.
Qu’est-ce que cela signifie? Que les meilleurs nageurs doivent changer d’état d’esprit. Nager pour faire la différence VS nager pour être placer devant. Si cela ne change pas, nous allons vivre une saison duel entre Wilde et Yee.
Cela signifie aussi que les français doivent travailler ensemble et probablement se trouver d’autres alliés. À nouveau, c’était une méthode en place dans les belles années des Brownlee face aux coureurs comme Mario Mola et Richard Murray.
Wilde en double jeu?
Hayden est clairement le meilleur cycliste de la WTCS. À Montréal, il avait marqué les esprits en déraillant et en étant en mesure de revenir sur le groupe sur la distance super sprint. Derrière cet effort, il avait aussi signé la meilleure course à pied. Ce qui est dangereux, c’est qu’avec cette réputation, dès lors qu’il se pointe en avant, tout le monde pense qu’il va donner le rythme, oui mais n’oublions pas qu’il est aussi conscient d’être le meilleur coureur avec Yee, et par ce fait, il n’a pas besoin de se donner à deux roues.
Changement de status pour certains?
Matthew Hauser (AUS) et Vasco Vilaca (POR) sont entrain de changer de statut. Évidemment, leur podium n’est pas une surprise, mais ce qui est important, c’est qu’ils sont de plus en plus régulier. Hauser étant capable de très bien nager, il peut devenir un régulier sur le podium. Vilaca démontre qu’il peut tenir sur distance olympique.
Lutte des norvégiens.
Thorne est l’invité surprise, il est le meilleur nageur des trois. Gustav Iden est à nouveau très vulnérable en natation et sort de l’eau déjà éliminé. Dans le cas de Thorne, il démontre à nouveau une capacité à sortir devant de l’eau et s’établi comme la valeur sure chez les Norvégiens.
Si Blummenfelt rend à nouveau 40s dans l’eau, il est toujours en mesure de revenir à deux roues. Ce qui est plutôt étonnant sachant que le groupe en avant était informé et semblait rouler.
Maintenant, il n’y a toujours pas retrouvé sa vitesse à pied. Est-ce vraiment le cas? Depuis les JOs de Tokyo, on a cette impression que Hayden Wilde et Alex Yee ont redéfini les bases.
Thorne a la capacité de faire le premier groupe, ce qui n’est toujours pas le cas pour les autres. Il se retrouve a courir contre eux.
Fait important, Gustav Iden n’a pour le moment pas le classement pour rentrer sur une WTCS. Son équipe (hors fédération) aurait (conditionnel mais rapporté du terrain) réussi à obtenir une seconde « Wild card ». C’est pourquoi il y avait 61 athlètes chez les hommes et 60 chez les femmes. Cela vient poser un certain problème d’équité puisque des athlètes comme Katie Zaferes et Gwen Jorgensen (sur place) n’ont pas été en mesure de rentrer sur la course (Wait list) et cela, malgré leur statut, anciennes championne du monde et médaillées olympiques. En gros, cela signifie que World Triathlon met plus de l’avant le fait que Gustav Iden soit champion Ironman. La ligne de défense pourrait être que les américaines avaient déjà 5 athlètes, soit le maximum du quota par nation.
Gustav Iden termine à la 39e place. Un temps en cap de 31:38. Plus de deux minutes en arrière de Wilde qui avait d’ailleurs coupé son effort.
Déception?
Morgan Pearson en était à son deuxième départ depuis sa saison presque blanche de 2022. S’il est sur papier l’un des rares à pouvoir courir avec Alex Yee et Hayden Wilde, un épisode de crampe l’a sorti de la course. Pour prétendre à une médaille olympique, il faut de la régularité…
Dernier mot et non moins important.
Cela est probablement encore plus vrai pour les femmes. Avec le processus olympique, on voit de nombreux athlètes profiter de leurs points et faire l’impasse sur des courses. La problématique dans tout cela, c’est qu’en étant absent et donc en ne vivant pas la course de l’intérieur, il est facile de se faire impressionner par les résultats des autres. Cela peut générer une certaine anxiété chez les athlètes parce qu’il y a se manque de repères.