À chaque année, les vétérants de ce sport souhaiteraient relancer ce fameux débat, un titre de champion du monde devrait se jouer sur une course et non sur un classement mondial. Derrière cette logique, il y a le « pic » de performance qui est surtout pour l’ultime course, et aussi le fait qu’avec une course d’un jour, il y a forcément une part d’incertitude.
Regardons les résultats finaux, tout comme l’année dernière (Léo Bergère), le gagnant de l’épreuve finale (Dorian Coninx), s’est vu remporté le titre. On doit féliciter l’équipe de World Triathlon parce que sans résultat significatif lors de la Grande finale (1250 pts), il est tout simplement impossible de gagner le titre mondial. Cela est encore plus vrai avec seulement 4 résultats comptabilisés avant la GF.
Ce que veut World Triathlon, c’est justement une course finale avec un bouquet final. La grande leçon espagnole, enfin les deux grands points sont les suivants :
- L’impact de la présence de certains athlètes, Van Riel chez les hommes (retour après blessure), Kingma (retour progressif après une situation assez compliqué avec sa fédération) chez les femmes, et on se retrouve tout de suite avec des athlètes capables de prendre des relais nettement plus poussées. Il y a alors même une peur de se faire décrocher dans le groupe de tête et cela encourage une meilleure entente.
- L’impact des athlètes en arrière ? la présence de Gwen Jorgensen fait en sorte que les tenors, Beaugrand, Potter, Coldwell, Lehair… se doivent de rouler pour s’assurer de la tenir à distance parce que oui, sans un vélo dynamique, l’américaine aurait surement été très proche de jouer la gagne. Chez les hommes, il y a enfin cette prise de conscience que Yee et Wilde n’ont toujours pas la présence des frères Brownlee qui étaient les plus forts dans les 3 disciplines.
- Le danger Allemand est de plus en plus réel. Lisa Tertsch, sans sa pénalité, est pratiquement aussi rapide que Beth Potter en course à pied. Le bilan germanique, élite et U23 (champion du monde U23 homme et femme avecSimon Henseilt, Selina Klamt) est très impressionnant, surtout qu’on parle d’une génération en émergence. Plus que jamais, le triathlon est en train de devenir un sport de grandes nations. Cela est très logique puisqu’avec la France et la Grande-Bretagne, ce sont les pays avec les plus grands bassins de jeunes athlètes.
- La natation avec 65 athlètes et non 55, cela change beaucoup de choses, sans la capacité de se placer en avant sur la première bouée, il devient alors très difficile de naviguer sans en comble.
- Un sport d’équipe ? Lorsque le projet est clair, on peut voir des collaborations entre plusieurs athlètes. Pontovedra aura un impact certain sur la saison 2024 parce que contrairement au début de saison, où beaucoup s’avouaient déjà battus face à Yee et Wilde, tout est différent maintenant.
ET SURTOUT!!!!! On a enfin eu un vrai parcours pour faire la différence avec un plateau complet. Ce qui est incroyablement triste, c’est que l’on doit attendre la dernière course de la WTCS pour cela.
Si Sunderland était aussi interessant (absence de Yee) et offrait aux athlètes des opportunités de faire la différence à vélo, clairement, ce week-end, on a eu des athlètes qui en voyant le parcours vélo, savaient que les échappés pouvaient enfin tenir leur avance, où faire payer en effort ceux en arrière.
Bon, je dois dire quelque chose de gentil sur la FFtri. Évidemment que le bilan est incroyable chez les hommes et aussi chez les femmes.
Maintenant, il ne faut pas oublier que l’on revient de très très loin, puisque qu’avant 2017, on se retrouve tout simplement avec aucune représentante tricolore en Grande Finale. La FFtri a désormais une équipe très prometteuse avec une Emma Lombardi qui monte déjà sur le podium au général face à des adversaires qui sont généralement plus âgées (33 ans Potter). Maintenant, la non-présence de femme française en U23 est aussi inquiétante. Il y a un risque d’avoir des trous entre les générations et que cela soit très difficile pour la relève tant que l’EDF actuelle est forte.
Il ne fait aucun doute pour nous que Cassandre Beaugrand voulait le titre et n’aime pas Beth Potter se construire une confiance « bulletproof ». On peut déjà émettre des hypothèses, courir un 10km après un vélo appuyé versus un 10km après un vélo d’attente. Ce qu’on sait pour le moment, c’est que Potter peut gagner avec tous les scénarios sur la table. On est au même niveau que Gwen Jorgensen avant Rio, où l’américaine était tout simplement imbattable.