Parce que vous êtes un auditeur fidèle du Tri’Chaud, vous avez surement réalisé qu’il y a des débats et polémiques très récurrents et où chacun à sa propre interprétation sur l’application des règles.
Ce qui est certain, c’est qu’il y a actuellement une forme de clientélisme. L’écho qu’aura l’application d’une règle est amplifié en fonction du statut de l’athlète et de notre cote d’amour pour celui-là. On est dans le dicton, j’aime cet athlète alors, il n’a rien fait de mal et vice versa.
Quelques faits…
Une championne du monde Ironman qui utilise en course une wetsuit interdite pendant plus d’une saison et qui a très probablement jamais redonné les bourses gagnées.
Des athlètes pros qui sont suivis par leur coach sur les parcours. (totalement interdit)
Sam Long qui se fait pénaliser de 5 min lors des championnats du monde Ironman 70.3 2022 alors qu’il tente de dépasser. Favori de la foule, enfin surtout aux USA, l’opinion publique se dit forcément qu’il y a une injustice. L’athlète crie à l’injustice et exerce une sorte de pression.
Justine Mathieux est disqualifiée lors d’Ironman Afrique du Sud. L’arbitre et l’athlète ne se seraient pas clairement compris. Justine pensant être seulement avertie, aucun carton n’aurait été sorti. Même si elle effectue une pénalité de 5 minutes pour un dépassement trop long, en passant la ligne d’arrivée, on lui dit finalement qu’elle est disqualifiée parce qu’elle n’a pas effectué sa pénalité à temps.
Arthur Horseau perd sa qualification pour Nice parce qu’il est en retard au briefing Ironman. Quelques mois plus tard, Ironman fini par le repêcher.
Matt Sharp est disqualifié a Ironman 70.3 Maine parce qu’il passe la ligne d’arrivée avec son maillot ouvert. Règle qui est très rarement appliquée et qui a changé à plusieurs reprises et qui vient pénaliser un athlète qui essaye de survivre avec ses gains.
Jan Frodeno qui a le droit à une aide extérieure en donnant sa wetsuit à un membre de l’organisation PTO. Sachant que la journée d’après une pro est pénalisée parce qu’une partie de son équipement est sorti de la boite en transition.
Kristian Blummenfelt qui perd accidentellement un bidon en entrant dans la zone de transition. Sur circuit Ironman, le « littering accidentel » est pénalisé par 30s. Venant de WTCS, le norvégien sait très bien qu’il est totalement impossible de laisser une partie de son matériel sur le parcours.
Des distances de drafting évolutives en fonction de la pente du parcours ou de la technicité. Lors des passages en transition. Il est évoqué que les athlètes ne seraient plus soumis au 20m. Dans les montées, les athlètes considèrent aussi que le drafting n’a plus d’impact et par ce fait, ils ne doivent plus respect la fameuse distance.
Lionel Sanders est disqualifié pour avoir franchi une ligne virtuelle lors des derniers championnats du monde. Le canadien rend tout cela très publique et vient même menacer Ironman de boycottage dans le futur.
Les cas sont tellement nombreux qu’on ne comprend toujours pas pourquoi le sport triple reste dans cette situation et que rien n’est fait pour protéger son intégrité.
On ne devrait jamais avoir de doute sur un résultat final ou sur le traitement d’un athlète en fonction de son statut. À Kona, j’ai souvent eu le sentiment que les sanctions étaient données en fonction du nom et de la réputation.
Et alors?
Nous sommes dans une position très étrange parce que les différentes organisations sont en concurrence. Elles ne veulent pas déplaire aux stars. La disqualification de Jan Frodeno est probablement impossible parce que la PTO a grandement besoin de lui pour vendre son produit.
De plus, elle est consciente du capital sympathie du champion allemand et aussi du fait que la grande majorité des fans ne connaissent pas les règles.
Depuis que PTO a introduit le système « Race Ranger » soit un module capable de mesurer les distances entre les athlètes, on cherche encore si la nouvelle organisation a depuis affligé des pénalités. Là où cela est très compliqué, c’est qu’on a pu observer des infractions à l’écran. Ce système
Et c’est d’ailleurs ce point qui est devenu l’une de nos plus grandes frustrations. Dans notre jugement sur un évènement, il y a toujours cet aspect récurent, est-ce que les règles ont été appliquées ?
Alors, c’est quoi le problème ?
En fait, il est très simple. Chaque organisation a ses propres règles qui dépendent généralement et en premier de la fédération hôte, puisque c’est elle qui fournit les arbitres, puis des intérets de l’organisation. Exemple, distance de drafting raccourcie en Ironman parce que c’est logistiquement impossible d’y faire autrement.
Malheureusement, avec toutes ses variations dans les règles, et des arbitres avec des niveaux d’applications dans les règles très différents, cela fait en sorte que les triathlètes sont perdus dans les règles et que cela ne les encourage pas à les savoir totalement.
Ce changement pourra s’effectuer uniquement si les infractions SONT TOUJOURS effectuées et même de manières rétroactives.
Si l’on prend le fameux cas du maillot ouvert de Matt Sharp, le problème, c’est qu’il y a eu des cas avant et après qui n’ont pas été sanctionnés. On pourrait donc dire qu’il y a eu un acharnement sur le canadien.
Autre fait non négligeable, tous les arbitres n’ont pas le même niveau d’expérience… à nouveau, cela vient créer une variation dans l’application et l’interprétation des règles.
Mais dans les faits, dès lors qu’une infraction est sur image, elle devrait toujours être sanctionnée. C’est le cas dans d’autres sports, la VAR en foot avec plus ou moins de réussite, en golf, on a déjà vu un pro perdre un tournoi du Grand Chelem parce que des téléspectateurs avaient rapporté aux arbitres que le joueur avait touchés le sol avec son club dans un endroit interdit.
Un modèle en soi?
World Triathlon avec la WTCS utilise déjà la vidéo comme preuve pour les infractions, elle inflige des pénalités pour des comportements anti-sportif dans l’eau. Sans preuve vidéo, on peut douter que les athlètes rejetteraient toutes responsabilités. À l’image de l’athlétisme, il y a fréquemment des réclamations après course qui sont justement appuyées sur la vidéo.
Et les infractions non filmées ?
Malheureusement, elles sont secondaires. Pour arrêter tout ce débat et ne pas être dans la subjectivité dans l’application des règles, les sanctions devraient toujours être appliquées si les images confirment.
Conclusion. La règle, c’est la règle…
En acceptant les preuves vidéos, cela changera le comportement des athlètes et cela les forcera à connaitre parfaitement toutes les règles.