Avec l’arrivée de la série mondiale de longue distance (T100), la mise sous contrat des étoiles de la discipline, les bourses élevées et l’appui du World Triathlon, il était peu probable qu’Ironman puisse maintenir sa superbe forme.
Cependant, tout semble déjà se diriger vers un scénario inattendu. Quelques stars ont su tenir et refuser l’offre de PTO (organisateur de T100), et si beaucoup ont signé l’entente, leur objectif reste avant tout Kona, ce qui agit pour que leur calendrier est modelé en fonction du championnat du monde Ironman. À titre d’exemple, on ne vera que 8 femmes sur les 20 signées lors de PTO Singapoure.
Face à l’offensive de la PTO, Ironman s’est vu forcé de riposter et à tout simplement créer l’Ironman Pro séries. Le principe est assez simple, au lieu de continuer la dilution de notre sport avec un trop d’épreuves en simultané, le calendrier se compose désormais de 18 épreuves et d’un championnat du monde 70.3 et Ironman. Contrairement à la PTO qui se limite à 20 athlètes et quelques invités privilégiés établi sur leur classement mondial, l’organisation américaine permet l’accès à ses épreuves à tous les athlètes avec une licence pro, soit 1000 individus !
À l’instar de la PTO, la série Ironman Pro suscite un bonus établi sur le classement final.
Un athlète qui gagne une course Ironman Pro Series gagnera le maximum de points pour cette distance : 5 000 points pour un Ironman complet et 2 500 points pour un 70.3. Gagner le championnat du monde Ironman rapporte 6 000 points et le championnat du monde 70,3 3 000 points. Les finissants restants gagneront des points en fonction de leur déficit de temps à la première place – en d’autres termes, chaque seconde derrière le temps de victoire est un point déduit.
Les bonus de fin d’année iront aux 10 meilleurs athlètes, qui ont le total de points cumulés le plus élevé parmi leurs cinq meilleurs résultats. Si vous êtes aussi doué que moi en mathématique, vous avez vite compris que ce système va surtout privilégier les spécialistes Ironman et non ceux de la distance moyenne (70.3 / PTO).
Dans notre cas, et par nature, on était plutôt perplexe face à cette proposition, pourtant, cela a tourné totalement et semble être déjà victime de son succès.
Ironman 70.3 Oceanside, premiere course de cette série fait le plein, on y retrouve des têtes d’affiche comme Lionel Sanders, Sam Long, Patrick Lange, Jackson Laundry, Joe Skipper, Paula Findlay et même Taylor Knibb. Ce dernier nom est d’autant plus étonnant qu’elle est qualifiée pour les JOs et qu’elle fait l’impasse sur les deux premières courses PTO alors qu’elle a bien signé son contrat avec eux.
On a réellement cru que les athlètes signés serait ainsi pratiquement exclusif à la T100. On avait évidemment tout faux.
Le succès est tel que pour Ironman Texas, si les inscriptions pour les pros étaient ouvertes jusqu’au 4 avril, face aux nombres d’inscrits, Ironman a tout simplement décidé de fermer prématurément les inscriptions. Les avocats avaient bien calculé leur cout puisqu’il existe effectivement une clause donnant à Ironman ce droit.
Notre boule de cristal semble indiquée qu’Ironman a arrêté à 100 inscriptions le nombre de pros.
Que faut-il comprendre à tout cela ?
Sujet qui a déjà été débattu dans le trichaud. Le statut du pro est très atypique. En signant avec la PTO, il est devenu un employé de cette organisation, mais il a toujours le droit à son autonomie. Ironiquement, il souhaite continuer à travailler pour la concurrence, en le privilégiant et en ignorant l’immobilisme d’Ironman pour améliorer le sort des pros.
Alors, finalement, on peut se dire que l’argent n’achète pas tout, il y a une dimension historique dans notre sport, Kona reste le plus grand symbole de la longue distance. Cela va prendre une décennie pour PTO afin d’accumuler de vrais moments sportifs significatifs pour obtenir cette fameuse reconnaissance et pertinence. Pour le moment, la PTO cela reste des épreuves qui tentent d’avoir les meilleurs starting-lists.
Le second point est que le nombre de « célébrités » dépasse le nombre d’athlètes sous contrat, qu’avec ses plateaux restreints, PTO se privent de plusieurs trames narratives comme les nouveaux athlètes émergents. Si l’on regarde en arrière, en 2023, on a vu plusieurs athlètes émergés sans passé glorieux en WTCS.
Est-ce que Ironman est désormais le circuit de développement pour la PTO, par nature, c’est obligé, mais cela veut aussi dire que les athlètes doivent forcément passer par là. Et, tant qu’Ironman aura Kona, ils ont toutes les cartes en mains.