La Chronique de Xa’ > L’atout maitre, L’atout coeur – Iroman WC Nice / Sam Laidlow gagnant

C’est vrai, au début de l’année, l’annonce de ces championnats du Monde à Nice en septembre m’avait grave saoulé… Quelques raisonnements de vieux con et mon côté routinier sans doute… Peut-être aussi la tendance que nous avons tous, nous les anciens, à se vouloir les gardiens du temple… Le tri, c’est comme ça et pas autrement : Les vraies courses d’homme, c’est sans drafting / Un départ de tri, c’est un mass start… Les mondes Ironman… C’est à Hawaii.. Etc…

Bref, au fil des mois, mon avis a lentement évolué pour se faire moins tranché et c’est avec beaucoup d’excitation que je me suis posé ce matin devant mon ordinateur, prêt, moi aussi, à en découdre pendant environ huit heures…

Cette année, j’ai quelques atouts dans ma poche… Le contingent français est nombreux et de qualité avec des profils bien différents qui me garantissent, presque quoi qu’il arrive, « d’être à l’avant la course » à tout moment ! Que la partie commence ! Comme prévu, la natation est rapide, mais permet à deux de mes cartes maitresses d’avoir un début de course serein… Chevrot et Laidlow sont aux avant-postes et Denis nous fait même une T1, speedy Gonzales pour sortir quasi en tête du parc… De son côté, Sam prend le temps, semble-t-il, d’un café pour se décider à partir en bike et me met un peu furax sur le coup, car j’imagine qu’il a raté l’occasion de profiter de ce premier wagon où quelques costauds sont présents…

Une poignée de kilomètres plus loin, le grand Sam me fait mentir et commence, en compagnie de Clément Mignon un joli travail de sape qui va écrémer peu à peu tout le monde. En haut du col de l’Ecre, sous l’impulsion de notre duo blanc blanc rouge, les cartes sont redistribuées et on y voit déjà plus clair. Denis n’est pas dans un bon jour et ne va pas tarder à mettre la flêche. Ca me contrarie beaucoup car Denis, c’est toujours ma carte Joker sur les marathons… Mais pas le temps de s’apitoyer, d’autant que tout se passe plutôt bien par ailleurs : Sam et Clément voltigent toujours à l’avant… Même si Rudy et Magnus sont solides et restent en embuscade, tout comme Bradley Weiss et Braden Currie… Cam Wurf, sans surprise, remonte, mais non loin de lui. Je vois passer en haut du col Léon qui a pris le temps au cours de la montée de saluer la caméra… Tout à l’air d’aller bien. Son pote Arnaud Guilloux est juste derrière et doit kiffer de rouler avec Frodo et compagnie… Seul Arthur Horseau me semble un peu loin même si un coup d’oeil à son pacing permet d’être malgré tout serein… Je garde cette carte-là dans ma manche pour l’instant avec la conviction qu’elle me servira plus tard… Rémi Conte est loin, mais je me dis que lui aussi à son plan de marche et veux surtout ne pas exploser pour son premier championnat du Monde…

Après un peu plus de 3h de course, Sam continue son entreprise de démolition… Et, sans pitié pour Clément, qui lui a gentiment servi de pacer dans la bosse, il fausse compagnie au vainqueur de l’épreuve de Juin. C’est parti pour un long, très long cavalier seul… Aujourd’hui, c’est l’atout maître côté français… Décisif, pas encore, mais le bougre laisse tout de même une sacrée impression à l’écran…

Clément accuse le coup et voit revenir sur lui les gros bras… Léon remonte avec une régularité de métronome. Bradley Weiss et Braden Currie se font pénaliser… Currie pour « Littering » (jet de déchets) et Weiss pour drafting… À mon avis sur Von Berg et… pas volé de ce que j’ai pu voir à l’écran… Par contre, derrière, je fulmine au peu en voyant le groupe Frodeno respecter allègrement un bon… quatre mètres de distance entre les bikes et ça me rend dingue, surtout avec Patrick Lange bien au chaud dans le groupe… J’avais appris un dicton à l’époque « suivant que vous soyez puissants ou misérables… etc… » Bref, aucun carton à l’horizon… La fin du bike ne fait que renforcer la tendance.

Sam creuse irrémédiablement, il est une socquette au-dessus en bike, c’est clair. Magnus et Rudy limitent la casse à distance, Wurf n’arrive pas vraiment à combler et Léon remonte, remonte… Et sert même de bon point d’appuis à Clément sur la fin du bike pour permettre à notre petit frenchis au look de D’Artagnan, de se refaire un peu la cerise avant de poser à T2. Derrière, l’essaim d’abeille « Frodo / Lange pose pas vraiment au contact, mais juste à deux minutes de Léon et Clément… Grrrr….

Dès T2, en voyant l’allure de Sam, je devine que le mec est sur un nuage… Il ne fait pas du tout tapis, il gère en étant devant… Ouffissime !

Derrière, Rudy semble bien courir, mais est plus heurté tandis que Ditlev complètement en travers et bloqué du haut, semble ne pas avancer… Ses splits me disent le contraire… Bref, un Héron, ce n’est pas bien beau, mais bon sang, c’est efficace et ça a des jambes qui n’en finissent plus… Le Danois réussi à lâcher le plus Français des Américains pour lui interdire le podium, mais ne peut rien face à Lange qui le double comme un cadet au 35ᵉ km. Attention, j’aime bien Lange et son palmarès parle pour lui, mais franchement, sur cette course, je trouve que cela aurait largement pu être plus propre en bike… Bref ! Léon continue son plan de course comme le brillant étudiant qu’il a été il n’y a pas si longtemps et arrache le top cinq. Grégory Barnaby va réussir l’exploit de tenir presque un semi avec le Lange… Juste le temps de me faire transpirer, de revenir à quelques secondes de Léon, puis de souffrir un peu sur la fin de parcours : huitième et devancé in extremis par Weiss qui, lui, se sera tapé ses cinq minutes en prison…Y a une justice ! Au jeu des chaises musicales, Clément Mignon coince un peu à la mi-marathon, mais la France ne perd pas au change avec le retour d’Arthur Horseau : 2h37 au marathon et Sixième pour son premier championnat du monde… Ce n’est pas une quinte Flush, mais pas loin ! Bravo Arthur, tu as fait honneur à ton statut de « Dark Horse ». Pour le Top dix il nous reste Robert Wilkownieck neuvième, aussi discret que son nom est imprononçable, mais solide toute la journée.

Douzième, Arnaud Guilloux n’est pas loin de ce fameux top dix qu’il convoitait sans doute. Le grand Breton était en position d’y parvenir, mais la deuxième moitié du marathon a été un peu plus difficile. Next time Arnaud, à Hawaii… Ça aura encore plus de gueule !

Remi Conte, très régulier, aura remonté patiemment toute la journée et emmagasiné de l’expérience à gogo. Il termine finalement à une magnifique dix-huitième place dans une édition où j’ai eu l’impression, de chez moi, que c’est allé très très vite à tous les étages de la course…

Je me suis régalé, merci à tous et petit big up à Frodeno quand même pour sa dernière. Ciao Maestro, comme pas mal de monde, je t’avais rêvé encore plus beau pour ce dernier tour d’honneur, mais ça n’enlève rien à tout le reste…

L’énorme big up évidemment pour Sam dont les larmes à l’arrivée m’auront aussi mouillé les yeux…

Atout maître… atout cœur Sam ! 

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