Ce week-end aura lieu la grande finale de la WTCS. Le temps passe vite, voire très vite, on a presque cette impression que la saison vient tout juste de débuter et que l’on commence enfin à distinguer les protagonistes.
Si le titre de champion du monde est bien attribué à partir d’un classement, outre cet exercice, les étapes permettent surtout de se construire une légende. Comment la concurrence vous catalogue. Il existe plusieurs classes, les athlètes intouchables qui sont garantis de monter sur le podium (1ere ordre), on pense tout de suite à Flora Duffy, Gwen Jorgesen ou encore Johny Brownlee de la belle époque. Avec ce statut, leurs adversaires partent mentalement déjà perdant. Dans le processus olympique, ceci n’est pas un détail.
Il existe aussi une autre classe où l’athlète est vu comme intouchables avec une condition (2e ordre), s’il est capable de rentrer en T2 sans retard. Dans cette catégorie, on pense tout de suite à Cassandre Beaugrand, Beth Potter, Alex Yee et Hayden Wilde. Vous pouvez y ajouter un athlète comme Kristian Blummenfelt en 2021.
Afin que cette catégorie (2e ordre) ne passe pas à la 1ʳᵉ classe, il existe une sorte de résistance. Plus que valeureuse, on y trouvera comme tête dirigeante un athlète comme Léo Bergère.
Et alors ?
Si l’on regarde dans le rétroviseur 2023, on est très étonné par le nombre de courses où il n’y a pas eu cette fameuse sélection dans l’eau et où il est impossible de revenir à vélo. S’il y a probablement une question de terrain de jeux avec des parcours vélos ne permettant pas aux meilleurs cyclistes de s’exprimer (exception Sunderland), on a surtout vu une certaine désorganisation dans les forces de la rébellion. Les intérets personnels pas assez convaincants pour les intérets communs.
Exemple.
Si l’on prend Hayden Wilde, il ne s’est jamais pointé avec du retard en T2. Est-ce qu’il est tout simplement devenu un meilleur nageur? Prenons le cas du Test Event à Paris, le néo-zélandais sort avec un retard de plus d’une minute sur Mark Devay. Il n’y a pas si longtemps, on considérait qu’un athlète était éliminé s’il sortait avec plus de 30s.
En 2023, année de transition, on a accepté des retours de l’arrière parce qu’il est considéré que les meilleurs cyclistes se retrouvent justement en arrière et sont capable de s’entendre pour revenir. Dans l’aspect psychologique, les meilleurs nageurs ne poursuivent pas leurs efforts lorsqu’ils passent à deux roues.
2023, la grande année des absences…
C’est probablement le point le plus important, l’absence de Vincent Luis sur le circuit (1 seule course terminée Abu Dhabi) a très probablement eu un immense impact sur le circuit. Enfin, on en est même certain. Il y a eu de la désorganisation devant. Si Léo Bergère a refusé le statu quo a plusieurs reprises comme à Sunderland, le combat est tout simplement inégal.
Chez les femmes, c’est surtout l’absence de Flora Duffy qui fausse la donne. Le circuit est amputé de celle qui dicte les rythmes de courses. Si Taylor Knibb était l’élue pour reprendre sa place, ses multimandats (TT USA, PTO, 70.3WC) font en sorte qu’elle n’a pas eu le temps de s’installer. Elle a aussi affiché certaines lacunes d’un point de vue technique. Et elle a plutôt créé un climat de méfiance avec ses alliées d’échappée qui annule toute tentative de synergie.
À la liste, on a peut aussi y ajouter Georgia Taylor-Brown. Autre athlète qui est absente depuis Montréal et qui n’a pas été en mesure de retrouver son trône d’athlète sans faille. Même si la britannique à tout de même gagné Calgiari, dans un schéma plus habituel, où Cassandre Beaugrand (4e) et Beth Potter (6e) seront justement mises en difficulté après une natation handicapante sur les meilleurs.
Et alors?
Tout ca pour dire qu’on va se répéter comme à toutes les années. Si la WTCS force la présence des meilleurs à toutes ses courses, enfin ceci est la promesse. Cela n’est tout simplement pas toujours le cas. Plus que jamais avec les enjeux de sélection pour les Jeux olympiques, on a eu une multitude de variations dans les calendriers.
À nouveau, on peut regretter que World Triathlon ne soit toujours pas en mesure de mieux équilibrer son calendrier.
Outre les absences, on a aussi une multitude d’occasions manquées. La crevaison (Abu Dhabi) ou la chute d’Hayden Wilde (Paris), nous a privé d’un duel entre Wilde et Yee. On a aussi une autre frustration, le sentiment que les Français peuvent faire beaucoup mieux s’ils sont en mesure de recréer cette fameuse sélection avec la T2.
Alors oui, cette saison est incroyablement frustrante parce qu’il est très difficile d’en tirer beaucoup de leçons. Le nouveau statut de Cassandre Beaugrand et de Beth Potter ne pourra être validé qu’avec la présence de Taylor Knibb, de Flora Duffy et même des Allemandes.
Et toujours…
Cette fameuse dépendance pour les Jeux olympiques qui fait en sorte de placer le titre mondial en second ordre des priorités. À titre d’exemple, Taylor Knibb a tout simplement décidé de faire l’impasse de la Grande Finale pour tout simplement tenter hypothétiquement Kona.
Avant de jouer un classement mondial, les athlètes voulaient surtout se présenter dans les meilleures conditions possibles pour le test event. Et le cas échant, pour la Grande Finale. Cela fait en sorte qu’il fallait des choix… D’ailleurs, tout cela ne devrait pas s’arranger avec les circuits concurrents (PTO, Superleague) qui viennent ringardiser les bonus monétaires de la WTCS.
Mais ce week-end…
Effectivement, dans cette course, les athlètes présents n’auront aucune excuse pour se présenter avec le meilleur niveau. On devrait donc se munir de plus d’éléments d’analyses pour le futur. Maintenant, on notera que le parcours sera plus demandant que la norme habituelle WTCS. Cela modifiera aussi nos perceptions.
N’oublions pas le retour actuel de Gwen Jorgensen, Katie Zaferes et probablement de Vicky Holland qui pourraient militer pour le retour de l’ancien ordre.