Ce dimanche aura lieu la première édition des championnats du monde Ironman à Nice. Cela est donc la seconde fois que le champion du monde ne sera pas décidé à Kona (St-george), là où les exigences sont totalement différentes avec son humidité, vent et ses faux plats interminables.
Revenons sur un fait important qui n’a toujours pas été assimilé par tous. Ironman n’a jamais voulu quitter Kona, elle n’a tout simplement de quitter partiellement l’ile. Les autorités locales ont refusé de tenir à nouveau une édition avec deux jours de courses. Les ressources en termes de bénévoles, de fermeture des rues, mais aussi en termes d’hébergement sont devenus trop importantes. L’internationalisation de la discipline a fait passer l’évènement de 2200 à 6000 athlètes. En additionnant, tous les impliqués et les familles, avec une offre limitée en hébergement, les couts ont tout simplement explosé et mettait aussi en danger l’évènement.
Ironman version post-covid a donc dû très rapidement trouver une course de rechange qui avait aussi une dimension historique pour la longue distance. Cela peut paraitre très ironique, mais en 1982, face aux succès télévisuel d’Ironman, dopé par le finish incroyable de Julie Moss en rampant et marque l’imaginaire américain, la compagnie d’organisation IMG décide de créer sa propre course à Nice (initialement imaginée à Monaco). Pendant plusieurs années, Nice et Kona sont donc en duel afin d’être la course la plus importante.
D’ailleurs, si la France est une nation forte dans le triathlon, une des raisons est sans aucun doute l’arrivée très prématurée d’un évènement international au tout début de la discipline.
Si Nice parait donc comme totalement légitime pour accueillir les championnats du monde Ironman, on doit avouer que cela nous a agréablement surpris. Premièrement, parce que cela retire une énorme pression pour les athlètes en termes de logistique. Un aéroport international adjacent au parcours, une offre hôtelière plus qu’abondante et une localisation en Europe, là où le noyau dur des athlètes compétitifs se trouvent.
Là où nous sommes aussi surpris, c’est qu’Ironman a aussi choisi un parcours extrêmement difficile en comparaison avec la norme de ses courses. Les parcours montagneux sont généralement en extinction.
Malheureusement, si de notre côté, nous sommes très excités par ce changement, l’engouement n’est pas aussi clair chez les pratiquants. Plusieurs « roll-downs » se sont terminés avec des places non attribuées.
Est-ce que cela est important ? Kona a toujours été la force et le différenciateur face aux autres organisations, son modèle économique y est très attaché. Ses championnats du monde étaient Le rendez-vous à ne pas manquer durant l’année pour les différents actueurs du milieu.
Et Nice alors ?
C’est la nouvelle vitrine pour l’Ironman. Cette course devra très rapidement séduire pour que le circuit réussisse enfin à rebondir après la pandémie qui a mis son modèle à l’épreuve.
Sur papier, c’est incroyablement compliqué. La magie de Kona, c’est de réussir à confiner tout un milieu dans un espace très réduit. On a le plaisir d’aller nager et à côté de soi, on peut se retrouver entouré par Crowie et Frodeno… Pour des fans de ce sport, c’est inégalable. Aucun autre sport offre cette proximité.
Il y a toutes ses traditions. Les pros qui arrivent un mois à l’avance… agissent comme s’ils n’avaient jamais quitté l’ile. La place est tellement paradisiaque que
Les différentes marques y organisent des partys. L’investissement y était facile parce que cela était vu comme l’unique évènement immanquable en triathlon. Nice devra s’imposer rapidement.
Pourquoi Nice, cela va le faire ?
Sur distance Ironman, on n’a jamais eu de course aussi dense avec un parcours vélo aussi dur. Des athlètes comme Patrick Lange (double champion du monde) ne sont même pas considérés pour la gagne.
On sait déjà qu’il y aura des athlètes qui prendront énormément de risque dans les deux premières heures du vélo (là où la majorité des ascensions sont faites). Les écarts seront conséquents et les athlètes ne pourront pas juste suivre le train et pratiquer la course à l’usure habituelle.
S’il y a des prédictions qui circulent, elles sont avant tout influencées par des cotes d’amour et non notre compréhension des profils des athlètes. Dans les faits, pour plusieurs athlètes phares, on les a jamais vus sur des parcours comme celui de Nice.
La théorie que les Français feront très bien parce que culturellement, beaucoup s’entrainent déjà dans les montagnes est probablement bien fondés. Et pour les autres ? On est dans l’incertitude totale, un Lionel Sanders aura très probablement beaucoup de difficulté dans les descentes…
Tout cela pour dire qu’avec ce parcours, on peut s’attendre à énormément de rebondissement. Un athlète qui explose totalement sous la chaleur dans une montée, des chutes dans les descentes, des pertes de temps importantes par manque d’aptitudes dans les descentes…
Les scénarios sont tous simplement infinis. Cela va totalement nous changer de la PTO où il ne se passe pas grand-chose.
Si le spectacle est là, Nice marquera rapidement l’imaginaire et prendra la voie rapide pour devenir un mythe. Vu son parcours, on ne voit pas comment cela peut en être autrement.