Ce week-end avait lieu la première édition de la coupe du monde de Liévin. Si cette course avait déjà eu lieu dans le passé (coupe d’Europe), cette fois-ci, la formule « indoor » a pu être testé avec un niveau nettement plus dense et compétitif.
Comment ça marche ?
Une natation dans un bassin de 25 m où il faut nager 150 m et qui a eu tendance à redistribuer les cartes parce que franchement les meilleurs nageurs en eau libre ne sont pas forcément devant cette configuration.
Une partie vélo avec 15 tours à vélo sur une piste de 200 m d’athlétisme avec virage incliné. Seuls trois couloirs étaient dédiés, forcément, cette configuration rend plus difficile l’organisation des relais. Aussi, l’aspect virage est limitant sans quoi il y a un risque d’une perte d’adhérence. Plus on avançait dans les rondes, plus il était impossible de faire la différence à deux roues. Après, l’importance restait dans le positionnement.
Puis la course à pied, soit 1 km. Avec cette configuration intérieure, c’était forcément la discipline la plus spectaculaire avec des retours impressionnants de l’arrière. À nouveau, les 2 couloirs dédiés ne semblaient pas suffisants, cela a joué des coudes et surtout, l’accès vers la ligne d’arrivée étant trop abrupte, impossible de le passer à plusieurs à pleine vitesse. Vous me direz, il fallait juste être le premier alors, effectivement.
Il en demeure que cela reste l’aspect indoor, un manque d’espace afin de vraiment pouvoir s’exprimer.
Est-ce que le spectacle était là, complètement, d’ailleurs, il était très difficile de ne pas penser au Arena Games de la superleague. Mais, aussi, au triathlon de Bordeaux, pourquoi il a fallu autant de temps pour répéter cette expérience ?
Trop de négativisme?
Absolument pas, c’est tout le contraire ! Comment ne pas se réjouir du retour d’une coupe du monde en France, cela fait tellement longtemps, plus de 15 ans ? Il est d’ailleurs très français de faire un retour avec une formule si différente.
Franchement, l’organisation ne s’est pas limité au marasme de World Triathlon qui applique sans cesse un protocole si fatigué. Liévin a voulu mettre le paquet en version show et lumière. Personnellement, j’avais même un certain inconfort avec toutes ses animations. J’ai probablement une vision trop pure du sport où il ne faut pas forcer les choses. C’est le public qui doit créer les ambiances et non se les faire imposer. Mais, comme je l’ai déjà dit, il est si rare de voir de la nouveauté dans le triathlon que je ne peux pas m’y opposer et je suis certain que cela fut magique pour les plus jeunes.
Aussi, fait très important, Liévin nous a démontré, qu’est-ce qu’un évènement qui est vraiment souhaité et soutenu par une communauté entière. Cela nous change de ses WTCS achetées et vues comme une nuisance pour les locaux.
Maintenant, revenons sur le sportif.
Plusieurs acteurs aux niveaux des fédérations m’ont exprimé un certain inconfort sur le nombre de points attribués sur cette course. Si la course n’offrait aucun point pour le classement olympique, elle permettait tout de même d’améliorer son sort pour avoir accès au WTCS. Une petite pensée pour ceux qui ont fait le couteux voyage à Hong Kong et qui sont désormais malades, étant victime de l’eau de la baie.
Carton rouge aussi à World triathlon, s’il y a eu des vagues de qualifications pour les femmes, elles n’ont servi à rien parce que toutes les athlètes sont obligatoirement passés à la phase de semi-finales. WT s’est entêté à suivre le même processus de qualification que les hommes, sachant qu’ils étaient deux fois plus nombreux que leurs homologues féminines.
On ne pouvait pas non plus laisser passe cela, la FFtri est mondialement reconnue pour ne pas utiliser ses dossards et rendre très difficile l’accès aux courses World Triathlon. Pour Liévin, ce fut totalement différent et fort heureusement, et à la vue des performances de certains, on va continuer à militer pour que ces athlètes soient libres d’accéder au niveau supérieur s’ils ont le classement nécessaire.
Sportivement ? C’est réellement une course à l’exécution où la simple incertitude en T1/T2 était pratiquement éliminatoire. Les distances sont tellement courtes qu’il est difficile d’en tirer des indications pour le reste de la saison.
Maintenant, la grande force de ce format, c’est surtout sa manière de présenter le triathlon à une communauté. Pouvoir ne rien manquer d’une course est unique. Doit-on s’en inspirer pour mieux vendre le triathlon? Peut-être bien, mais on a aussi vu les mêmes défauts que lors de PTO. Une production qui ne connait pas assez le triathlon, où l’on suis uniquement les premiers. L’exemple flagrant était avec Gwen Jorgensen. C’était la plus grande attraction, championne olympique, la plus forte coureuse à pied, il fallait toujours être en mesure de la situer dans la course, de montrer son plus que probable retour sur la partie terreste. En contrepartie, nous n’avons absolument rien manqué de Vincent Luis.
Autre carton, les interviews sur Triathlonlive, plus que chauvin et avec cette obsession de faire du bien des athlètes sur la course. Pourquoi autant d’insécurité ? C’était évident que l’évènement était une réussite totale! World Triathlon n’étant non plus pas satisfaite, elle a décidé de refaire toutes les entrevues des athlètes médaillés pour leur faire parler de la course, logique.
C’est nécessaire cette attaque ? Faut bien s’autocritiquer pour progresser, non, mais si tu n’es pas français, exemple, norvégien, comment tu réagis si tes athlètes se font zapper?
Mot final.
Félicitations à toute l’équipe de Liévin, à nouveau, et c’est probablement le plus grand compliment qu’on peut leur faire, ils ont totalement ridiculisé tous les efforts de Superleague avec leur formule indoor. Gwen Jorgensen a d’ailleurs mentionné que ce format devrait être plus fréquent. Est-ce que cela sera le cas, chose certaine, cela sera pratiquement difficile que de faire mieux que Liévin.