La poussière retombe, mais cette nouvelle est une petite bombe pour l’industrie. Canyon (441) vient enfin de détrôner Cervélo (339) dans le mythique comptage de vélos. Si les chiffres sont contextuels, comptage d’un seul sexe, parcours poussant un grand nombre à utiliser un vélo de route (environ 20%), Canyon est enfin récompensé par un investissement massif en triathlon.
Premièrement, il faut généralement attendre plusieurs années pour voir les répercussions des actions des marques. Exemple parfait, lorsque Argon 18 décident d’investir moins en sponsoring, cela prend plusieurs éditions pour voir l’effet. Si la marque canadienne était toujours dans le top 5, son influence dans le milieu se décolorise avec le temps.
Du côté de Canyon, c’est totalement l’inverse, la marque allemande est très généreuse en sponsoring, elle s’est engagé à signer toutes les stars allemandes, mais aussi la nouvelle génération comme Sam Laidlow. Il en reste peu pour les autres. C’est un engagement financier très important et dangereux, surtout que la facture est refilée aux acheteurs. Scott et Bmc, comme à leur habitude, complètent en signant d’autres têtes d’affiche comme Magnus Ditlev (Scott). Et pour finir, il y a toujours cet aspect nationaliste, Trek avec les Américains. Specialized n’est plus là. Tout cela se fait ressentir sur les chiffres.
Si les pros valident la performance, le succès d’une marque est aussi en fonction de sa promesse, soit la disponibilité des vélos et plus que jamais, l’aspect rapport qualité-prix. Sur ces points, Canyon gagne sur tout.
Mais cette montée de Canyon, elle s’explique aussi par le fait que la marque allemande a renouvelé plus fréquemment ses vélos et a une gamme plus complète. Elle est donc vue comme la marque spécialiste.
Mais revenons à Cervélo, si pendant deux décennies la marque canadienne devenue californienne n’avait pas d’adversaires, c’est surtout parce que son produit était vu comme la norme où tout simplement le plus avancé. Cet avantage technologique s’est clairement effrité. Ces vélos sont toujours performants, mais ils ne sont plus autant associés aux athlètes performants (pro). Il y a aussi un manque de renouvellement technologique, sans nouveau modèle, et avec un marché très tri-geek qui veut sans cesse de la nouveauté, l’athlète ne se contente pas d’acheter la valeur sure qui dure.
Un calcul bien pensé ? Pour toutes les marques, il faut savoir placer ses pions. Une marque ne peut pas investir massivement dans un marché si les opportunités d’affaire s’amoindrissent. Depuis quelques années, Cervélo investi dans le gravel, mais aussi le vélo de montagne. De plus, elle remporte beaucoup de succès en route sur le World Tour. Alors oui, le triathlon est probablement devenu secondaire… Ce qui n’est pas le cas pour Canyon. Et la concurrence ? Chacun fait avec ses moyens. Une marque comme Ventum a enormement investi dans le triathlon, au final, elle n’avait que 20 vélos au départ.
Tous ses chiffres sont très influencés par la répartition géographique. Certaines marques sont surtout populaires sur des continents. Ce qui est flagrant, ce sont des reculs massifs comme Ceepo qui n’avait que 8 vélos (marché japonais), Dimond 15 (marché américain), dans ces cas, c’est l’arrêt de programme aidant les AGs qui démontrent que leur visibilité était bien artificielle.
Si vous me demandez mon avis, non le Canyon n’est pas le meilleur vélo actuel, mais est-ce qu’il mérite leur première place? Totalement, parce que sans eux, la situation pour beaucoup de pros seraient beaucoup plus difficiles.